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Le mélodrame du stade Vélodrome de Marseille
Face au Feyenoord, l'OM joue gros. En ne parvenant pas à accrocher un résultat positif à Rotterdam (2-3) et en s'écroulant à domicile face à Lyon (0-3), les Marseillais ont converti chacun de leurs matchs restants en un match couperet, leur sort pouvant aussi bien tourner au rêve qu'au cauchemar en quatre - ou cinq - rencontres. Une qualification ce jeudi soir en finale de Ligue Europa Conférence serait un grand pas vers la lumière. Cela tombe bien, l'OM est à domicile. Mais est-ce vraiment une bonne chose, au vu des difficultés que les Phocéens rencontrent cette année dans leur antre ?
La fête aurait pu être magnifique, dimanche dernier. Tout le week-end, les ultras des South Winners n’avaient eu de cesse de repeindre Marseille en orange pour célébrer leurs 35 ans d’existence, et avaient mis les bouchées doubles pour déployer un tifo exceptionnel dans les tribunes du stade Orange Vélodrome, alors que leurs protégés affrontaient l’Olympique lyonnais. Seulement voilà : alors que les gradins étaient encore un peu plus bouillants qu’à l’accoutumée, les Marseillais du terrain, eux, ont déçu, fessés par la troupe de Peter Bosz (0-3). Si bien que leur tour d’honneur pour remercier leurs soutiens n’a pas eu la saveur escomptée.
Cet avant-dernier match à domicile de la saison en championnat, au-delà de relancer les interrogations sur la fin de saison de l’OM, se pose presque en caricature. Depuis septembre – et même avant -, à Marseille, les supporters assurent et les joueurs piétinent. Intraitables à l’extérieur, avec seulement 3 défaites en 17 rencontres et 36 points glanés – ce qui, à l’heure actuelle, est le meilleur bilan du championnat -, les protégés de Jorge Sampaoli affichent une ligne de statistiques bien moins appréciable dès lors qu’ils évoluent sur leur pelouse, avec 8 victoires pour 18 rencontres, et une neuvième place du classement à domicile. Une anomalie maintes fois évoquée par les intéressés, conscients de l’impuissance qui a été la leur trop souvent au cours de la saison. « Ça fait un peu désordre, on perd un peu la tête sur le terrain avec cette obligation de gagner au Vélodrome, lâchait déjà le Pelado en conférence de presse, à la fin du mois du février. Il faut se montrer patients à domicile. Quand on entre sur le terrain au Vélodrome, on a déjà un poids sur les épaules, donc il faut corriger cela. »
L’Europe, l’exception
La campagne européenne de l’Olympique de Marseille déroge pourtant à la règle. Sur le plan des chiffres, du moins, puisque personne n’est parvenu à se payer le scalp bucco-rhodanien au Vélodrome, que ce soit en Ligue Europa ou en Ligue Europa Conférence. Dans les faits, les Phocéens ont eu tout autant de mal qu’en Ligue 1 à débrider les rencontres, alors même que cela était dans leur intérêt, et ce, malgré l’appui toujours remarquable de leur public. En cas de fin tragique en championnat, les quatre nuls concédés à la maison et en supériorité numérique face à Paris (0-0), Metz (0-0), Reims (1-1) et Lille (1-1) laisseront dans les bouches provençales une amertume comparable à celle des matchs de Ligue Europa face à la Lazio de Rome ou Galatasaray, lorsque l’OM ne parvenait pas à gagner son premier match européen de la saison et voyait, à chaque piteux résultat, s’éloigner la qualification. Néanmoins, à l’heure de mater Feyenoord pour s’offrir une finale européenne, le 3 boulevard Michelet reste encore une forteresse imprenable sur le plan continental, et c’est un point à ne pas négliger ; d’autant plus que pour la première fois cette saison, l’OM va recevoir le match retour de sa double confrontation, avec un léger retard à combler. Un scénario qui n’est pas sans rappeler quelques beaux souvenirs.
Quand l’OM décapsulait Red Bull
Thomas, dans les travées du Vélodrome lors du fameux OM-Leipzig de 2018, est catégorique : « C’était sans doute le match de la décennie à voir, pour un supporter. » L’Olympique de Marseille évitant les trappes en Ligue Europa Conférence, les comparaisons avec l’épopée de la campagne 2017-2018 sont en effet allées bon train. Cette campagne au cours de laquelle les Marseillais, après avoir écarté sans ciller l’Athletic Club de Bilbao, s’étaient parés de leur habit de torero, pour mater coup sur coup les deux formations au taureau rouge de Leipzig et Salzbourg. Incapables de marquer dans le temps réglementaire à l’extérieur dans les deux cas, Marseille avait capitalisé sur l’ambiance délirante du Vélodrome et sur sa capacité à faire bouillonner son chaudron. « Vingt minutes avant l’échauffement, les deux virages lançaient le premier« Aux armes », rejoue le supporter. Le parvis du stade était plein jusqu’à 1 heure du matin, comme pour fêter un titre. » Nul doute que ce jeudi soir, le stade Vélodrome sera en fusion, comme au bon vieux temps. Aux joueurs olympiens de faire leur part, pour que le 5 mai ne soit plus seulement une triste date pour le football français.
Par Paul Citron
Propos de Thomas recueillis par PC.