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Les vraies questions existentielles du football – épisode 3
Les questions les plus bêtes sont parfois, souvent, les meilleures. Sofoot.com a décidé, tous les jeudis, de répondre à trois interrogations fondamentales de tout amoureux de la balle ronde et même des néophytes. Pas de discrimination, surtout pas en ce moment.
Le plat du pied, est-ce vraiment la sécurité ?
C’est le premier geste que l’on apprend dans les écoles de foot, le plus intuitif quand on commence à disputer des matchs à plus de un contre un. Associée à un besoin de confort devenu mainstream, la frappe avec le plat du pied est tellement bien ancrée dans la pratique qu’elle a donné lieu à une maxime : « Plat du pied, sécurité. » Mais est-ce vraiment sûr à 100% ? « Pas du tout, selon Sébastien, podologue, qui a officié de 2007 à 2010 auprès de l’équipe 1 d’Auxerre. En frappant avec cette partie du pied, il y a des risques de blessures. Des pathologies tendineuses, au niveau du tendon interne, mais aussi des contraintes au niveau du tibia. Et la maîtrise de balle n’est pas garantie. » C’est pas Roberto Baggio qui dira le contraire, lui, la preuve depuis la finale du Mondial-94 qu’un plat du pied et une queue de cheval basse ne suffisent pas toujours à assurer la sécurité. À choisir, mieux vaudrait peut-être privilégier le dos du pied, plus solide : « Le pied est en extension, et donc la cheville aussi, le relief osseux du dessus est mis en avant et c’est la partie la plus dure qui est sollicitée. » Du côté de la Sécurité routière, « Deux traits, sécurité » , ça, c’est sûr, mais rien en ce qui concerne les extrémités inférieures. Damien Viaud, moniteur d’auto-école dans le Morbihan, en dit un peu plus : « Je dis toujours à mes élèves que la meilleure position, c’est le talon au sol et les pieds bien au-dessus des pédales. Côté droit, on appuie avec la plante du pied. Le pied gauche, qu’on utilise seulement de temps en temps, permet de débrayer et pour ça, on se sert des orteils. » Et le plat du pied ? « Non, jamais, c’est même pas la peine d’essayer. On risque de glisser et de se tordre la cheville. » D’ailleurs, Sébastien le souligne – et c’est peut-être une preuve que ce proverbe qui envahit le football n’est que vaste mensonge –, « le « plat du pied » n’est pas plat. Le côté latéral interne est constitué d’un arche, plus ou moins marqué selon les personnes. On devrait parler de « creux du pied ». » Creux du pied = danger.
Un café crème, est-ce vraiment énervant ?
Il y a bien longtemps que les victimes d’humiliation de la part de Javier Pastore ou Paul-Georges Ntep ne se comptent plus sur les doigts de la main, même celle de Fabinho. Dans l’inconscient collectif, les Portugais, Ricardo Quaresma en tête, ne sont pas à la traîne non plus question dribbles assassins saveur café crème – sans sucre, merci. Quant au Brésil, on dirait un coffee shop géant. Aleaume Paturle, fin connaisseur puisque gérant de Café Lomi à Paris, est du genre à mettre les choses au clair : « Vu les proportions, entre les cafés crèmes d’Italie, de Colombie, du Brésil… il y a peut-être une petite différence, mais vraiment pas énorme. » La qualité peut donc venir de partout, il s’agit d’ouvrir les yeux. Mais les réactions face aux petits ponts et assimilés – une main formant un « o » et entourant une bouche en cul de poule dont sort un râle, la plupart du temps – ne sont-elles pas un peu trop exagérées ? Le barista rappelle qu’un café crème de qualité nécessite de bons ingrédients, mais aussi une maîtrise certaine du dessin et de la mousse de lait. Il relativise quand même : « Ce n’est pas très fort, non. C’est même plutôt léger. » Et puis, halte aux pleureuses et aux idées reçues, « un café crème, quel qu’il soit, ça n’énerve pas vraiment. Il faudrait en prendre, disons, 200 avant de vraiment pouvoir être énervé. Mais alors, ça entraînerait aussi des problèmes gastriques. » De là à être ulcéré… Son conseil pour le 201e, celui qui passe mal, qui reste en travers de la gorge : « Deux jours au lit. » Vraiment pas de quoi en faire des articles.
Comment bien mouiller le maillot ?
« On a bien mouillé le maillot, l’important c’est les trois points. » Une phrase pas forcément compréhensible. Autant la partie sur les points est claire, autant celle sur l’humidité, moins. « Mouiller le maillot » , c’est-à-dire ? Enfin, surtout, comment le faire bien ? « La meilleure technique, c’est d’avoir un arrosoir de jardin avec une pomme au bout, explique Paul, gérant de labricotblanc.fr, spécialisé dans la personnalisation de T-shirts et dans l’organisation de concours de miss T-shirt mouillé et sexy car wash dans le Sud-Est de la France. Et surtout, d’arroser par le dessus, progressivement. Le but de mouiller, c’est de découvrir le corps de la personne qui est dans le vêtement, ça doit se faire petit à petit. Un jet d’eau, par exemple, met beaucoup trop d’eau. C’est trop rapide. » D’où la fameuse précision : « On a mouillé le maillot pendant 90 minutes. » S’il on en croit Paul, certaines équipes, le Real par exemple, seraient avantagées de par leur tenue : « Pour que ce soit plus facile à mouiller, mieux vaut que ce soit 100% coton et le plus fin possible. Et surtout, il faut privilégier le blanc. » Et si l’on n’a pas d’eau sous la main ? Eh bien, il reste toujours la transpiration. Avantage essentiel : elle est gratuite. Selon huffingtonpost.fr, « la caféine stimule le système nerveux et active les glandes sudoripares. Plus vous buvez de caféine, plus vous transpirerez. » Et plus vous mouillerez le maillot, donc, la logique est là. Favoriser également l’alcool, les plats pimentés, le stress, le polyester ou l’acrylique, l’hygiène douteuse et la ménopause. L’intérêt, dans tout ça ? « Tout le monde s’amuse, le public est content » , conclut Paul.
Par Noémie Pennacino