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Le jour où le PSG a terrassé Twente

Par Florian Lefèvre
5 minutes
Le jour où le PSG a terrassé Twente

Ce mardi soir, le Parc des Princes reçoit Chelsea et retrouve le doux parfum des soirées européennes de gala. Quelques années avant l'arrivée des stars de l'ère qatarie, le Parc a vécu l'une de ses ambiances mémorables lors d'un match de phase de poules de C3. Le 18 décembre 2008, le PSG reçoit alors Twente, avec le maigre espoir de se qualifier en 16es de finale. Récit d’une soirée épique, entre bagarres d’avant-match et scénario de folie.

Le titre de champion de France et le printemps européen sont donc devenus des rendez-vous incontournables. Bien entouré sur le canapé, quelques coupes à moitié remplies aux quatre coins de la table, le PSG est ce genre de clubber qui aligne les bouteilles de champagne avec le confort d’un compte en banque bien garni. Mais il fut un temps pas si lointain où ce PSG entrait en boîte en ayant une dégaine de loser et le regard envieux pour le carré VIP de la Ligue des champions. Dans les années 2000, Paris passait, de temps à autre, des soirées merdiques. Alors, quand l’inattendu lui offrait une conquête de choix pour conclure la nuit, Paris savourait. Un sentiment qui s’est aujourd’hui envolé.



Équipe remaniée, père Noël et grosse baston à Saint-Michel


« Je ne sacrifie pas l’UEFA. » Paul Le Guen a beau se défendre la veille en conférence de presse, ce jeudi 18 décembre 2008, pour la dernière journée de la défunte phase de poules à cinq équipes de la Coupe UEFA, il choisit de laisser quelques cadres – Makelele, Giuly, Hoarau, Rothen – sur le banc. Séduisant en championnat (4e après 18 journées), le Paris Saint-Germain reçoit le FC Twente. Tandis que les Néerlandais ont déjà composté leur ticket pour la suite de la compétition, rien n’est fait pour les Rouge et Bleu : dernier de son groupe, Paris a encore un espoir de se qualifier s’il l’emporte. Mais la donne n’est pas simple, si dans le même temps le Real Racing Santander bat Manchester City (déjà qualifié), le PSG doit alors marquer un but de plus que les Espagnols. En bref, l’aventure européenne a peu de chances de se poursuivre.

« La qualification, pour nous, c’était comme croire au père Noël » , situe Maxime, abonné en tribune Auteuil à l’époque. Archicomble trois jours plus tard pour la réception de Valenciennes, cette fois-ci, le Parc est clairsemé – surtout à Boulogne et Borelli – : pas plus de 30 000 personnes garnissent le « vaisseau » du Sud-Ouest parisien.

La qualification, pour nous, c’était comme croire au père Noël.

Toutefois, l’ambiance est au rendez-vous. Pour les supporters de la capitale, il s’agit d’abord de se faire respecter devant les 1500 Reds bataves massés dans le parcage visiteurs, entonnant les chants au rythme rugissant des tambours nordiques. À quelques heures de la rencontre, une bagarre d’envergure éclate dans une ruelle du quartier de Saint-Michel (6e arrondissement) entre « hooligans » autoproclamés – selon un témoin cité par Le Parisien – des deux camps.

Les événements de Saint-Michel font monter la tension devant le stade. À une heure de la rencontre, des Parisiens chargent des fans visiteurs, armés pour certains de bouteilles de verre. « C’était l’un des derniers Paris United » , poursuit Maxime (comprendre l’une des dernières fois où, malgré leurs divergences, supporters d’Auteuil et de Boulogne s’allient pour en découdre avec les supporters adverses, ndlr). Le stade Jean-Bouin qui jouxte le Parc, est même le théâtre d’une partie des échauffourées, alors qu’un Néerlandais passera la fin de la soirée à l’hôpital… blessé par une hachette. Ambiance.



Twente chante pour Santander


Tricard auprès de Paul Le Guen en début de saison, Peguy Luyindula est titulaire en attaque aux côtés de Mateja Kežman. D’entrée de jeu, la paire presse à la gorge la défense néerlandaise, et Luyindula profite d’une grosse mésentente adverse pour fusiller le gardien. Paris est dans le tempo (1-0, 8e). Alors qu’une bonne partie du public vient seulement de prendre place dans le stade (cf : les bagarres d’avant-match), Marko Arnautović loupe un deuxième face-à-face avec Mickaël Landreau. Quelques minutes plus tard, le portier international tricolore dégaine un nouvel arrêt décisif de la jambe. Alors que la formation de Steve McClaren reprend la maîtrise du jeu, Stéphane Sessègnon met les gaz sur l’aile gauche, dribble la défense, le Béninois inscrit le but du break avec la complicité de Kežman (2-0, 23e), redonnant ainsi la qualif’ provisoire au PSG.

Car dans le même temps, Santander a ouvert la marque face aux Citizens. Bientôt, le chassé-croisé continue, puisque les Espagnols doublent la mise (2-0). À la pause, tout est à refaire. « Santander, Santander, Santander… » , chantent les fans de Twente au Parc des Princes. Au début de la seconde période, la mauvaise nouvelle se propage peu à peu dans l’enceinte : Santander mène désormais 3-0 ! Pire, à l’heure de jeu, Kežman voit son penalty repoussé par la main ferme de Sander Boschker. Ce qui devait assommer les Parisiens allait finalement les transcender.


La minute de folie

Le Guen tente le tout pour le tout en faisant entrer Chantôme, Hoarau et Giuly. Sur le terrain, certains comme Armand ont eu écho d’un quatrième but espagnol – qui n’arrivera jamais. L’horloge tourne, s’arrête l’espace d’une minute. À la récupération côté droit, Marcos Ceará centre au cordeau pour Kežman. Le guerrier serbe se rachète du bout du pied, l’exploit est en marche (3-0, 84e). « À ce moment-là, c’est de la folie, remet Maxime, on sait qu’il ne reste plus qu’un but à marquer, tout le stade pousse l’équipe ! » Les chants laissent place à une clameur générale qui ne fait que monter dans les décibels lorsque Giuly adresse une ouverture magistrale vers Luyindula. Le Parc retient son souffle, l’attaquant se permet le luxe de dribbler le gardien, puis envoie le ballon au fond des filets malgré la pression du dernier défenseur. Le Parc explose (4-0, 85e).

Comme un seul homme, le banc parisien se lève et court recouvrir le héros de la soirée au pied du virage Auteuil.

Voir les mecs assis sur le banc faire 90 mètres pour nous sauter dans les bras, c’est génial.

À 750 km de là, au stade El Sardinero, le but de Felipe Caicedo pour Man City clôt le suspense. « Voir les mecs assis sur le banc faire 90 mètres pour nous sauter dans les bras, c’est génial, réagit Sylvain Armand à chaud. Enfin bon, les remplaçants se sont quand même trompés en m’annonçant que Santander gagnait 4-0 alors qu’il y avait 3-1 ! » Ça n’a rendu que plus beaux l’explosion d’après-match et un certain cri de la victoire.



L’intégralité de la rencontre :

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Par Florian Lefèvre

Tous propos recueillis par FL

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