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Les 50 joueurs qui ont écrit l’histoire de l’AS Monaco (29e au 15e)
En plus de quatre-vingt-dix ans d'histoire, l'AS Monaco a vu défiler un carré VIP monstrueux, de Marco Simone à Jürgen Klinsmann, de George Weah à Marcelo Gallardo en passant par Delio Onnis. Voilà le gratin.
#29 - Jérôme Rothen
Fin de l’exercice 2001/2002. L’ASM finit douzième au classement, clairement pas une place pour une équipe de ce standing. Campora vire alors Puel et lance « la Dèche » . Ce dernier va apporter quelques changements. Fini Jugović, Simone, Panucci, Bierhoff, place à Giuly, Givet et Rothen. « Monaco, c’était énorme. La seule ombre au tableau, ce sont les quatre premiers mois. » Quand Jérôme Rothen parle de son arrivée à Monaco, dans le numéro 57 de So Foot, on pourrait croire au début d’un calvaire. Sauf que la réalité est tout autre. Même si l’équipe finit à la quinzième place, l’année d’après, Monaco se hisse à la seconde marche du podium. Et avec son gauche caviar, Rothen a grandement participé à redorer le blason de ce club qu’il aime tant. Co-meilleur passeur, avec Deco, de la Ligue des champions où l’ASM échoue en finale, il n’a cessé de distiller des centres qui permettaient à n’importe quel attaquant de marquer. L’été qui suit cette finale, Rothen aurait pu caresser, avec les ballons, les millions des grands clubs européens. Mais Jérôme préféra l’amour. L’amour du PSG, lui qui gamin se rendait déjà dans les travées du Parc en famille.
#28 - Luc Sonor
La question fuse : « Comment puis-je te faire confiance ? » Un été 1986, à Metz. Luc Sonor est sûr de lui. Dans quelques semaines, il sera à Paris, au Racing. Sur le papier, la proposition financière est belle, presque impossible à refuser. Puis, une petite voix. « Un jour, je reçois un coup de fil d’Arsène Wenger, jeune entraîneur de Nancy, qui va descendre en D2. Il m’annonce que, dans un an, il va à Monaco et qu’il faut que je vienne dès maintenant. (…) Je n’ai pas envie d’y aller. En plus, j’apprends que Kovács va entraîner l’année où j’arrive. J’ai beaucoup de respect pour lui, mais je regarde le recrutement, je le trouve bizarre. (…) Je n’étais pas bien, mais je pensais à cette phrase d’Arsène Wenger : « Attends-moi, j’arrive dans un an, non seulement tu vas jouer à ton poste, mais je vais faire de toi un international. » » Bingo, en 1987, Wenger débarque à Monaco et va changer la vie de Luc Sonor. Autour de lui, des jolis produits : Battiston, Amoros, Bijotat, Bravo, Hoddle, Hateley… Changement de vie, d’hygiène, d’exigence. Le style Sonor, lui, résiste et restera en Principauté jusqu’en 1995. En devenant international avec Wenger, forcément.
#27 - Jürgen Klinsmann
Arrivé après un improbable jeu de chaises musicales entre le PSG et l’ASM, Klinsi et sa classe étaient faits pour la Principauté. S’il n’est pas totalement parvenu à faire oublier George Weah, le buteur allemand aura éclaboussé de son romantisme presque français le championnat pendant deux saisons.
Un homme qui roulait en Coccinelle et dont la principale préoccupation était de savoir où trouver des framboises bio sur la Côte d’Azur, mais qui n’a pas hésité à faire pleurer Wiliam Prunier un soir où il avait envie d’enfiler les caramels. Mi-ange, mi-démon, total frisson.
#26 - Gaël Givet
On ne sait pas bien ce qu’il faisait là, dans un coin de la surface des joueurs de La Corogne. Mais son coup de tête rageur a offert le 4-0 à Dado Pršo. Qui sait ce qui aurait pu se passer dans ce match fou sinon ? Peut-être que Diego Tristán aurait fait une Pandiani, peut-être même que Walter Pandiani lui-même aurait fait une Pandiani. Que Monaco se serait fait chiper son billet pour les huitièmes par le PSV Eindhoven, que Didier Deschamps serait considéré comme un loser… Le lendemain de la démission de la Desch’ en septembre 2005, capitaine Givet a d’ailleurs gagné à lui seul un match à neuf contre onze face à l’ESTAC de Benjamin Nivet. Ça vous pose un homme. À travers lui, ce sont également Julien Rodríguez, Diego Pérez et François-Joseph Modesto qui hantent ce top. Avec ses chicots d’animal sauvage et sa grinta d’un autre âge, jamais il n’aura renoncé à faire la guerre et à donner de l’amour, en latéral ou en central, en Ligue des champions ou en DHR. En rouge et blanc, pour toujours.
#25 - Lucien Cossou
Champion du monde militaire en 1957, Lucien Cossou était de cette race d’attaquants pour qui le fameux ratio des 0,5 but par match n’était pas un problème. Deux Coupes de France, dont une où il est décisif en finale, deux titre de champion et une centaine de buts au cours de ses six saisons passées à l’ASM, le joueur d’origine gréco-béninoise né à Marseille et fan de l’OM sera à jamais le premier grand goleador du club de la Principauté. Avec comme point d’orgue, quarante ans pile avant que Dado Pršo ne l’imite, ce quadruplé contre l’AEK Athènes, premier chapitre marquant du roman d’amour entre l’AS Monaco et la C1.
#24 - Thierry Henry
Un signe qui ne trompe pas. Statut de champion de France en titre oblige, l’AS Monaco se devait d’assurer le lancement de sa campagne d’abonnements pour la saison 2016-2017. Alors, le 14 juin dernier, le club princier a dégainé une photo pour siffler le début de la course aux season tickets : en bas, un père portant un maillot de Thierry Henry, en haut, sur ses épaules, un fils avec un maillot du successeur désigné, Kylian Mbappé. Depuis quelques mois, le parallèle est venu naturellement. Lorsqu’il débarque à Monaco en juillet 1993, Henry est pourtant un gamin à cadrer. Sur le terrain, le gosse des Ulis est déjà au-dessus, il suffit de le serrer de près en cours. Ce sera la mission d’Arsène Wenger. Pour un joyeux bordel : une première chez les grands à dix-sept piges, une explosion en 1996-1997 avec Anderson et Ikpeba, un titre de champion de France, un statut de meilleur espoir de D1, un été 1997 interrompu pour aller rejoindre les Bleus, des premiers buts européens… Le projet Henry vient de décoller.
#23 - Yvon Douis
Été 1961, Monaco perd son capitaine Raymond Kaelbel qui file au Havre. À l’époque, on fait du troc : Georges Taberner et Yvon Douis font la route inverse. L’élégant attaquant marquera de son empreinte le Rocher après avoir porté Lille tout en haut quelques années plus tôt. Acteur majeur du doublé coupe/championnat de 1963 avec la clique de Théo, Cossou et Hidalgo, il sera tout bonnement élu meilleur joueur français cette année-là. Sa spécialité ? Claquer des triplés contre les voisins : Nice, Toulon… Tous y sont passés. Le prince des derbys, oui, c’est bien Douis.
#22 - Fernando Morientes
Patrice Évra ne peut pas oublier : « Nous, on est là, on pense que Morientes c’est Nando, c’est notre petit pote. Mais non, lui aussi c’était un galactico. Pour moi, sur cette campagne, c’était un galactico. Et il l’a prouvé. » (Extraits du documentaire Les yeux rouges, ndlr). Le mercredi 24 mars 2004, l’AS Monaco a rendez-vous avec l’histoire, son histoire, à Madrid face au Real. Quelques mois plus tôt, Fernando Morientes était au Real, lui aussi, avant de devenir une victime du système Pérez. Alors, pour rebondir, l’international espagnol débarque à Monaco, histoire de suppléer la blessure estivale de Shabani Nonda. Il n’a rien à prouver, quasiment plus rien à écrire et s’il est là, c’est avant tout pour reprendre du plaisir. Chaque membre de l’épopée de 2004 est unanime : sans Morientes, l’AS Monaco n’aurait jamais touché sa finale de C1, simplement parce que l’Espagnol était la caution expérience au milieu d’un effectif de puceaux rêveurs. Résultat, c’est lui qui marquera à l’aller à Bernabéu le but de l’espoir alors que le Real menait 4-1, lui qui claquera le but du 2-1 au retour, lui qui inscrira le second contre Chelsea en demi-finale aller et lui qui qualifiera l’ASM en finale au retour au Bridge (2-2). Morientes était dans une autre dimension. Sa force restera à jamais de ne pas y être allé seul.
#21 - Rafael Márquez
Quatre ans après avoir recruté Rafael Márquez, pièce essentielle de l’incroyable dream team de l’an 2000, Biancheri confesse dans France Football, dépité : « Je ne sais pas exactement comment les deux clubs se sont entendus. Je pensais qu’il serait vendu beaucoup plus cher. » Nous sommes en 2003 et Monaco, accablé par une dette colossale, vit une révolution en coulisses dont va profiter un certain Jorge Mendes, déjà. Le Barça hésite cet été-là entre Ayala et Márquez, mais est en manque de liquidités. Au terme d’une tractation rocambolesque, Mendes, désireux de s’implanter en Catalogne, va rouler le novice Pierre Svara pour impressionner Johan Laporta. Barcelone engage finalement le prodige mexicain pour cinq petits millions, quand il en mettait trois fois plus pour Christanval deux ans auparavant. Reste ce souvenir d’un joueur phénoménal qui pourrait prétendre au titre de défenseur le plus classe de l’histoire de l’AS Monaco. Derrière François-Joseph Modesto, évidemment.
#20 - Lucas Bernardi
En France, il y aura toujours deux Lucas Bernardi. Celui de l’OM d’abord, obligé de quitter le club au bout de sa première saison pour gonfler les finances. Celui de Monaco ensuite, que la Ligue 1 s’est prise à aimer comme on aime un clébard magnifique. Sur le terrain, Bernardi, c’était ça : un aboyeur, un capitaine, un chien fou, un bosseur de l’ombre, mais également le ventricule gauche, là où Andréas Zíkos restera son plus beau ventricule droit. L’international argentin (six sélections) rêvait de finir sa carrière à l’AS Monaco, Jérôme de Bontin préféra le libérer. La touffe de Lucas Bernardi ira donc finir de s’agiter chez lui, en Argentine, où il est aujourd’hui devenu un entraîneur respecté à Godoy Cruz.
#19 - Ali Benarbia
Ali Benarbia n’a jamais été un mec comme les autres. Au moment de rembobiner ses premières années monégasques dans les colonnes de Libération, à quelques jours d’une demi-finale de C3 contre l’Inter en 1997, le fils d’Oran avait été cash : « Les gens ne me connaissent pas, ou ne se souviennent pas. Je pense qu’à Monaco, j’ai régressé par rapport au niveau que j’avais à Martigues. » Le foot, pour Ali, c’est sérieux et surtout une histoire de travail bien fait. Son job à lui était avant tout de faire briller les autres – Anderson, Ikpeba, Henry – avant de choper les projecteurs. Benarbia était comme ça, mais aussi une étincelle de folie ayant pris le relais d’Enzo Scifo à partir de la saison 1996-1997. Le Monaco de 1997, c’était aussi celui d’Ali Benarbia. Celui de 1998, c’était celui de son tandem avec Trezeguet, celui qui fera sauter Manchester United en quarts de C1 avant de tomber face à la Juve. Définitivement différent.
#18 - Youri Djorkaeff
Youri Jivago est un médecin, mais aussi poète. Ce n’est pas pour rien que son père « Tchouki » le nomme d’après le personnage principal du film Le Docteur Jivago, rôle interprété par Omar Sharif. Youri Djorkaeff, lui, délivre des poèmes à sa manière. Comme lors de ce Monaco–Martigues où le Snake va inscrire un quadruplé. Pénalty, lob, chevauchées, tout y passe. Un vrai poème pour celui qui venait de fêter sa première sélection. En cette saison 1993-1994, il va d’ailleurs finir meilleur buteur du championnat (20 buts) avec Nicolas Ouédec et Roger Boli. Buteur, mais pas que. Ce n’était pas réellement un 9 ni un 10 : « Un jour, on m’a demandé dans quelle position je jouais. J’ai dit neuf et demi. » Un poète prophète.
#17 - Sonny Anderson
Il ne suffit pas d’empiler de grands talents pour gagner. Sonny Anderson le sait. Lorsque le Brésilien déjeune avec Arsène Wenger et le président Jean-Louis Campora après sa signature, il comprend très vite qu’à Monaco, il n’est pas là simplement pour empiler des buts. Il va former une famille avec Barthez, Scifo, Henry et tout le reste du groupe asémite. C’est avec eux qu’il va pouvoir montrer à l’Europe tout son talent. C’est grâce à la qualité de l’effectif, mais aussi à cette osmose entre les joueurs que chacun a pu pleinement exploiter son talent. Preuve en est, juste avant de partir pour Barcelone, Monaco glane le titre de champion de France devant le Paris Saint-Germain et Nantes. « Quand vous allez être champion de France, vous le sentez dès le début de la saison. » Après deux saisons sous le maillot diagonal, Sonny sentait qu’avec ses « amis » , comme il le dit, le groupe pouvait tout remporter. C’est sûrement une marque de fabrique du club, quand on voit le groupe de l’épopée en 2004, ou celui qui a remporté la Ligue 1 cette saison.
#16 - Fabien Barthez
Il était l’héritier. Quand Fabien Barthez débarque sur le Rocher en 1995, c’est bien plus qu’un gardien de but que le club de la Principauté recrute. C’est l’élu, le successeur d’Ettori, le futur meilleur gardien du monde. Pour ses performances, son aura et même son attachement au club – il envisageait sérieusement de finir sa carrière à Monaco –, Fabulous Fab mériterait sans doute le top 10. Mais voilà, le chouchou du prince Albert est parti sur une note amère, à l’issue d’un dernier titre dont il n’aura même pas été un des hommes forts. En cause ? Son attitude lors du fameux match au Vélodrome d’avril 2000 où l’OM jouait sa survie. Claude Puel, encore très marqué par les années Tapie, voit la plupart des joueurs lui tourner le dos. Esseulé, Barthez rejoint finalement Manchester, à qui il avait dit non un an plus tôt, pour prendre la succession d’un autre mythe : Peter Schmeichel.
#15 - Christian Dalger
En 1980, après une victoire en Coupe de France contre Orléans, Gérard Banide veut rajeunir son effectif et consent à laisser partir la sublime doublette du Monaco des 70s : Delio Onnis et Christian Dalger. Pas fou, le docteur Campora accepte de libérer Dalger de son contrat s’il ne rejoint pas Onnis à Tours. Après neuf saisons à l’AS Monaco où il aura presque tout connu, le fidèle ailier droit retourne à Toulon, son premier amour, alors en Division 3. Il le ramènera dans l’élite du football français, comme il l’a fait avec l’ASM quelques années plus tôt. À la différence près qu’en Principauté, il a tranquillement enchaîné accession en D1 et titre de champion de France. Légende.
Par Maxime Brigand, Christophe Depincé et Aina Randrianarijaona