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Le nombre 42

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Le nombre 42

Tous les ans, c'est le leitmotiv des mal classés, le passe-droit des plus faibles, l'objectif sacré censé garantir le maintien. La barre présumée fatidique des 42 points serait synonyme de maintien, et tout ce qui traîne au-delà de cette ligne de flottaison est condamné à la noyade sans préavis... Même si la réalité et les chiffres sont très loin d'appuyer cette théorie.

La réponse à tout

Dans le Guide du Routard Galactique, série de bouquins de Douglas Adams élevée au rang de culte par les geeks, le nombre 42 est la réponse à la Grande Question sur la vie, l’univers et le reste. Le nombre 42 semble également être la réponse à tous les maux qui menacent les équipes engluées dans la seconde moitié de tableau de notre championnat, car il s’agit de l’objectif comptable que visent presque systématiquement les entraîneurs soucieux d’assurer le maintien de leur équipe. Un exemple ? La semaine passée, René Girard fixait ainsi les priorités de Montpellier pour la fin de saison à venir : « Arriver aux 42 points pour être tranquille et pour pouvoir passer à autre chose avant la finale (de la Coupe de la Ligue, ndlr), ça serait parfait » .

Il semblerait donc que Douglas Adams avait raison : 42 points est la réponse à tout, sans qu’on puisse réellement l’expliquer. Car ce nombre semble surtout aussi fantaisiste qu’il est loin de la moyenne de points réelle qui permet d’assurer le maintien. Après tout, le SM Caen n’a-t-il pas été relégué lors de la saison 2004-2005 malgré un total de 42 points, comme Nancy lors de la saison 1999-2000 ? Mieux : en Ligue 2, Amiens et Guingamp ont récemment accompli la performance d’être relégués avec 43 points. Autant dire que 42 points ne paraît pas vraiment une garantie fiable d’éviter l’ascenseur pour la cave. En réalité, depuis la saison 2002-2003 et le retour de la Ligue 1 à 20 équipes (et en prenant comme base le nombre de points du premier relégué auquel on ajoutera un point, plutôt que le nombre de points accumulés par le 17e), la moyenne de points qu’il convient d’atteindre pour espérer se sauver se situe entre 38 et 39 points (38,375 exactement).

Le fantasme

Nul besoin d’être Michel Chevalet pour comprendre qu’il est absolument impossible d’appliquer une règle mathématique stricte afin de définir le nombre de points permettant d’accrocher le maintien, depuis qu’une victoire vaut trois points et qu’en cas de match nul, deux points seulement sont distribués. Et comme on ne peut prévoir combien d’équipes feront match nul au cours de chaque journée, aucun calcul n’est possible. Et c’est sans doute de là vient la naissance du fantasme des 42 points, la panacée des mal classés : de la nécessité de se fixer un objectif comptable et concret, même approximatif, dans le but de pouvoir calculer le nombre de points à choper encore avant de se sentir en vacances, ou de viser plus haut, comme l’illustre Sylvain Monsoreau, à Saint-Étienne : « D’abord le maintien. Si on atteint rapidement les 42 points, il nous restera ensuite pas mal de matches pour faire un maximum de points » .

On l’aura compris, le nombre paraît, sinon fantasque, du moins très approximatif et en total décalage avec la réalité. Si le maintien se joue en général bien en deçà de 42 points, il est grandement probable qu’il faudra tabler sur davantage que 42 points cette saison pour délimiter la frontière entre les bannis et les miraculés. Dans une Ligue 1 plus serrée que jamais, où une dizaine d’équipes est encore concernée par le maintien et où les écarts sont minimes, il est possible qu’il faille cavaler jusqu’à 43 ou 44 points pour sauver sa tête. Comme semble le penser Franck Dumas, en Normandie : « Le maintien ? Il se jouera à un point de plus que le 18ème ! On va se rencontrer entre concurrents et cela va donc stagner au niveau des points. Mais je dirais 43 points. Il m’est déjà arrivé d’être relégué en Ligue 2 avec 42 points avec Caen » .

La légende

Comme souvent dans le foot français, la théorie du nombre 42 a été inventée par Guy Roux, qui déclarait à la belle époque et dès le début de chaque saison vouloir atteindre au plus vite la barre des 42 points, avant de se concentrer sur d’autres objectifs le moment venu. Une façon de noyer le poisson et de répondre par une boutade plutôt que de se prononcer sur les véritables aspirations de l’AJ Auxerre. Il n’empêche que la légende était née et que chacun semble aujourd’hui s’y référer religieusement, en comptant combien de points il lui manque pour lâcher les chevaux. Comme dirait Alain Casanova : « On n’a pas le droit de faire les malins tant qu’on a pas 42 points » . Et si le nombre 42 n’est pas la réponse au sens de la vie, il est au moins la réponse à tout ce qui survit.

Julien Mahieu

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