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ACTU MERCATO

Les joueurs libres, une bonne nouvelle pour le foot ?

Par Nicolas Kssis-Martov
3 minutes
Les joueurs libres, une bonne nouvelle pour le foot ?

C'est une des tendances de ce mercato, une forte augmentation du nombre de joueurs qui quittent libres leur club pour signer ailleurs. Naturellement, cette réalité est largement due à la contraction des budgets en raison de la crise sanitaire. On peut aussi y déceler le signe qu'il n'est plus infamant pour un footballeur de finir son contrat, quand bien même son « propriétaire » y laisse quelques sous.

Sergio Ramos au PSG ou Kevin Gameiro à Strasbourg. Si leurs statuts respectifs ne sont évidemment pas comparables, ils débarquent tous les deux libres sous leurs nouvelles couleurs. Ce type de parcours semblait voici encore peu de temps réservé aux pros qui s’entêtaient dans une saison de trop, ou ceux pour lesquels personne ne paraissaient vouloir dépenser un euro pour s’attacher leurs services. Désormais, y compris de grands noms ou de prestigieuses maisons n’hésitent plus à conclure leur rapprochement sur ce modèle. Les indemnités de transfert et autres arrangements (à la sauce Neymar par exemple) s’imposaient pourtant comme la règle et l’un des principaux vecteurs des flux financiers dans le petit monde du ballon rond, avec au milieu des agents qui avaient naturellement tout intérêt à entretenir ce fonctionnement. D’aucuns lui reprochaient de provoquer des départs précipités, avant d’arriver à faire ses preuves parfois, ou bien occasionnellement contre la volonté du premier concerné. Les chiffres s’étalaient en forme de record (100 millions, 200 millions, etc.). Monaco avait par exemple su exceller pour se constituer un impressionnant magot, laissant loin derrière son souci de construire une équipe ou une performance sur la durée.

Nous entrerons dans la carrière…

De fait, la durée d’un contrat, dans ce marché du travail si particulier du foot pro, ne laissait en rien présager de celle de votre présence « dans l’entreprise » . Et par ailleurs, la prolongation pouvait être d’abord motivée par le désir de récupérer un peu sa mise de départ, y compris en cas de déception ou de conflit. Adrien Rabiot a testé cette logique à son corps défendant lors de ses derniers moments à Paris. Le fait que des joueurs désirables ou tradable aillent désormais au bout de leurs engagements avant de chercher l’aventure sous d’autres cieux constitue donc presque en soi une petite victoire pour le foot. Du moins, un sentiment d’une normalisation du métier.

Ils ramènent l’exercice et l’existence de footballeur à celui d’un salarié, et rien de péjoratif à cela. Et tout cas, plus seulement au rôle d’un produit financier. Cette réification de l’artiste en short, par le haut certes vu les sommes en question (donc pardon à Marx), avait contribué depuis des années à transformer ce marché du travail en un immense Wall Street bordé de tribunes et de fonds d’investissement. Un scénario digne d’un film de Martin Scorcese ou Oliver Stone. Finalement, les arrivées ou les départs ne pouvaient plus être interprétés qu’à l’aune des besoins en liquidités des clubs ou de l’habileté d’un agent à l’affût de son pourcentage. De quoi finalement affaiblir la conviction des supporters ou des observateurs dans le rapport d’un joueur dans « la boîte » où il débarquait, ou même simplement au projet sportif, voire à sa propre carrière.

Le retour de l’attachement au club

Dans un contexte où de plus en plus de voix posent la question de l’identité ou des valeurs du football (coucou la Superligue), cette tendance peut apporter un peu de baume au cœur des derniers croyants. Pour s’attacher à un club, son style, son jeu, ses ambitions, il faut bien rester un peu dans les murs et dans son stade. Finir son contrat illustre une conscience professionnelle ainsi qu’un certain respect pour son lieu de travail, voire ses collègues, du simple jardinier au président. Nul angélisme ni idéalisme, simple constat sociologique. En outre ces joueurs qui partent libres – cela pourrait être le cas de Kylian Mbappé l’été prochain en cas de non-prolongation – fluidifient un marché en le rendant plus accessible aux outsiders, quand les écarts de budgets interdisaient certains rêves ou noms aux rookies de milieu de tableau. Le foot a besoin d’un peu plus de sobriété, qu’un fair-play financier à l’agonie ou une DNCG strictement comptable ne semblent pas en mesure de lui imposer.

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Par Nicolas Kssis-Martov

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