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Lettre d’un supporter au PSG, ce club qui le fait tant souffrir

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Lettre d’un supporter au PSG, ce club qui le fait tant souffrir

Un supporter nous a écrit ce matin au lendemain de l'immense énième fiasco du PSG. Il voulait nous confier son mal-être et son désarroi, le tout sans s'interdire de continuer à réfléchir à un avenir meilleur pour l'équipe qu'il aime et qui le lui rend si mal. Nous publions ici sa lettre, un peu brutale, un peu naïve. Touchante, en somme. Mais avant tout, on vous prévient : apparemment, cet homme a (aussi) des goûts de chiotte en cinéma.

« PERDUS DANS LA FORÊT

On nous dit, depuis mercredi soir que « C’est la faute à l’arbitrage », « C’est le mental qui n’est pas là dans les grands événements »,« Si Donnarumma ne fait pas sa bourde, rien n’aurait été pareil » et ci et ça. Soyons objectif : fermons-la, parce que quoi qu’on fasse, ça se serait passé comme ça. Si ça n’avait pas été Donnarumma, ça aurait été quelqu’un d’autre. Et si ça n’avait pas été quelqu’un d’autre, ça aurait été autre chose. Parce que quoi qu’on fasse, il y a toujours quelque chose avec ce PSG-là.

Alors bien sûr, on pourrait remonter le fil, partir de la racine du mal (la direction) et tenter de dénouer les liens complexes du poison lent qui coule dans ce club. Mais à quoi bon ? À quoi bon opérer une gangrène plus profonde et purulente qu’une piqûre de vipère ? Parce qu’en fait, le PSG, c’est cet aventurier chétif perdu au milieu de la jungle hostile qui se fait piquer la première nuit, c’est Mimi-Siku qui rencontre Thierry Lhermitte, c’est le nerd à lunettes face à une équipe de foot US dans un lycée du Massachusetts ou encore la blonde qui se fait tuer à peine la porte franchie dans un film de Wes Craven. Paris, c’est une équipe qui n’a pas encore sa place chez les méchants clubs de la Ligue des champions, point.

Et donc ? Qu’est-ce qu’on peut attendre de cette équipe maintenant ? Si on tire la métaphore filmique, on est en droit de ne plus rien en attendre, car son rôle est secondaire et ne dépasse que rarement vingt minutes. Mais voilà, Brad Pitt a commencé avec des petits rôles, dans lesquels il demandait qu’on lui ramène des bières et du liquide vaisselle. La suite, on la connaît. En soi, c’est assez facile d’être sans cesse le second rôle et de cachetonner dans une série télé de peu d’envergure qui change de diffuseur à chaque saison, mais ce n’est pas ce qu’on attend d’un héros qui joue aussi bien le tragique.

Non, ce qu’on veut maintenant, c’est toucher les premiers rôles, avoir le droit à la lumière et aux paillettes, et s’il faut en passer par une descente aux enfers médiatiques et une cure de désintoxication, eh bien passons-en par là. Jouons la carte de la destruction intérieure, acceptons d’avoir mal, d’être conspués, prenons le temps de vomir et de trembler et ensuite seulement, on ira toquer à la porte de la clinique et on se fera interner pendant un mois, en regardant grandir un oranger en buvant du thé vert. Et on reviendra plus fort, plus beau, auréolé d’un statut à part, celui de repenti.

Plutôt que de réfléchir à la suite, à ceci à cela, brûlons tout, anéantissons les maigres efforts, jouons la fuite en avant et repartons sur des bases malsaines. Quelqu’un finira par nous tendre la main, prendra pitié et se dira que peut-être, oui, il y a quelque chose à faire finalement. N’oublions pas que l’aventurier chétif guérira et que Mimi-Siku finira par dompter la tour Eiffel. Que le nerd deviendra beau et que la blonde finira par s’en sortir. Arrêtons de nous voir plus beau que ce que nous sommes, le pento n’a jamais changé le visage de l’homme, et acceptons pour l’instant d’être des seconds couteaux, et surtout, arrêtons de parler et d’annoncer des choses qui n’arriveront pas.

Enfonçons-nous dans la douleur, discrètement, en silence, celui des justes, et perdons-nous dans les bois. Car comme le disait Brad Pitt dans Thelma et Louise : « Dans le Missouri, d’où je viens, nous ne parlons pas de ce que nous faisons – nous le faisons simplement. Si nous en parlons, c’est perçu comme de la vantardise. » Et de vantardise, il ne doit plus être question.

Un supporter. »

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