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Les 50 joueurs qui ont écrit l’histoire du FC Nantes (du 29e au 15e)
Club historique de l'élite française, le FC Nantes a imprimé sa marque au milieu des années 1960, sans jamais quitter la première division pendant 44 saisons, jusqu'à ce que la Socpresse ne vienne y mettre son nez. Voici les joueurs qui ont marqué toutes ces années canaris, avec les meilleurs, les tout meilleurs, mais aussi les plus marquants des joueurs, bons ou pas.
#29 - Antoine Sibierski
Les pépins ont tendance à s’accumuler sur le Nordiste. Déjà pris dans une affaire de dopage en 1997-1998, lorsqu’une « épidémie » de contrôles positifs à la nandrolone sévit dans le monde sportif, Sibierski doit attendre d’être blanchi par le doute pour rejouer au football. Il en profite pour quitter Auxerre et un Guy Roux qui lui a semblé pas assez protecteur. Finalement réfugié à Nantes, il retrouve son meilleur niveau en attaque. Seulement, côté vie privée, le sort frappe encore. Au cours de la saison 1999-2000, quand Nantes est à la traîne, sa mère meurt soudainement. Deux semaines plus tard à peine, face à Lyon, il donne le tempo à une victoire de prestige. Au Parisien, en 2002, il admet le soulagement moral de cette victoire. « Ce fut un match exceptionnel, il fallait au moins ça. Toute l’équipe s’est transcendée, Devineau a marqué ses deux premiers buts en D1. Je frappe de 30 mètres, Coupet touche le ballon, mais il le fuit et rentre. Ce soir-là, il y avait quelqu’un qui aidait les ballons à rentrer. » Le temps d’un match, Nantes oublie la poisse, retrouve son jeu fluide et son buteur en force. Lyon en prend six dans les dents. Sibierski respire. Le football nantais lui redonne décidément de belles couleurs.
Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.
#28 - Marcel Desailly
Comme Didier Deschamps, Marcel Desailly ne fera pas partie de ces équipes nantaises titrées. Mais il faut dire que celui qui deviendra plus tard indéboulonnable sous la coupe d’Aimé Jacquet en équipe de France s’est révélé dans la période la moins joueuse du FC Nantes, celle de Miroslav Blažević. Si Nantes n’avait pas eu à renflouer ses caisses au début des années 1990, s’il n’avait pas été très jeune aussi bankable, nul doute que Marcel Desailly aurait appartenu, sans aucun débat possible, aux plus illustres défenseurs du club. Formé à Nantes, collègue indécrottable du déjà très mature Didier Deschamps, se sentant investi d’une mission visant à prolonger la carrière de son défunt demi-frère Seth Adonkor, Marcel Desailly se servira de Nantes comme d’un tremplin pour prendre définitivement son envol au début de l’ère Suaudeau II, en 1992, attiré par les sirènes marseillaises de Bernard Tapie puis celle de Silvio Berlusconi au Milan. Difficile, au vu de son palmarès, de dire qu’il a eu tort. Peut-être pas le plus aimé des supporters du côté des bords de l’Erdre, mais peut-être bien le plus talentueux des défenseurs que les Canaris ont vu passer. Et un des rares à avoir réussi en dehors du 44.
Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.
#27 - Claude Makelele
La question trottait dans la tête de Coco depuis quelque temps. Il attendra une mise au vert au domaine d’Orvault, lors de la saison 1994-1995, pour la poser à Claude Makelele. « Putain, mais Claude, ta gonzesse, on la voit jamais. Tu vas nous la sortir un jour, nous la présenter ? » lâche l’entraîneur en bout de table, à l’heure du déjeuner. Tous les joueurs et le staff sont présents, et se mettent à pouffer comme un seul homme. Tandis que Makelele ne quitte pas son assiette des yeux. « On savait tous, assure Patrice Loko. Coco passait son temps à vanner Claude sur ses copines et comment il était membré. » « Il allait un peu loin parfois avec Claude, genre « putain, mais avec le truc que t’as, tu dois y aller toi ! » » , précise Ouédec. Un running gag qui durera jusqu’au stage d’avant-saison 1995-1996, à Crans Montana, en Suisse. Moment choisi par Jean-René Toumelin, le président du club, pour dire la vérité à Jean-Claude Suaudeau : si Makelele ne parle jamais de ses conquêtes féminines, c’est qu’il sort… depuis un an avec sa fille ! Loko rejoue le match depuis le début : « Quand on jouait sur le terrain du bas, au centre de formation, Coco venait nous voir parfois. Sa fille l’accompagnait, avec ses chiens. Et Coco, il disait déjà : « Oh, les gars, que j’en vois pas un tourner autour de ma fille hein ! » On avait 15-16 ans. Tu penses bien que 3-4 ans après… » En 1997, Makelele quitte le FCN pour le Celta de Vigo. Tout sauf un hasard. « Claude n’était pas bien ; Coco non plus. Je crois qu’ils ont discuté une bonne fois pour toutes, mais c’était chaud quand même. Il y avait un malaise quoi » , souffle Reynald Pedros. Nicolas Ouedec en sait quelque chose : il est l’un des rares joueurs à avoir pris son courage à deux mains pour aborder Suaudeau, d’un simple « ça va, coach ? » La réponse du coach : « Non, le coach va pas bien. Tu n’es pas sans savoir que le coach a des problèmes… »
Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.
#26 - William Ayache
Si l’on devait retenir une saison de William Ayache de ses sept passées à Nantes, ce serait sans doute l’année 1985-1986 : 37 matchs de championnat, deuxième de D1 et huit matchs de Coupe d’Europe. La consécration pour ce latéral gauche qui, en fin de saison, joue même la Coupe du monde au sein de l’équipe de France avec ses coéquipiers Maxime Bossis et Yvon Le Roux. Au sortir de cette compétition, il est même élu le joueur juif de l’année 1987. Né d’un père israélite et d’une mère catholique, Ayache n’a pourtant jamais jeûné pour shabbat et ne suit pas sa religion à « la lettre » . Cette année-là, il quitte le FCN pour le PSG où il reste une seule saison, avant de commettre le crime de lèse-majesté en rejoignant l’OM. La raison ? Bernard Tapie lui promet que s’il signe sur la Canebière, il lui prêtera son avion privé pour retrouver sa famille à Nantes quand cela lui chante. Une promesse en l’air : Ayache signera, mais s’abonnera, comme tous les autres joueurs marseillais, à Air Inter…
Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.
#25 - Marama Vahirua
En 1999-2000, à la fin d’une saison très difficile, le FC Nantes arrache son destin sur la dernière journée grâce à une courte victoire 1-0 contre Sedan. Il ne reste plus qu’à battre Le Havre, à l’extérieur, pour s’en sortir sur le fil. Pour cela, Raynald Denoueix fait confiance à un jeune buteur tahitien, qui n’a toujours pas planté une seule fois en D1 : Marama Vahirua, cousin de Pascal. Son seul exploit jusque-là remonte à quelques mois plus tôt, avec un but contre l’Arsenal de Thierry Henry. Ce jour-là, très tôt dans la soirée, le jingle Canal+ résonne une première fois. « But au Havre ! » Parti dans la profondeur, Vahirua tape fort, croisé, trouve le poteau rentrant et trompe Hamel. Le temps n’est pas encore aux coups de pagaie pour sa première célébration. Néanmoins, le jingle ne retentit plus une seule fois pour prendre la direction de la Normandie. Nantes gagne 1-0 et sauve sa peau sur le fil. Vahirua commence sa carrière et prépare son ratio dingue de minutes par but de la saison suivante, lorsqu’il sera le super-joker qui porte le FCNA vers son huitième titre.
Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.
#24 - Noureddine Naybet
À la mi-juin 2017, Nantes frappe un gros coup sur le mercato en enrôlant Claudio Ranieri et drape le supporter nantais dans un lit d’optimisme. Alors quand, dans la foulée, les médias marocains annoncent l’arrivée imminente d’un défenseur central en provenance de Casablanca, solide dans les duels, misant sur l’intelligence de ses déplacements plutôt que sur la vitesse, et une relance propre, il est dans l’humeur d’espérer cet inévitable raccourci : et si on tenait avec Jawad El Yamiq le successeur nantais de Nourredine Naybet ? Malgré une seule saison, sa première en Europe, passée sur les bords de l’Erdre (1993-1994), malgré la lourde tâche de succéder à Zoran Vulic, Nourredine Naybet réussit à intégrer la caste des seigneurs axiaux passés au FCN (Bargas, Rio, Fabbri, Yepes). 34 matchs de D1 pour Nourredine, dont 33 titu, le port altier, la Beaujoire charmée et pas une rature, ou presque (quelques cartons de roublardise ou excès d’engagement). Plus tard, il s’émancipera définitivement vers le Sud, notamment pendant huit années de ministère au sein de la charnière centrale du Deportivo La Corogne de Mauro Silva, le Super Depor.
Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.
#23 - Bruno Baronchelli
« Je me sens imprégné FC Nantes. J’ai mangé, j’ai vécu FC Nantes, j’ai toujours été FC Nantes. » À cheval sur les années 1970 et 1980, Bruno Baronchelli est indissociable de deux triplettes offensives ayant marqué le FC Nantes : Baronchelli-Pécout-Amisse et Baronchelli-Halilhodžić-Amisse. Principalement sur l’aile droite, il est de ces équipes nantaises ayant survolé les débats en première division. « On gagnait le championnat avec 10 points d’avance, quoi » , chiffre-t-il, en parlant d’une époque où les victoires ne rapportaient que deux points. Bruno exagère peut-être un peu (9 unités d’avance sur Sochaux en 1977, trois sur Sainté et Sochaux en 1980, 10 sur Bordeaux). Mais si peu. Rouage de la machine offensive nantaise de cette époque, Baronchelli devient international français, mais ne parvient pas à passer le cut pour être de la troupe partie au Mexique en 1978 ou en Espagne en 1982. Il se consolera sans doute en pouvant se targuer d’être un des cinq seuls Français à avoir tapé un foot contre Bob Marley et les Wailers, en 1980.
Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.
#22 - Didier Deschamps
Peut-on marquer l’histoire d’un club lorsqu’on en part à 21 ans ? Réponse : oui, quand on en devient le capitaine à 19 ans. Si Deschamps n’a rien gagné avec le FC Nantes (un fait notable pour cette machine à titre), il a réussi l’exploit de laisser une marque sur le club dès le centre de formation. Le 18 novembre 1984, lorsqu’un accident de voiture tue Seth Adonkor et Jean-Michel Labejof et blesse Sidi Kaba, tous les trois joueurs à Nantes, c’est lui, à peine seize ans à l’époque, qui prend ses responsabilités en allant annoncer à Marcel Desailly le décès de son demi-frère Adonkor. « C’était évident que Didier allait s’occuper d’en parler à Marcel, c’était déjà à l’époque le leader qu’il n’a jamais cessé d’être depuis, juge Robert Budzynski. Il avait déjà une maturité exceptionnelle. Pour les jeunes de sa génération, il était comme un chef de famille et agissait comme tel. » Trente-trois ans plus tard, si le sélectionneur ne semble pas avoir gardé grand-chose du jeu à la nantaise, il y a un héritage qu’il ne perdra jamais : l’apprentissage du rôle de chef, et une poignée d’images Panini avec un maillot « Maisons Mikit » .
Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.
Propos du Bud recueillis par Régis Delanoë
#21 - Patrice Rio
Une drôle d’information court sur les Internets à propos de Patrice Rio, l’indéboulonnable défenseur central du FC Nantes de 1970 à 1984 : il se serait reconverti dans la politique après sa carrière. Pourtant, alors qu’il était omniprésent sur le terrain, pas moyen de trouver son nom sur une liste électorale. Et alors qu’il dispose du plus beau palmarès du club (quatre championnats, une coupe), impossible de dénicher le moindre mandat. « C’est sans doute parce que je n’ai rien à voir avec la politique, rigole Patrice. C’est ma femme qui est conseillère municipale à Nantes (pour le MPF, le parti de Philippe de Villiers, ndlr), et comme elle s’appelle Patricia, et que généralement mes amis m’appellent juste Pat’, je suppose que les gens confondent. » Mais si Rio ne fait pas de politique, que peut-il bien faire ? Rio répond : « Je n’ai jamais voulu être entraîneur, je n’ai pas la fibre éducative. Mais comme il restait quelques années à combler avant la retraite, je me suis lancé dans diverses activités commerciales. » Salarié par Jean-Claude Darmon pour s’occuper de la publicité et du marketing du FC Nantes jusqu’au début des années 1990, l’ancien international (22 sélections) entame en effet un long parcours. Il vend tour à tour des produits chimiques à usage industriel ( « je me suis vite rendu compte que c’était difficile de gagner sa vie là-dedans » ), des voitures de sport Venturi, et des hayons de camions. Assez loin de ses années fastes, de sa Coupe du monde en Argentine en 1978, et de ses solides coéquipiers : « J’ai été aligné en défense centrale avec Bargas, puis Henri Michel qui était descendu d’un cran, et même avec Max Bossis. » Pour quelques matchs, il se retrouve même à côté de Roger Lemerre, pourtant recruté comme latéral droit par le FC Nantes. « C’était un grand gabarit, Lemerre, donc il avait un problème majeur : les demi-tours, les courses, les sprints, ce n’était pas facile. » Malgré ça, Patrice Rio garde un souvenir ému de ses 554 matchs avec les Canaris, de « l’esprit qu’il y avait, la super ambiance. On s’amusait sur le terrain, on se trouvait les yeux fermés, et en dehors on s’invitait à dîner. Je n’ai pas l’impression que ce soit pareil aujourd’hui. Rester quatorze ans dans un club, ça n’existe plus. » Un brin nostalgique, mais « pas jaloux pour un sou » , le retraité considère que les « contrats ne veulent plus rien dire. Les montants des salaires augmentent de saison en saison dans des proportions bien trop importantes. Il suffit de faire le parallèle avec le monde du travail. Il y a des patrons qui gèrent des entreprises de 10 000 salariés et qui sont payés cinq fois moins qu’un footballeur qui n’a aucune responsabilité. » Rio ne répond plus.
Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.
#20 - Loïc Amisse
Il est de la catégorie de ces joueurs dont on peut aisément dire : « Il a une bonne patte gauche. » Raymond Domenech le résume autrement : « Lolo, c’était son putain de pied gauche qui faisait chier. Le poison complet. » Court sur pattes, explosif, rapide, métronomique et virevoltant dans ses cadrages-débordements-centres parfaits sur l’aile gauche, Lolo a martyrisé tout ce que la D1 comptait d’arrières droits. « Insaisissable, imprenable, je n’ai que des cauchemars avec lui » , dixit Thouvenel. « Je trouvais les entraînements plus durs que les matchs » , avoue même son coéquipier Jean-Claude Osman, content d’avoir eu Amisse dans ses rangs plutôt qu’en face. Loïc Amisse est tout simplement le FC Nantes. Né à Nantes, formé à Nantes, il y passera en tant que professionnel 17 années (1973-1990), pour remplir son palmarès de trois D1 et une Coupe de France. « J’ai assimilé cette façon nantaise de jouer petit à petit, image délicatement Amisse. Il se résume par un ensemble de joueurs qui sont attentifs au ballon, à leurs partenaires et à leurs adversaires. » Barré en équipe de France par les choix de Michel Hidalgo qui lui préfère Six et Bellone, Amisse ne validera malheureusement pas cette aura nantaise sur la scène internationale. Le plus grand regret de sa carrière peut-être. Car pour le reste…
Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.
#19 - Gilles Rampillon
C’était un numéro 10 à l’ancienne. Un meneur de jeu d’1m72, plutôt vif et très technique, en soutien des attaquants. Des dribbles courts, une grande vitesse d’exécution et une bonne qualité de frappe. Un football simple, en une touche de balle, comme le veut la consigne maison. Et pourtant, Gilles Rampillon avait des statistiques de numéro 9 : en douze saisons à Nantes, celui que se compare à Michel Platini a inscrit 93 buts et reste le meilleur buteur de l’histoire du club à Marcel Saupin avec 64 buts – devant Vahid Halilhodžić, 62 buts. Mais contrairement au Bosnien, Rampillon maîtrise très tôt la grammaire française : khâgneux, il prépare son concours pour Normal Sup pendant trois ans avant de se consacrer entièrement au football et de passer professionnel en 1972. La suite ? Champion de France en 1973. « J’avais 23 ans et j’étais déjà considéré comme un ancien dans un club qui a toujours donné sa chance aux jeunes » , sourit-il. Ou est-ce parce qu’il porte déjà la moustache comme personne ? « Je ne suis pas né avec, mais je l’ai toujours eue. Toute ma carrière, mais je ne l’ai plus maintenant. » Comme tous les numéros 10 à l’ancienne…
Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.
#18 - Frédéric Da Rocha
S’il ne devait en rester qu’un, ce serait lui, le Bordelais qui s’est épanoui à la Jonelière. Pendant quinze ans de loyaux services, Da Rocha a tout vécu avec le FC Nantes en jouant de la même manière : à fond. Sans se mentir, sans se cacher et avec un amour certain pour son club. Longtemps, il a même cru être invincible, ne jamais descendre, au sein de la « légende » qui ne peut pas mourir. Puis il y a eu 2007, le premier coup dur. Comme capitaine, Frédéric Da Rocha n’a bien sûr pas voulu quitter le navire et réparer la « honte » . Pourtant, deux ans plus tard, c’est la même sentence qui s’abat. Nantes n’est tout simplement plus le même club et, pour la deuxième fois en 46 ans, il va être en deuxième division. Avec Da Rocha qui n’y peut plus rien. Il est temps pour lui de partir et, s’il fallait en rajouter une couche, il ne pourra même pas faire ses adieux proprement. Contre Auxerre, un cordon de CRS l’empêche d’avoir le bain de foule qu’il mérite dans un stade déjà bien vide. Dans les médias, Waldemar Kita y va de l’éloge à sa manière : « Qu’il se permette de faire un tour d’honneur […] alors que c’est la deuxième fois qu’il descend, c’est que pour sa gueule ! À sa place, j’aurais arrêté le foot depuis longtemps. » Les légendes peuvent malheureusement finir salement, dans la tristesse.
Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.
#17 - Christian Karembeu
Surnommé Cheval Fou par Marcel Desailly, Christian Karembeu déboule à Nantes en octobre 1988, après 40 heures de vol et après avoir sauvegardé son sac de voyage à Roissy, laissé imprudemment seul, alors qu’il demandait au comptoir son chemin pour Orly, devant le nez de soldats inquiets par le colis suspect, en pleine période Vigipirate. Karembeu est très vite couvé par le club nantais, qui fait tout pour rendre au jeune Christian ce dépaysement le plus digeste possible. Antoine Kombouaré, déjà au club depuis 5 ans et Néo-Calédonien comme lui, le prend sous son aile, devient le modèle à suivre pour le petit Karembeu, Suaudeau ne le lâche pas d’une semelle, avec l’exigeante affection et admiration qui le caractérisent, Jean-René Toumelin lui offre le couvert les mardis soir, dans sa maison de Chateaubriand, pour de longs repas et grandes discussions historiques sur la Nouvelle-Calédonie, alors que le Tahitien Reynald Temarii, habitant le boulevard Michelet en centre-ville, lui offre le toit lorsqu’il s’agit d’aller guincher au Castel ou au Marlowe, tout en intimant à son compagnon de virée de « ne pas l’dire à Antoine hein ! » Impulsif, parfois trop, comme en témoigne ce beau pétage de plombs en finale de la Coupe de France 1993, Christian Karembeu patientera deux années, entre la réserve de Coco Suaudeau et quelques apparitions en première sous la stricte autorité de Blažević, et fera définitivement sa place une fois Suaudeau de nouveau à la tête de l’équipe professionnelle. Contraint de puiser, pour des raisons économiques, dans le centre de formation maison, Karembeu sera de cette bande amenée à ambiancer le championnat de France de la première moitié des nineties avec, en apothéose, le titre de 1995, des montées rageuses toutes dreads dehors et des combinaisons parfaitement huilées avec Claude Makelele.
Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.
#16 - Éric Carrière
Selon Wikipedia, « Éric Carrière, né le 21 mai 1957 à Gaillac (Tarn), est un acteur et humoriste français, qui forme avec Francis Ginibre le duo Les Chevaliers du fiel » . La confusion est aisée. Avec ses maillots et ses shorts trois fois trop grands, sa carrure de mec qu’on n’appelle pas pour un déménagement, et sa couleur de peau qui va chercher aux dernières extrémités des nuances de blanc, l’homonyme du comique troupier ne ressemble pas non plus à un footballeur. Tous les recruteurs de son sud-ouest se sont d’ailleurs laissés berner, ne le jugeant pas assez athlétique pour entreprendre une carrière de footballeur et lui fermant ainsi les portes des centres de formation. Finalement intégré à la Jonelière à… 22 ans, Éric Carrière (le vrai) est peut-être l’un des premiers joueurs au monde à s’entourer de toute une équipe de coachs personnels. Stratégie payante, le petit fantôme devenant la pièce-maîtresse du Nantes de Raynald Denoueix qui décroche deux coupes avant de s’offrir le dernier titre en date du club en 2001. Discret, Carrière donne pourtant l’impression aux Canaris de jouer à douze ou treize, infatigable délivreur de caviar à ses coéquipiers et buteur occasionnel. Malgré ses trois titres avec Lyon par la suite, c’est bien 2001 qui constitue l’apogée de sa carrière, avec un titre de meilleur joueur du championnat ainsi que de meilleur passeur, puis une flambée sans lendemain en Coupe des confédérations avec l’équipe de France. Depuis, Éric Carrière est devenu le meilleur consultant télé du pays, et la France entière attend qu’il en devienne le meilleur entraîneur. Mais monsieur se fait attendre. Sans doute occupé à écrire un spectacle des Vamps ou de Chantal Ladesou.
Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.
#15 - Viorel Moldovan
Quand Viorel revenait six mois après
Après trois ans seulement au FC Nantes, Viorel Moldovan est presque invité à faire ses valises par le club. Il tente alors le dernier contrat à la mode, dans les Émirats… et rentre six mois plus tard là où il aurait dû rester pour une dernière pige. Et pour le meilleur.
« Ce n’était pas pour moi les Émirats arabes unis. C’était une erreur. » Dans la carrière de Viorel Moldovan, le FC Nantes a une place particulière qui relève souvent du rendez-vous manqué. Longtemps pisté par le club, sans que la signature ne se concrétise, il faut attendre la fin du mois d’août de l’an 2000 pour qu’il porte enfin le maillot canari. Cela fait alors quatre ans que le club a sondé le joueur. « En 1996, j’étais meilleur buteur dans le championnat suisse. J’ai eu l’occasion à ce moment de parler avec Robert Budzynski. Il est venu me voir avec Coco Suaudeau aussi, mais finalement, d’après Robert, il a changé d’avis. C’est comme ça. » Il arrive donc après quelques années de plus et une étape à Fenerbahçe, pour gagner de suite le championnat de France. Le mariage a été long à venir, la nuit de noces est sublime. À 30 ans, Moldovan est dans un club rêvé pour terminer sa carrière comme il le souhaite.
Faux départ
Pourtant, à la fin de la saison 2002-2003, le Roumain est invité à partir. Comme souvent, l’histoire de Viorel Moldovan s’accompagne de l’Olympique de Marseille en toile de fond. L’OM a été le premier adversaire, à la Beaujoire, pour une entrée gagnante. Il sera donc le dernier. Le 24 mai 2003, Moldovan s’apprête à faire ses adieux au FC Nantes et à la Beaujoire. Pour l’occasion, Angel Marcos le place… sur le banc. Le public réclame son dû et son héros. Il est récompensé à la 58e minute. Dans la tribune Loire, la banderole est explicite, avec un arrière-goût de reproche pour les dirigeants : « Merci Viorel, nous on n’a pas oublié. » Contre son gré, c’est la fin de l’aventure nantaise pour Moldovan. Il explique aujourd’hui : « Le club n’a pas voulu me prolonger… J’étais vexé. Je savais que j’avais du potentiel encore et que je pouvais apporter de bonnes choses à l’équipe. Dans la précipitation, j’ai signé aux Émirats. » Trop tôt.
Départ en coulisses
Dans les coulisses, à Nantes, les événements se bousculent. Sitôt la saison terminée, Angel Marcos doit partir à son tour. Loïc Amisse est nommé officiellement à la tête de l’équipe première et… fait les yeux doux à son buteur. L’entraîneur souhaite ardemment pouvoir compter sur son buteur. Pour Moldovan, l’offre arrive de toute manière trop tard. L’imbroglio montre que les choses ne tournent plus rond au sein du club. « J’ai donné ma parole, je ne peux pas revenir dessus. » L’aventure aux Émirats n’est toutefois pas une réussite. Moldovan tente de faire le trajet inverse en cassant son contrat. « J’ai fini par réussir. » Après un mois à peine avec Al-Wahda, il rentre en France « sans avoir l’autorisation en revanche de jouer avant janvier. Je me suis entraîné avec l’équipe en attendant. »
Top départ
Moldovan fait son retour contre Le Mans, pour un match de Coupe de France. Comme à la belle époque, il marque déjà, de la tête. Le FCNA passe aux tirs au but. La machine est lancée et ne s’arrête plus pendant trois mois. « J’avais bien sûr la motivation de montrer ce que je valais. C’est pour cela sûrement que j’ai autant marqué à cette époque. » Toutes les équipes passent sous le rouleau compresseur d’une équipe qui a enfin retrouvé un joueur pour concrétiser les actions. Toutes les équipes sauf une : le Stade rennais. Pour le quart de finale de Coupe de France, à 30 minutes du match, les Rennais posent une réserve à cause d’une histoire de visa pas à jour du côté de la Fédération. À l’époque, Budzynski est amer : « La femme de Viorel nous a amené le passeport de son mari, nous avons alors envoyé une copie à la LFP, et il était donc qualifié à une minute du coup d’envoi. Mais, pour effacer tout doute, et vu l’énervement de Viorel avant le match, et comme il avait mal au cou, il valait mieux ne pas le faire jouer. » Nantes passe malgré tout et peut soudainement rêver à une fin de saison folle, entre deux demi-finales de coupe à jouer et une possibilité de place européenne en championnat. Sur la photo-finish, l’impression est plus mitigée. Sixième et battu par Sochaux aux tirs au but en finale, Nantes n’aura pas l’Europe. Pour Moldovan, après son triplé contre Montpellier le 29 mars, il accuse le contre-coup d’une saison étrange. Les blessures reviennent. Le FCNA perd sa confiance et ne propose qu’un petit contrat à son buteur providentiel. C’est à nouveau le temps de faire ses cartons. Mais cette fois-ci, Moldovan a compris : il lui faut de la fidélité avant tout. S’il faut partir, ce sera pour revenir vers son premier amour, la Suisse. Et « sans jamais oublier les années nantaises » , promet-il aujourd’hui.
Aurait pu figurer à cette place : le polyvalent Nicolas Savinaud.
Par Ronan Boscher, Thomas Pitrel, Victor Le Grand et Côme Tessier