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Lille, les pots cassés
Si le RC Lens fête son retour en Ligue 1, le LOSC, de son côté, devra se contenter de sa quatrième place et de la Ligue Europa la saison prochaine. Évidemment, les dirigeants nordistes s'estiment lésés, mais la vérité est que les Lillois paient ici une première partie de saison compliquée, et notamment deux défaites chez les deux relégués. La C3 se présente alors comme un joli lot de consolation.
Gens qui rient, gens qui pleurent. Gens qui courent, gens qui crient. Drôle de jeudi sur la planète Ligue 1 qui, heureusement, s’est bouclé par un tour de sagesse du président de Montpellier, Laurent Nicollin, interrogé sur La Chaîne L’Équipe : « Il n’y a pas une décision juste ou injuste. À partir du moment où il n’y a pas de sportif, c’est compliqué de valider quelque chose. Il y a un virus qui tue des gens, il fallait prendre une décision. Après, que ça ne plaise pas à Paul, que ça ne plaise pas à Jacques… À un moment donné, il faut avoir un peu de décence et de dignité. Il y a des gens qui meurent… après des gens qui réinventent le football ou les règles. La saison 2019-2020 est finie, partons sur 2020-2021. » Au terme de plusieurs semaines de cacophonie et de roublardise, il est désormais l’heure de faire le ménage et de compter les points. Pour le LOSC d’un Gérard Lopez débarqué ces derniers jours avec un dossier de statistiques sous le bras et une proposition de « simulation des résultats des dix dernières journées selon les points pris à domicile ou à l’extérieur via un modèle de calcul scientifique » (qui permettait au LOSC d’être sur le podium, évidemment), voilà le verdict : quatrièmes de leur groupe de Ligue des champions cette saison (un nul, cinq défaites), les Lillois terminent donc quatrièmes de Ligue 1 et verront la Ligue Europa la saison prochaine.
Réaction du boss ? Silence radio d’abord, si ce n’est un « il y aura du nouveau dans les jours qui viennent » dans la lignée des propos tenus par Lopez quelques jours plus tôt dans la presse régionale et nationale – « Si la saison s’arrête, je me battrai pour les intérêts de mon club. Car un championnat tronqué ne donne pas le résultat final. Sinon, pourquoi jouer trente-huit journées les années « normales » si cela n’a aucune valeur ? » – puis un communiqué respectueux. Depuis le début de la crise, le président nordiste ne s’est jamais planqué : il était contre un gel du classement, et ce, car il estimait que « sur les dix dernières saisons, 71% des clubs ont changé de position lors des dix dernières journées du championnat ». Opta a alors précisé que sur les dix derniers exercices achevés, 56% des équipes du top 5 ont bouclé la saison à un classement différent de celui qu’elles occupaient au soir de la vingt-huitième journée. Lopez a donc partiellement raison, mais est surtout sûr et certain qu’avec sa forme actuelle (six victoires lors des sept dernières journées), le LOSC aurait terminé sur le podium du championnat. La vérité est surtout qu’on ne peut pas savoir. Point.
Osimhen vers l’Italie, Rémy met la pression
De fait, il faut donc désormais envisager l’avenir du LOSC alors que Gérard Lopez a clairement changé de statut au cours de la crise. Souvent regardé de travers depuis son arrivée en France de par la nature du projet lillois (du trading et un financement basé sur l’emprunt), le patron hispano-luxembourgeois a été placé en première ligne pour défendre les intérêts économiques des clubs de Ligue 1 et de Ligue 2. Son rôle a alors été sollicité par certains patrons pour trouver des solutions de financement, la LFP estimant le manque à gagner pour le football professionnel français avec la non-reprise du championnat à quelque 650 millions d’euros. A-t-il pour autant été accepté par tous les chefs de club ? « Jamais je ne lui confierai mon argent », souffle un président dans L’Équipe ce jeudi. Bonne ambiance, là encore. Et d’argent, avec Gérard Lopez, il est souvent question. Il convient donc de se demander si la non-participation à la prochaine Ligue des champions aura de graves conséquences pour le projet du LOSC. Réponse : cela change forcément quelque petite chose, notamment dans le système de recrutement du club, même si Lopez expliquait en début de mois que sa boutique n’était pas dépendante du trading. « Le LOSC est dans une situation particulière car on a fait la Ligue des champions cette saison, on a réalisé un très bon dernier mercato d’été et on a fait une année record en matière de marketing et de billetterie », glissait-il dans un entretien donné à L’Équipe il y a peu.
Ainsi, le LOSC devrait se contenter de quelques départs, celui de Victor Osimhen, très courtisé en Italie, en tête. Pour le reste, sous contrat jusqu’en juin 2021, José Fonte a affirmé il y a quelques jours son souhait de rester dans le Nord alors que Loïc Rémy, dont l’année de contrat en option n’a toujours pas été levée, a profité d’un live Instragram pour mettre un peu la pression sur ses dirigeants : « Je me sens bien à Lille, il faut voir si tous les paramètres sont réunis. Le sujet n’a pas trop été trop abordé avant et je ne sais pas pourquoi car, par exemple, un joueur comme José Fonte a une prolongation en début de saison et moi, je n’ai pas eu de contact particulier jusqu’à maintenant. Je marche beaucoup à la confiance, et c’est vrai que je me posais des questions si je devais rester, si les dirigeants comptaient sur moi. Il n’y a pas eu de manifestation jusqu’à ces derniers mois, donc la question est toujours en suspens aujourd’hui. » Ce qui est sûr, c’est que Lille devrait de nouveau s’activer pour renouveler son effectif et profiter des bons coups (une piste mène à Adrien Thomasson). Le recrutement du jeune Marseillais Isaac Lihadji, dans les tuyaux depuis un paquet de semaines, irait dans ce sens. Dans la globalité, si le LOSC est aujourd’hui dans cette situation, c’est avant tout pour ne pas avoir réussi à jongler entre les compétitions lors des premiers mois de la saison, pour ne pas avoir su se renouveler assez tôt dans l’approche après le départ de Nicolas Pépé et surtout pour avoir perdu six points chez les deux clubs relégués (lors de la première partie de saison, le LOSC n’a d’ailleurs remporté qu’un seul match à l’extérieur, à Lyon, début décembre). Au cœur du projet nordiste, un passage par la Ligue Europa, où le club pourrait performer tout en ayant la possibilité de faire progresser ses actifs – à Lille, c’est avant tout ce qu’est un joueur –, est alors une consolation heureuse. L’équipe actuelle a un sérieux coup à y jouer, mais ça, ce sera pour un monde où le football redeviendra un sujet sérieux. Circulez, la séance est levée.
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