- Top 50
- OL
Les 50 joueurs qui ont écrit l’histoire de l’OL (du 4e au 2e)
De Nilmar à Rémi Garde, de Benzema à Georges Dupraz, voici les 50 joueurs qui ont vraiment marqué l'histoire de l'Olympique lyonnais. Aujourd'hui, les places de 4 à 2.
#4 - Serge Chiesa
Chiesa, le génie libre
Un OVNI. Sans doute un homme qui n’aurait pas pu évoluer dans le football d’aujourd’hui, trop rigide, trop fermé, trop aseptisé. Alors que Serge Chiesa, lui, a toujours eu besoin de liberté. Peu importe le prix qu’elle avait. Ainsi, en 1974, à trois jours d’un match éliminatoire de l’Euro 1976, face à la RDA, il quitte soudainement le rassemblement de l’équipe de France. Les raisons ? Il se dit que le joueur ne supportait pas les mises au vert, les stages, l’éloignement avec sa famille. D’autres bruits laissent entendre qu’il n’avait pas spécialement de bons rapports avec ses coéquipiers en sélection. Mais dans le fond, la vérité reste encore floue, d’autant que quarante plus tard, l’homme ne veut toujours pas en parler : « Je n’aime pas du tout revenir sur cet épisode-là. Le foot, c’est fini depuis longtemps, et il y a un temps pour tout. Quand on est à la retraite, ça ne sert à rien de faire le vieux con à ressasser l’ancien temps. À l’époque, on a presque voulu me fusiller pour ça. C’est très loin, c’est fini. Je ne vis pas dans le passé, dans les souvenirs. »
Si on ne saura probablement jamais ce qui l’a poussé à faire ses valises ce jour-là, toujours est-il que Chiesa prend donc sa retraite internationale à 24 ans après seulement douze rencontres disputées pour trois buts inscrits. Une mauvaise nouvelle pour la FFF, clairement. Mais une agréable surprise pour les supporters de l’Olympique lyonnais, car désormais le milieu de terrain peut se consacrer exclusivement à son club de cœur. Car s’il a failli signer à l’AS Saint-Étienne alors qu’il n’était qu’un gamin en train de parfaire sa formation à l’AS Montferrand, c’est bien à Lyon que Chiesa a décidé de venir distiller ses dribbles. À la plus grande joie des Gones. Technicien hors pair, le natif de Casablanca n’a pas mis longtemps avant de mettre Gerland dans sa poche. Ses remontées folles, ses dribbles venus d’ailleurs, ses passes millimétrées et surtout ses nombreux buts ont fait de lui une des légendes du club. Il faut dire qu’au total, le milieu de poche (il mesure 1m68) sera resté quatorze ans avec le lion sur la poitrine. Quatorze années au cours desquelles il aura disputé 541 matchs, ce qui fait de lui, encore aujourd’hui, le joueur le plus capé de l’histoire du club. Seul point noir : l’armoire à trophées. Au cours de cette longue période, Serge n’aura pu y mettre qu’une Coupe de France, remportée en 1973. Un bien maigre bilan, pour un joueur de sa trempe.
En 1983, à 33 ans, lessivé par toutes ces années au plus haut niveau, Chiesa fait ses adieux à l’OL, s’offre un dernier challenge à Orléans, avant de filer vers sa ville d’enfance, Clermont-Ferrand, où il disputera quelques matchs avec le club local. La suite, il décide de la mener loin du foot : « Je ne me voyais pas continuer dans le foot, mais il fallait bien trouver quelque chose. Je connaissais un autre footeux, Alain Moizan, avec qui je jouais à Lyon, qui avait ouvert un tabac/presse. Après avoir discuté deux-trois fois avec lui, j’ai décidé de partir sur ça également. » Et dans son commerce situé à Riom, près de Clermont-Ferrand, l’ancien joueur jouit d’un certain anonymat. Pour son plus grand plaisir : « Au quotidien, les gens ne me reconnaissent absolument pas. Je peux vous certifier qu’ils ne viennent pas pour moi. Il y a vingt ans, quand j’ai commencé l’affaire, oui, il y avait quelques personnes qui me reconnaissaient, mais aujourd’hui plus du tout. Personnellement, ça ne me dérange pas du tout. J’ai eu une partie de ma vie un peu plus dans la lumière, et une autre comme un citoyen lambda et ça me convient parfaitement. » Un homme à part, tout simplement.
Propos de Serge Chiesa recueillis par GM dans le So Foot n°120
#3 - Sonny Anderson
Très cher Sonny Anderson
Il y a 18 ans, l’Olympique lyonnais accueille Pathé dans son capital, avec dans l’idée de passer un cap : dominer la France et exister en Europe. Symbole de ces ambitions nouvelles, Sonny Anderson, pour lequel l’OL débourse 120 millions de francs, record à l’époque. Un investissement rentable au vu des quatre années de Sonny Goal en terres lyonnaises.
L’histoire est écrite noir sur blanc dans Le Progrès du 5 mai 2002, un article signé Christian Lannier. Le groupe Pathé vient d’entrer au capital de l’Olympique lyonnais, et n’a pas l’intention de laisser stagner le nouvel ambitieux du foot français. Jérôme Seydoux, le patron de Pathé, parle à l’entraîneur Bernard Lacombe entre quatre yeux : « Bernard, quels sont vos souhaits pour la saison prochaine ? » L’ancien attaquant des Bleus à un nom en tête, mais rechigne à le partager car « il joue à Barcelone, mais il est hors de prix » . Cela dépend pour qui, car quand Lacombe avance la somme de 120 millions de francs – à peu près 18 millions d’euros, une somme jamais dépensée jusque-là par un club français -, le papy de Léa Seydoux ne se défile pas : « Il n’y a qu’à l’engager ! » Bernard Lacombe est quitte pour aller chercher son nouveau jouet et faire le trajet Barcelone-Lyon dans la foulée avec le Brésilien sur le siège passager. L’Olympique lyonnais vient de passer un palier, celui des moyens financiers à hauteur de ses ambitions, et Sonny Anderson devient le symbole de cette nouvelle ère. À 29 ans, il doit être le fer de lance du futur plus grand club français des années 2000. Quatre saisons où il participe à la montée en puissance lyonnaise : qualifications européennes annuelles, victoire en Coupe de la Ligue 2001, titre de champion 2002 et 2003. Les succès collectifs correspondent à une maestria personnelle durant les deux premières saisons, que Sonny Goal achève meilleur buteur de Ligue 1. Avant d’assister, diminué, mais toujours efficace, à la prise de pouvoir de Juninho, son héritier comme joueur numéro 1 de l’effectif rhodanien.
Au total, Anderson à Lyon, c’est 71 buts en Ligue 1, 16 de plus dans les compétitions européennes dont un triplé mémorable contre le FC Bruges en décembre 2001, pour remonter une défaite 4-1 à l’aller en Belgique. Des chiffres à donner le tournis qui ont effacé un démarrage raté à l’été 1999, quand juste après son recrutement, Sonny Anderson assiste impuissant à l’élimination contre les Slovènes du Maribor en tour préliminaire de la Ligue des champions. Un premier accident industriel pour l’OL version Pathé, qui vaut à Anderson de se chauffer avec les supporters lyonnais : « Je n’étais pas encore à 100%, mais il fallait que je joue ce match de Maribor. On s’est fait éliminer. Je suis allé tranquillement le lendemain avec mes enfants à l’entraînement et il y avait des gens cagoulés, violents, qui ont tapé ma voiture. À ce moment-là, je me suis dit qu’il fallait que je rencontre les supporters. J’ai dit : « S’il y a encore une seule violence, je quitte le club, je m’en vais. C’est normal que vous ne soyez pas contents, mais laissez-moi retrouver la forme. » Le week-end suivant, on joue le Paris Saint-Germain à Gerland. Je provoque un penalty sur le côté du virage nord. Je frappe, on gagne 1-0. À partir de là, ils m’ont respecté et, par la suite, on a créé une relation très, très forte. » Quatre années plus tard, le Brésilien quitte le club par la grande porte direction Villarreal. Il est arrivé chez un challenger pour le titre en France, il part d’un club qui vise désormais une victoire européenne. Son cadeau de départ ? Une frappe de 30 mètres à Gerland contre le PSG. La capitale des Gaules le lui rend bien avec un stade à son nom dans le deuxième arrondissement et un jubilé devant 30 000 personnes en 2007. Depuis, son départ, la relation avec l’OL n’a jamais été totalement coupée, entre un rôle d’ambassadeur et entraîneur des gardiens de 2006 à 2011 et des discussions autour d’un rôle dans le staff technique au moment de la prise de fonctions de Bruno Genésio à l’hiver 2015. Entre Sonny Anderson et l’Olympique lyonnais, la relation amoureuse ressemble à une braise vacillante qui ne demande qu’à reprendre.
Propos de Sonny Anderson extraits d’une interview pour So Foot signée Flavien Bories
#2 - Fleury Di Nallo
Di Nallo, le petit prince
Entre Gerland et Di Nallo l’histoire est belle. Il faut dire qu’elle prend ses racines à l’enfance. Gamin, le jeune Fleury grandit en effet à deux pas de l’endroit où il allait devenir une légende : « Quand j’étais jeune, ma famille et moi habitions à 200 mètres du stade. J’allais à l’école avenue Jean Jaurès, à deux pas du stade également. J’ai passé ma vie dans ce quartier. J’allais voir l’OL quand j’avais dix ans avec les copains. Et je me suis toujours dit : « Un jour, c’est moi qui jouerai là. » Depuis tout gamin, c’était mon rêve. » Un rêve qui finira par se réaliser. En toute logique.
Repéré par Jean Tamini, responsable technique de l’OL, Di Nallo n’a que seize ans lorsqu’il débarque à l’OL. Son club. Celui qu’il aimait tant et dont il ne ratait jamais aucun match. Après une année passée à jouer avec la CFA, Gaby Robert, l’entraîneur de l’époque, lui donne sa chance le 21 août 1960, lors d’une rencontre face à Reims. Fleury n’a que dix-sept ans. Et vit la chose avec ses yeux d’enfant : « Je me souviens très bien de ce premier match. À l’époque, Reims, c’était la grande équipe française. J’ai joué contre mon idole de jeunesse, Roger Piantoni. C’est inoubliable. À l’époque, on n’avait pas de télévision, mais j’arrivais à suivre ses exploits. J’aimais beaucoup ce joueur. C’était la grande équipe… Ils étaient champions, ils jouaient contre le Real… » Malgré son jeune âge, le Gone reste dans le groupe professionnel toute la saison et fera, au total, sept apparitions en première division. Le temps de finir sa formation. L’année d’après, déjà, il n’est plus question de cirer le banc. Attaquant redoutable, doté d’un instinct de buteur dantesque, le môme de Gerland devient l’une des pièces maîtresses de l’OL. Tout le monde est sous le charme de ce joueur à la jeunesse ardente, au talent insolent. Des dirigeants à ses coéquipiers en passant par les supporters. Et même les journalistes. C’est d’ailleurs une plume de L’Équipe qui lui offre son surnom : « Le petit prince de Gerland. » Dans les plus hautes sphères du football français, on est également conquis. Et le 11 novembre 1962, celui que ses proches surnommaient « La Fleur » est appelé en équipe de France pour un match face à la Hongrie. Si les Bleus s’inclinent sur le score de 3-2, Di Nallo, âgé de seulement dix-neuf ans, ne manque pas son premier rendez-vous international et claque les deux buts de son équipe. Ce qu’on appelle des débuts fracassants. Pourtant, malgré des performances toujours convaincantes avec l’OL, l’attaquant ne connaîtra que dix sélections entre 1962 et 1971. Pour un total de huit buts, tout de même. Un regret, sûrement, mais peu importe, à Lyon, il est bien le roi.
Et il assume son statut de leader. Car en enchaînant les buts à la pelle, Fleury commence à porter l’OL vers les prémices de sa gloire. En 1964, alors que le club ne compte jusqu’ici que deux titres de champion de deuxième division, le petit prince et sa bande parviennent à soulever la Coupe de France. Le premier vrai trophée lyonnais. Un moment d’histoire. Qui se répétera deux fois. Et à chaque fois, Di Nallo en est. Avec le brassard autour du bras. Il sera même buteur lors de la seconde finale remportée en 1967. Avec, en prime, un cadeau qu’il n’est pas prés d’oublier : « Le général De Gaulle m’a remis la coupe et m’a dit exactement ces mots : « C’est bien, petit. » Il n’a pas remis deux coupes ni trois. Il n’en a remis qu’une seule, et c’était celle-ci. » En 1974, un an après sa dernière coupe remportée, Fleury Di Nallo décide de quitter l’OL après quatorze années de bons et loyaux services. Très bons, même, puisque avec 222 buts inscrits, il part avec la couronne de meilleur buteur de l’histoire du club. Une couronne qu’il n’enlèvera probablement jamais : « Je suis heureux de savoir que je ferai toujours partie de l’histoire du club, que je resterai le prince de Gerland et le meilleur buteur de l’OL. Je ne pense pas que mon record sera un jour battu. Donc je peux mourir tranquille. » De toute façon, c’est bien connu, les légendes sont immortelles.
Propos de Fleury Di Nallo recueillis par Gabriel Cnudde pour sofoot.com
Par Nicolas Jucha, Maxime Feuillet, Gabriel Cnudde et Gaspard Manet