- France
- Ligue 1
- 13 août 1974
Le jour où le PSG a investi le Parc
Le 13 août 1974, le Paris Saint-Germain reçoit le FC Metz dans sa nouvelle demeure : le Parc des Princes. Tout juste promu en D1, le club parisien n'allait plus jamais quitter son Parc. C'était il y a 41 ans, avec, au poste d'entraîneur, un certain Just Fontaine.
Raie sur le côté, chemise jaune et mains dans les poches, Just Fontaine prend la parole devant une assemblée aux maillots dépareillés. La scène se déroule à Saint-Germain-en-Laye ; le lendemain, le PSG a rendez-vous avec son histoire – qui reste encore balbutiante. « Le problème est simple : si on monte, c’est le Parc des Princes avec 45 000 personnes ; si on monte pas, c’est Saint-Germain avec 1 500 personnes. » Le mots du coach font mouche. « Bien plus tard, certains joueurs m’ont confié que ce discours « subtil » avait trouvé écho au sein de l’équipe » , se souvient Just Fontaine.
Le 4 juin 1974, après un prologue de quatre saisons – entre un titre de champion de D2, une scission avec le PFC et une rétrogradation administrative en D3 -, le Paris Saint-Germain FC ouvre le premier chapitre de son histoire. Au Parc des Princes, les Parisiens affrontent l’US Valenciennes en barrage retour d’accession en Division 1. Battu 2-1 à l’aller, Paris est mené à la pause sur le même score. L’affaire est mal embarquée, mais les Rouge et Bleu inscrivent trois buts dans le deuxième acte, 4-2. Just Fontaine est porté en triomphe par ses protégés. Emporté par l’émotion, l’entraîneur subit même une petite attaque cardiaque avant de retrouver ses esprits quelques minutes plus tard. Assurément, il est à l’origine de la révolte de ses troupes.
Canicule, ici c’est canicule
Comme l’avait promis le co-entraîneur (épaulé par Robert Vicot), l’équipe quitte le modeste stade municipal Georges Lefèvre de Saint-Germain – devenu l’enceinte de l’équipe réserve – pour investir le nouvel écrin du Sud-Ouest de la capitale. Le Parc, rénové en 1972 sous l’égide de l’architecte Roger Taillibert. « Je n’étais pas dépaysé car je connaissais déjà le stade de la Révolution à Brazzaville, pose l’attaquant congolais, François M’Pelé, débarqué au club un an plus tôt en provenance d’Ajaccio. Les spectateurs sont venus au Parc des Princes parce que Paris avait besoin d’une équipe en première division ! » Vainqueur à Sochaux (0-1) en ouverture de la saison, le PSG se fait gifler à Reims (6-1) dans la foulée. Vient alors la réception du FC Metz, le mardi 13 août.
Exactement 13 989 spectateurs garnissent les travées du stade, une affluence plutôt décevante ; peut-être due à la canicule du jour (34°c enregistré). Toujours est-il que ça n’a rien à voir avec l’ambiance champêtre de Saint-Germain. « On sentait la ferveur car les supporters ne sont pas loin des terrains » , souffle François M’Pelé. Malgré la déconvenue de la semaine précédente, Just Fontaine, lui, garde son sang-froid : « Jusqu’à présent et jusqu’à plus ample informé (!), c’est cette tactique qui nous a permis de nous hisser en Division 1. Elle doit donc avoir du bon, mais je reconnais avec vous que mes joueurs ne l’ont pas encore mises au point. Laissez nous le temps de la travailler à l’entraînement » , lance Justo avant la rencontre. Dominique Lokoli, Denis Bauda, Jacky Novi et Louis Cardiet tiennent l’arrière-garde rouge et bleu, Ilija Pantelić occupe les buts. Dans l’entrejeu, on retrouve Albert Poli, Jean Deloffre et Jean-Pierre Dogliani, tous trois chargés de fournir en munitions le trident Moustapha Dalheb – Louis Floch – François M’Pelé.
Les parades de Pantelić
Malmenés par les Lorrains, les Parisiens sont sur le reculoir lorsqu’à la demi-heure de jeu, Monsieur Mouchotte accorde un penalty douteux à Dalheb. M’Pelé se charge de le transformer (28e). Cheville en vrac, Deloffre est remplacé par Christian André. À peine entré en jeu, ce dernier double la mise, bien servi par Dalheb, la vedette de l’équipe. Le break ne suffira pas, les Grenats reviennent à égalité juste après la pause, grâce à un doublé du Luxembourgeois Nico Braun (44e, 54e). Le PSG s’en remet alors aux parades de son excellent gardien serbe pour préserver le match nul. « Il est dommage, bien entendu, que pour notre première à Paris, nous n’ayons pas pu l’emporter, relativise à chaud Just Fontaine. Il est normal que, après trois matchs de championnat, notre équipe, profondément remaniée à l’inter-saison, ne soit pas encore à son maximum. J’ai trouvé un mieux sensible par rapport au match contre Reims, notamment sur le plan défensif. Mais il faudra nous montrer encore plus vigilant à l’avenir. »
Raté, la semaine suivante à Lille, le PSG en prendra cinq dans les dents (5-0). De cette saison morose en championnat (15e du classement à la fin), Just Fontaine préfère se souvenir du parcours en Coupe de France. Après avoir éliminé l’OM en quart, le PSG se frotte au RC Lens en demi-finale. À deux doigts d’éliminer les Sang et Or, les Rouge et Bleu (qui menaient 2-1 dans les dix dernières minutes) voient s’échapper une finale de prestige contre les Verts. Pire « comme Saint-Étienne était champion, on se serait qualifié pour la Coupe des vainqueurs de coupes (en 1996, le PSG remportera ce même trophée, ndlr)… c’est dommage » , précise Just Fontaine. Mais il garde le sourire. « Vous savez, je suis le seul entraîneur à avoir fait monter le PSG en première division… puisqu’il n’est jamais redescendu ! (rires) » 42 saisons en D1, au Parc, série en cours : un autre record (en partie) pour l’homme aux 13 buts en une Coupe du monde.
Par Florian Lefèvre
Propos de Just Fontaine et François M'Pelé recueillis par FL, propos d'époque tirés du site paris-canalhistorique.com.