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Ligue des champions : le tirage au sort de la honte
En raison de deux erreurs grossières lors du tirage au sort des huitièmes de finale de Ligue des champions, l'UEFA a décidé de tout annuler et d'en réaliser un nouveau. Si, pour Lille, rien ne change, puisque l'adversaire - Chelsea - reste le même, ce n'est pas le cas pour les autres qui peuvent regretter, ou non c'est selon, ce second tirage. Retour sur un improbable imbroglio qui fait tache.
Les supporters de l’Atlético de Madrid sont passés par toutes les émotions durant ce tirage au sort des huitièmes de finale de Ligue des champions. Il y a d’abord eu une montée de stress au moment où Giorgio Marchetti, le secrétaire général adjoint de l’UEFA, a tiré la boule avec leur nom. Puis l’adrénaline en attendant de connaître l’adversaire. Avant la désillusion quand Andreï Archavine a dévoilé le nom du Bayern Munich, véritable ogre de la compétition. Sauf que les plus attentifs d’entre eux étaient remplis de colère. Car ils ont bien vu que Michael Heselschwerdt, directeur des compétitions de club de l’UEFA, a fait n’importe quoi au moment d’insérer dans le saladier les boules des différents adversaires possibles des Colchoneros. En effet, l’ami Michael a mis celle de Liverpool – qui n’aurait pas pu affronter l’Atlético, provenant du même groupe – et a oublié celle de Manchester United. Le tirage au sort étant alors complètement faussé, l’UEFA a pris la décision de l’annuler et le recommencer entièrement. Ironie du sort, les hommes de Diego Simeone ont tiré… Manchester United. Et ils retrouveront Cristiano Ronaldo, leur bourreau en 2014, 2015, 2016, 2017 et 2019. Après avoir connu l’espoir, les Matelassiers sont donc finalement retombés dans la désillusion.
Petite erreur, grandes conséquences
Pour comprendre l’imbroglio de la situation, il faut remonter quelques secondes avant, quand la boule de Villarreal est tirée. Présent dans le groupe de Manchester United, le club espagnol ne pouvait donc pas affronter les Red Devils. Sauf que Michael Heselschwerdt n’était visiblement pas au courant puisqu’il a chopé la boule de MU pour la mettre dans le saladier dans lequel Andreï Archavine allait glisser sa main. Et ce qui devait arriver arriva, le Russe sort le nom de Manchester United. Solide sur ses appuis, Giorgio Marchetti comprend immédiatement l’erreur et demande à Archavine de tirer une autre boule. A priori rien de dramatique donc. Sauf que c’est de cette première bévue anodine que va découler celle beaucoup plus importante concernant l’Atlético. Car dans la foulée l’Atlético est tiré, et l’écran indique un carré rouge à côté de Manchester United, pensant peut-être que le club a déjà trouvé preneur. À moins que l’UEFA ait confondu avec Liverpool, qui lui a un carré vert à côté de son nom, alors qu’il aurait dû être rouge. Voilà comment Michael Heselschwerdt s’est emmêlé les pinceaux, alors qu’il n’avait juste qu’à écouter la douce voix de Giorgio Marchetti qui lui avait pourtant indiqué parfaitement ce qu’il devait faire.
Et le gagnant est… la Superligue
La question est désormais la suivante : comment l’UEFA qui gère des tirages au sort depuis des dizaines d’années peut commettre deux erreurs de la sorte ? Car on ne parle pas d’une tombola au fin fond de la Creuse, d’un bingo à Pontault-Combault ou du Tournoi Mathilde de Forges-les-Bains en Essonne, mais bien de la plus grande compétition en club qui existe et qui engendre des milliards d’euros. Visiblement, l’UEFA est capable d’inventer une technologie qui permet de savoir si l’ongle de l’orteil n’est pas hors jeu, mais n’a rien trouvé de mieux qu’un type qui pioche des boules dans huit saladiers différents pour effectuer un tirage au sort. Devant son écran de télévision, Florentino Pérez a eu un sentiment partagé. D’abord de la colère, puisque son Real Madrid devait affronter le Benfica Lisbonne et se retrouve avec le Paris Saint-Germain, alors même que son nom avait été tiré avant la double erreur lors du premier tirage. Puis il n’a pas pu s’empêcher d’avoir un petit sourire devant cette situation qui discrédite l’UEFA et donne du crédit à sa fameuse Superligue européenne qu’il compte toujours mettre en place. Et il est certain que dans les semaines à venir, l’Espagnol va annoncer que dans sa nouvelle compétition, les tirages au sort seront réalisés électroniquement. En plus, ça évite de se brûler les mains avec les boules chaudes. Ce lundi 13 décembre 2021, l’être humain a un peu plus perdu sa bataille contre la machine.
Par Steven Oliveira