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Le jour où Zidane, Makelele et Thuram ont effectué leur come-back
Lizarazu, Pirès, Desailly, Makelele, Thuram, Zidane... autant de grands noms qui ont pris leur retraite internationale après l'Euro 2004. Mais un an plus tard, les jeunes Bleus de Raymond Domenech n'y arrivent pas. Pire, la qualification pour le Mondial allemand est compromise ! Alors, virage à 180 degrés : les anciens tauliers arrivent à la rescousse. Et le match amical contre la Côte d'Ivoire à Montpellier sera la première pierre du renouveau.
« IL REVIENT. » Poing serré, mâchoire grande ouverte et numéro dix sur la poitrine : la photo en plan italien occupe toute la Une de L’Équipe. Ce jeudi 4 août 2005, Zinédine Zidane sort de sa retraite internationale ! Dans son sillage surgissent Claude Makelele et bientôt Lilian Thuram. Un an auparavant, Zizou renversait l’Angleterre à l’Euro en marquant un doublé dans le temps additionnel. Mais l’échec en quarts de finale contre la Grèce l’a conduit à mettre la tunique bleue au placard. « Après la Coupe du monde 2002, il s’est passé quelque chose. L’Euro a confirmé tout cela. Il fallait changer un peu tout ça : changer d’habitudes, d’équipe, de joueurs » , annonçait le capitaine tricolore sur son site internet le 13 août 2004, en parlant de « décision mûrement réfléchie » .
Attention, danger
Alors, qu’est-ce qui a poussé ZZ, Makelele et Thuram à reprendre du service en équipe nationale ? « Les deux anciens compères du Real Madrid (Thuram n’ayant pas encore officialisé son retour, ndlr) ont compris que le football français était en danger. En danger d’être écarté de la Coupe du monde 2006 » , tonne l’éditorial de L’Équipe à côté de la photo grand format du sauveur. Dès le lendemain, justement, le Galactique madrilène rejette ce costume de « sauveur » , de « Zorro » . « L’équipe de France m’a tellement aidé que j’ai envie de l’aider. J’ai envie d’aider l’équipe de France. J’ai envie d’aider l’équipe de France : je le dis trois fois » , soutient Zidane, toujours dans L’Équipe.
« Leur retour, c’était une volonté en interne, du sélectionneur et de la Fédération, note William Gallas, aujourd’hui consultant pour SFR Sports et qui était alors coéquipier de Claude Makelele à Chelsea. Quand Claude a pris sa retraite, la sélection, on en parlait sans plus. » S’il se souvient des bruits de couloir qui circulaient à ce sujet, Gallas a appris la nouvelle comme le grand public : dans les médias.
Confrontation inédite
Dix points en six matchs. Derrière la Suisse (douze points) et l’Irlande (treize points, un match en plus), les Bleus sont alors troisièmes de leur groupe de qualification et donc provisoirement éliminés de la course à la Coupe du monde. Les hommes de Raymond Domenech vont devoir ramener des points de leurs déplacements périlleux à Dublin, puis à Berne. En attendant, il y a un match de rentrée à Montpellier. Il était prévu de recevoir l’Argentine à Saint-Denis, mais la Fédération argentine a annulé. Puis le Sénégal s’est présenté en remplacement, mais là encore, la Fédération sénégalaise a annulé. Va pour la Côte d’Ivoire et une confrontation inédite.
Malgré l’organisation de dernière minute, la Mosson fait le plein. Évidemment, les « revenants » , tous les trois titulaires, n’y sont pas étrangers. Patrick Vieira blessé, Vikash Dhorasoo complète le milieu quand Florent Malouda et Sylvain Wiltord occupent les ailes derrière Thierry Henry. En face, le trio d’attaque des Éléphants – Didier Drogba, Bonaventure Kalou, Aruna Dindane – a de l’allure. « Je m’en rappellerai toujours, la veille du match, on a travaillé les coups de pied arrêtés offensifs, et Raymond Domenech me disait d’arriver au premier poteau, sans trop d’élan, pour bien couper la trajectoire de la balle » , rembobine William Gallas. À la 27e minute, Wiltord au corner, tête smashée de Gallas. 1-0, comme à l’entraînement ! Ça mérite bien un échange de pouce levé avec le sélectionneur.
Jean-Jacques Tizié, Thierry Gilardi et des cadeaux d’anniversaire
Si Drogba donne quelques sueurs froides à Grégory Coupet, les Bleus retournent au vestiaire avec un avantage flatteur. La seconde période sera plus sereine. L’événement, c’est évidemment le but du capitaine des Bleus. « Sa Majesté » , comme l’appelle Thierry Gilardi à l’antenne. Zidane profite d’une sortie du gardien, Jean-Jacques Tizié, sur un nouveau corner pour planter le deuxième (2-0, 62e). Servi sur un plateau d’argent par Vikash Dhorasoo, Thierry Henry complète la note quelques minutes plus tard (3-0, 65e). « Je me souviens de la date, le 17 août parce que c’était notre anniversaire, à Thierry Henry et moi, et on a tous les deux marqué » , sourit Gallas, qui aura donc inscrit le premier de ses cinq buts chez les Bleus le jour de ses vingt-huit ans.
Le score est sévère pour les Ivoiriens. Les Bleus, eux, amorcent leur renouveau avec cette fameuse victoire en Irlande. Pour Gallas, aucun doute, le retour de Zidane, Makelele et Thuram a été un véritable déclic. « Avec des joueurs comme ça, l’effet prend tout de suite. On s’appuie sur eux, on s’écoute. » Et les retrouvailles à Clairefontaine ? « Comme si de rien n’était. C’était leur château en même temps ! »
Par Florian Lefèvre
Propos de William Gallas recueillis par FL