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Lirola, en Pol position

Par Adrien Hémard
Lirola, en Pol position

Arrivé dans un quasi-anonymat au mercato d’hiver, Pol Lirola rayonne depuis la prise de pouvoir de Jorge Sampaoli sur le banc de l’OM. Repositionné piston droit dans le 3-5-2 de l’Argentin, l’Espagnol n’en finit plus de régaler. Et a déjà convaincu Pablo Longoria de lever son option d’achat.

« La mer me manque. » En 2016, dans une interview à la Gazzetta dello Sport, Pol Lirola étalait son spleen. Expatrié depuis un an dans la Botte, l’Espagnol, prêté par la Juventus, découvrait la Serie A avec Sassuolo. Cinq ans plus tard, et après un passage mitigé à la Fiorentina, Pol Lirola a retrouvé la mer à Marseille, en janvier. Et comme par hasard : il s’éclate de nouveau sur le terrain. Prêté pour six mois à l’OM, le Catalan est un des hommes forts de la fin de saison marseillaise, ce que personne n’avait vu venir, à part Pablo Longoria, qui l’avait déjà attiré à la Juventus en 2015. « Il a des caractéristiques offensives, c’est ce qu’on cherchait. Il sera performant immédiatement et il a un grand avenir et du potentiel », prévenait lors de sa présentation celui qui n’était encore que directeur sportif de l’OM. Depuis, Longoria est devenu président, et Lirola lui a donné toutes les raisons de lever l’option d’achat fixée à 12 millions d’euros.

Un défenseur qui ne sait pas défendre

Pourtant, c’était loin d’être gagné. À son arrivée, le joueur formé à l’Espanyol débarque dans un collectif amorphe, « mené » par André Villas-Boas, et au cœur du conflit entre la direction et les supporters symbolisé par la prise de la Commanderie. « Être passé par la Juve et la Fiorentina, en étant espagnol avec la culture foot que ça implique, il a vite surmonté tout cela. Malgré le contexte, on a vite vu qu’il avait du caractère et des qualités, apprécie Éric Di Meco. Et de nos jours quand on voit un latéral qui fait un bon centre en Ligue 1, on fait la chenille hein, donc avec Lirola on a vite compris. » Et il n’y a pas que le contexte qui a compliqué ses débuts, comme le souligne une autre légende du club, Manuel Amoros : « Le schéma tactique de Villas-Boas avec une défense à quatre ne lui convenait absolument pas. » Car à l’image de l’ancien latéral droit de l’OM, tout le monde a vite compris que Pol Lirola n’est pas un grand défenseur : « Défensivement, il a pas mal de lacunes : il a du mal sur la couverture, il se situe mal par rapport aux autres, il est souvent pris dans le dos, il perd des duels… » À l’heure d’évoquer ses modèles, l’Espagnol – biberonné par Lichtsteiner à la Juventus – cite pourtant Philipp Lahm. Mais aussi, et surtout, Daniel Alves.

De nos jours, quand on voit un latéral qui fait un bon centre en Ligue 1, on fait la chenille hein, donc avec Lirola, on a vite compris.

Ce qui semble bien plus logique aux yeux de Rolland Courbis : « C’est un gars très, même un peu trop moyen derrière, mais très intéressant devant. Évidemment, avec trois arrières centraux, ses lacunes se voient moins. » Et effectivement, depuis l’arrivée de Jorge Sampaoli sur le banc et le passage en 3-5-2, Pol Lirola revit à l’OM. « Le 3-5-2, pour lui, c’est un régal, il a une liberté totale qui lui permet d’exprimer ses qualités offensives. On sentait que ça collerait avec Sampaoli, mais être aussi bon aussi rapidement avec un nouveau coach qui les bouge à l’entraînement, c’est costaud », note Di Meco. Avec un doublé et une passe décisive sur les deux derniers matchs contre Lorient et Reims, Lirola performe effectivement. Des statistiques à faire pâlir certains joueurs offensifs à la Commanderie. « Pour parler d’une éclosion, on va attendre : trois bons matchs et un doublé, ça ne suffit pas, même pour un défenseur. Thuram aussi a mis un doublé, mais ce n’est pas ça qui a fait sa carrière », plaisante Courbis, sous le charme, certes, mais qui demande à voir. Pour Manuel Amoros, c’est tout vu : « Il est techniquement très adroit, adresse de bons centres et s’entend bien avec Thauvin, donc ce rôle de piston droit lui va à merveille. On sent qu’il y a eu un gros travail aux entraînements. »

Élu meilleur latéral droit de l’histoire du club, Amoros sait de quoi il parle. Il ajoute : « Lirola, si on lui enlève les tâches défensives, il brille. Dans ce système à trois centraux, il est mieux couvert par Balerdi ou Perrin. Son entente avec le central qui assure ses arrières est cruciale. » Ce qui n’est pas une surprise selon Di Meco, qui voit dans « ce gamin espagnol » la parfaite illustration des récents propos du président Longoria sur l’individualisation de la formation en France : « Les joueurs espagnols ont un truc en plus : ils sont formés dans un moule collectif. Lirola, c’est ça : il n’est pas là pour faire le beau, tout ce qu’il fait, c’est dans le sens du jeu. »

Plus caliente que Sakai

Mais qu’en pense le principal intéressé ? Sans surprise, il est d’accord, comme il l’avouait après son doublé salvateur contre Lorient : « Je joue plus libre, je suis couvert derrière. C’est un système qui me favorise, je peux exploiter mes qualités offensives au maximum. » Un repositionnement qui lui sourit, mais qui profite aussi à Florian Thauvin, replacé dans le cœur du jeu grâce aux efforts répétés de Lirola dans le couloir droit : « Or Thauvin est bien plus utile à l’intérieur que collé à la ligne, il organise le jeu avec Payet. Pendant ce temps, Lirola avale le couloir et a la qualité de centre pour trouver Milik, ou pour frapper lui-même », développe Amoros. Une complicité confirmée par Lirola lui-même : « Depuis le premier match, je me suis très bien trouvé avec Thauvin. On s’entend très bien sur et en dehors des terrains. Il sait exactement comment et quand me donner le ballon. »

Lirola est indispensable à l’OM aujourd’hui. C’est sûr qu’il faut tout faire pour le garder. Avec Milik, ce sont les deux grosses priorités de l’OM.

Forcément, cette amitié naissante fait des dommages collatéraux. Dans cette histoire, le cocu se nomme Hiroki Sakai. Quand il a vu arriver sa doublure en janvier, le Japonais a certainement apprécié la perspective de pouvoir souffler un peu, enfin. Mais il ne devait pas s’attendre à perdre son statut d’indéboulonnable aussi vite. Le problème de Sakai, c’est que tout aussi combatif et irréprochable qu’il soit derrière, il n’apporte rien offensivement, souligne Amoros : « Ce sont deux styles complètement opposés : Sakai c’est un vrai défenseur, techniquement moins bon, qui voit moins le jeu, donc il se projette moins que Lirola, même s’il essaye. Mais il faut quand même un bon back up, et Sakai l’est. » Une rétrogradation dans les règles de l’art pour le Japonais, défendu par coach Courbis : « Il n’a pas sa place en piston droit, mais dans cette organisation, on peut le faire jouer arrière central droit, comme Azpilicueta à Chelsea. Parce que Sakai reste un bon défenseur, ce n’est pas un cadeau de l’avoir sur le dos pendant tout le match. Et il reste précieux, car il est très polyvalent. »

Autrement dit, si Jorge Sampaoli pérennise son 3-5-2, l’avenir de Pol Lirola à l’OM s’annonce radieux. À condition que celui-ci s’écrive bien sur le Vieux-Port, car là est tout le problème : l’Espagnol n’est prêté que jusque cet été, et son option d’achat à 12 millions d’euros reste un frein à cause des finances du club. « Quand on voit la pénurie de latéraux dans le foot de haut niveau, il n’y a pas trop à hésiter », tranche Di Meco. « À ce prix-là, avec une possible belle plus-value pour amortir tout ça plus tard, ce n’est pas une mauvaise affaire, bien au contraire », estime de son côté Courbis, qui pose toutefois une condition : prolonger Amavi pour avoir un joueur du même calibre dans l’autre couloir. Un avis partagé par Amoros : « Lirola est indispensable à l’OM aujourd’hui. C’est sûr qu’il faut tout faire pour le garder. Avec Milik, ce sont les deux grosses priorités de l’OM. Et si possible, Balerdi en plus. » En tout cas, après son doublé contre Lorient, le principal intéressé a été plus clair que le buteur polonais sur ses intentions : « Mon envie ? Rester ici ! C’est le club parfait pour moi. Je me sens très bien ici, je ne suis qu’à 4 heures de route de la maison, Barcelone.(Rires.) » Pas sûr que ce soit un argument pour convaincre Pablo Longoria, depuis que son petit protégé s’y est fait arrêter lors d’une fête clandestine en mars. Mais des arguments, l’Espagnol en montre suffisamment sur le terrain.

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Par Adrien Hémard

Tous propos recueillis par AH, sauf ceux de Pol Lirola.

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