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Le Pen : « Moins on parlait de moi, mieux je me portais »

Propos reccueillis par Florian Cadu
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Le Pen : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Moins on parlait de moi, mieux je me portais<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Ancien de Lorient et de Rennes, Ulrich Le Pen a lâché les crampons en 2010 et mène désormais une vie tranquille, à Laval, où il est vendeur chez Décathlon. Mais n’a pas complètement zappé le monde du football. Dans lequel il aimerait revenir.

Tu as pris ta retraite de joueur il y a sept ans. Tu suis toujours le football ?Oui, je regarde un peu la Ligue 1, la Ligue 2. Et puis la Ligue des champions, le foot anglais… Je reste informé, quand même.

Qu’est-ce que tu fais depuis que tu as arrêté ?Avec mon épouse, on a d’abord ouvert un magasin, chacun de notre côté, de prêt-à-porter à Laval. On a lâché l’affaire, parce qu’on n’a pas forcément ouvert au bon moment, et on a voulu éviter de complètement se casser la gueule. Donc on a préféré revendre. Et j’ai atterri à Décathlon. Où je suis depuis près de trois ans.

Tu fais quoi exactement à Décathlon ?Je suis vendeur aux rayons sports collectifs/golf. Ça me plaît, c’est plutôt sympathique, l’ambiance est agréable. Après, je ne vais pas faire ça toute ma vie.

Les clients te reconnaissent ?Pour la plupart, oui. Ça dépend évidemment de leur âge, mais les « anciens » Lavallois, oui. Leurs enfants, moins. Malgré tout, il y a souvent des papas qui me présentent. Du coup, on discute beaucoup de foot. Surtout que Laval, c’est petit, donc on retrouve les gens rencontrés au stade.

Hormis l’aspect financier, qu’est-ce qui t’a poussé à accepter ce job ?C’est un peu bateau ce que je vais dire : pour se sentir utile, il faut se lever le matin en ayant un objectif. Sinon, tu as un manque quelque part. Moi, j’ai besoin de ça en tout cas. Mais j’ai envie de remettre un pied dans le foot, maintenant.

Cet univers commençait à me titiller, à me taper sur le système. Les nouvelles générations arrivaient, et j’ai perçu un certain manque de respect de leur part. J’ai connu les prémices de l’individualisation du joueur, de la fin de l’esprit de groupe. Or, ce n’était pas du tout ma façon de travailler.

Ça te manque ?Oui. Au début, quand j’ai arrêté, ça ne me manquait pas trop. Sauf qu’on se rend rapidement compte que quand on a passé la majorité de sa vie sur les terrains, on aimerait bien y revenir et transmettre ce qu’on a appris. Pas en tant qu’entraîneur, car je n’ai pas la fibre. Mais je me verrais bien dans le recrutement ou dans la supervision, donner un avis technique et averti sur des joueurs en devenir qui ont des qualités correspondant à un club ou une équipe. Je pense avoir un bon œil pour ce genre de mission. J’ai postulé plusieurs fois au Stade lavallois pour la cellule recrutement, mais ça n’a visiblement pas marché ! (Rires) C’était quasiment fait il y a un ou deux ans, mais c’est tombé à l’eau. C’est la dure loi de la vie.

Pourquoi tu n’as pas continué dans le monde du ballon rond juste après ta carrière ?J’avais vraiment envie de voir autre chose. De couper. Sauf que c’est plus difficile d‘y retourner après quelques années. Quand on vit sa vie de « personnes lambda » , quand on ne se montre plus, on a de moins en moins de contacts. On se fait oublier, et les gens ne pensent plus forcément à vous. On doit alors réapprendre à se présenter, à se « vendre » , et c’est une facette que je ne connaissais pas.

Lorsque ton dernier match est arrivé, tu as dit que tu n’étais pas triste de quitter le foot. Que tu en avais un peu marre de ce monde. Qu’est-ce qui te gênait ?J’avais encore la possibilité de continuer ma carrière un ou deux ans dans d’autres clubs. Mais je n’avais pas envie de redéménager avec ma femme et mes enfants. Et cet univers commençait à me titiller, à me taper sur le système. Les nouvelles générations arrivaient, et j’ai perçu un certain manque de respect de leur part. Je vais donner l’impression d’être vieux jeu, mais à mes débuts, on arrivait sur la pointe des pieds, il y avait le respect de l’ancien et tout ce qui peut aller avec. Aujourd’hui, ce n’est plus du tout le cas. J’ai connu les prémices de l’individualisation du joueur, de la fin de l’esprit de groupe. Or, ce n’était pas du tout ma façon de travailler.

Tu as des exemples concrets ?Bah c’est tout simple, hein : le non-respect des horaires, le non-respect des amendes, le non-respect des réunions… Il y avait plein de choses, et je sentais que c’était de pire en pire. Et c’est vrai que nous, les anciens, on l’a rapidement perçu. Ça m’exaspérait. Il y a des règles en collectivité qu’il fallait appliquer, et on sentait que ça se délitait. En plus, c’est quelque chose contre lequel tu ne peux pas aller. Je pense d’ailleurs que cela se déclare davantage dans les petits clubs.

Je n’ai jamais voulu me montrer, prouver que j’étais quelqu’un de grand… Moins on parlait de moi, mieux je me portais. C’est quelque chose qui ne m’a jamais quitté

Toi, hormis ton court passage en Angleterre (Ispwich en 2001-2002), tu n’as connu que des clubs familiaux. On a l’impression que tu n’étais pas du tout attiré par une vie « bling-bling » , comme d’autres peuvent chercher dans de grands clubs.
C’est vrai que j’aime bien ce côté cocon, ce côté famille. C’était ma priorité avant de se remplir les poches. Après, je n’ai pas eu l’occasion d’aller dans un club huppé. Je n’étais pas forcément assez bon. J’aurais pourtant adoré y jouer, moi ! Mais c’est clair que je n’aurais rien changé. Je n’ai jamais voulu me montrer, prouver que j’étais quelqu’un de grand… Moins on parlait de moi, mieux je me portais. C’est quelque chose qui ne m’a jamais quitté.

Tu as quand même connu de belles choses : l’Angleterre, la Coupe UEFA, une Coupe de la Ligue gagnée avec Strasbourg… Qu’est-ce que tu garderais de tout ça ?L’ambiance qu’on a connue avec la belle génération de Strasbourg à mon retour d’Angleterre. On était de vrais copains. On a vécu de très bons moments. C’est un grand souvenir. La Coupe de la Ligue également. Remporter un trophée, ce n’est pas forcément donné à tout le monde. Et puis ce fameux match contre Valenciennes, quand je suis allé dans les buts. (Le 28 octobre 2006, lors d’un Lorient-Valenciennes, Fabien Audard se blesse avant que son remplaçant, Lionel Cappone, prenne un carton rouge. Ulrich Le Pen prend les gants et enchaîne les arrêts pour donner la victoire à son équipe 1-0, ndlr.)

J’allais t’en parler…C’était vraiment une expérience extraordinaire. Magnifique. J’ai toujours rêvé de jouer dans les buts et j’ai pu le faire. Tout le monde m’en parle. Je dois être le seul gardien de Ligue 1 à n’avoir jamais pris de but ! Ça restera mon grand moment.

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