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Le jour où le Guingamp de Drogba et Malouda a plié Lyon

Par Arnaud Clement
Le jour où le Guingamp de Drogba et Malouda a plié Lyon

Dix ans déjà que Didier Drogba et Florent Malouda ont largué les amarres bretonnes de l'En Avant Guingamp. Un départ fêté par un sacré coup d'éclat à Gerland, dans l'antre d'un Lyon déjà champion (4-1) lors de la 38e journée. Souvenirs souvenirs avec le capitaine, Coco Michel, et Stéphane Carnot.

À l’heure de se retrouver aujourd’hui au stade Gerland pour une nouvelle confrontation, le rapport de force entre Guingamp et Lyon n’est plus vraiment le même qu’il y a une décennie. Elle paraît très loin, l’équipe cinq étoiles emmenée par Le Guen qui tutoyait le dernier carré de C1, avec Juninho, Edmilson, Anderson, Carrière, Dhorasoo ou Coupet. Perdu à la 14e place de la Ligue 1, l’OL réapprend l’ordinaire d’une équipe de milieu de tableau. Côté guingampais, le début de saison canon des hommes de Gourvenec (5es) renvoie dix ans en arrière, quand l’En Avant du binôme Drogba-Malouda terrorisait les défenses de France. « L’équipe de cette époque-là était vraiment pas mal, avec des mecs matures comme Stéphane Carnot, Nestor Fabbri, Christophe Le Roux, Ronan Le Crom ou moi-même, et des jeunes en train d’exploser, comme Didier Drogba et Florent Malouda » , se délecte avec le recul la sentinelle de la maison, Coco Michel. Car à l’époque, l’EAG de Bertrand Marchand est l’une des plus belles formations du championnat à voir évoluer. Sa septième place finale, qui reste encore aujourd’hui comme le meilleur classement du club à ce niveau, ou ses trois buteurs à plus de dix buts que sont Stéphane Carnot (10), Florent Malouda (10) et Didier Drogba (17) ne sauraient trahir ce constat. « C’est presque une déception au final d’avoir fini en Intertoto et seulement à six points d’un champion comme Lyon. On a joué en dents de scie cette saison-là. Je me rappelle qu’on a connu un gros trou d’air en janvier et février(NDLR : six défaites de rang). Didier s’était pété un métatarse à l’entraînement en se défoulant contre un poteau après une occasion ratée » , repense Stéphane Carnot.

Cet exercice 2002-2003 reste encore pour plusieurs hommes de l’époque comme leur plus plaisante. Actuellement en stage à Galatasaray pour son DEPF, captain Coco Michel en a d’ailleurs reparlé cette semaine avec son ex-partenaire Didier Drogba, pour qui cette année-là a constitué une rampe de lancement vers les sommets continentaux : « Même lorsqu’on est monté, c’était la bagarre. Tandis que là, c’était du plaisir et l’équipe offrait vraiment un superbe visage. Il n’y a qu’à voir notre deuxième partie de saison. Sur la fin, on bat tout le monde. » Lors de cette fin de saison justement, le troisième larron du trident offensif qu’est Carnot évoque un sentiment de plénitude dans la performance : « C’était comme si on avait gagné le match avant même de le jouer, c’est dire à quel point on se sentait costauds. C’est une sensation vraiment particulière, mais c’était ça, et quel que soit l’adversaire. Je ne l’ai connu qu’à ce moment de ma carrière. Bon, aussi un peu à Monaco, mais l’équipe n’était pas la même… » Sur les neuf dernières journées de cette saison 2002-2003, le club fait même mieux que l’OL en récoltant 25 points sur les 27 possibles, contre 24 au champion. Qui plus est contre des équipes pas franchement composées de coiffeurs : des victoires solides à domicile, comme Lille (1-0) ou Lens (1-0), des succès de marque à l’extérieur, au Vélodrome (0-2) ou à la Beaujoire (0-4), et une dernière semaine de feu. Deux journées sont programmées en quatre jours pour la clôture du championnat et l’EAG se voit proposer les deux prétendants au titre en guise de bouquet final : Monaco à domicile et Lyon à l’extérieur. Et le bouquet final a bien eu lieu.

Réveillère, poisson pas frais

Car la couronne de cette saison se joue au Roudourou, où Monaco trébuche sur une endiablée formation bretonne. Victoire trois buts à un, Lyon rugit et Guingamp est soulagé de terminer au pire parmi les engagés en Intertoto. « On avait encore un truc à aller chercher, la place qualificative directement en C3, et on savait d’autant plus que les Lyonnais, étant titrés, ne seraient sans doute pas dans les meilleures dispositions mentales ou physiques pour le dernier match à jouer » , pensent alors Carnot et ses compères. Pour autant, Guingamp ne débarque pas non plus complètement clean. « Ça m’a toujours fait rire d’entendre les Lyonnais dire qu’ils avaient perdu contre nous parce qu’ils avaient fait la fête les jours précédant le match. Certes, on en a vu quelques-uns qui n’étaient pas frais, je pense notamment à Réveillère. Mais c’était oublier qu’on avait atteint aussi notre objectif et qu’on n’avait pas donné notre part au chien lors de la dernière mise au vert. Je vais pas entrer dans les détails, mais en gros, on ne s’est pas couchés de bonne heure » , se marre le capitaine de toujours avec le recul. Une analyse qu’il faut mettre en relief avec la précision du numéro 10 à l’ancienne passé aussi par l’AJ Auxerre ou la Principauté : « Peut-être que les Lyonnais ont fait un peu plus la fête que nous. On s’est contenté d’arroser notre victoire le mardi, mais eux ont dû remettre ça dans la semaine. »

Viennent alors le jour J et l’heure de cette ultime journée. Le match est d’autant plus important pour les deux étoiles montantes du onze de Marchand qu’ils se savent suivis de près par l’état-major lyonnais en vue de la saison prochaine. « On peut dire que c’est sur match-là que Flo Malouda signe à Lyon à l’intersaison » , soutient même Michel. Le début de match est en effet un récital de la part du Guyanais. Dès la 18e minute, tandis que l’arrière-garde décuve encore visiblement, celui-ci sert d’un ballon par dessus la défense à Didier Drogba, en père peinard pour ajuster Coupet. Deux minutes plus tard, il récidive en faisant étalage de sa progression de l’année. « Quand Flo est arrivé, il était déjà vraiment imposant dans le travail de percussion et de vitesse. Mais dans la finition, ce n’était pas encore ça. Et il a vraiment amélioré tout ça. De toute façon, on ne finit pas avec dix buts au compteur en étant nul face au but » , analyse le natif de Carhaix-Plouguer. Résultat des courses, après une récupération à la limite de son camp, Malouda détale comme un lapin jusqu’à la surface pour envoyer une frappe croisée terminant dans les filets avec l’aide du poteau. Les Lyonnais s’épargnent ensuite une toise des deux poisons. Jusqu’à la pause…

« Les supporters ont sifflé »

Dans les secondes qui suivent le retour des citrons, le Guyannais met à nouveau à mal ses futurs partenaires. À toi, à moi avec Drogba, le refrain est connu, mais pourtant toujours efficace. À gauche dans la surface, il devance tout juste du bout du pied le meilleur gardien de l’époque, pourtant pas manchot lorsqu’il s’agit de jaillir dans les pieds pour choper la gonfle et envoyer valser les attaquants adverses. Surréaliste sur et en dehors de la pelouse. Le public lyonnais joue les enfants gâtés et gronde devant le spectacle proposé en guise d’apothéose, d’après Carnot, aujourd’hui à la cellule de recrutement, toujours dans les Côtes d’Armor. « Les supporters ont sifflé, c’était comme si on leur gâchait la fin de l’histoire. » Gerland rugit de nouveau lorsque Sidney Govou slalome dans l’arrière-garde pour relancer la formation de Paul Le Guen, passée l’heure de jeu. Mais les deux virages ont à peine le temps de pousser leurs idoles d’un habituel « Qui ne saute pas n’est pas lyonnais » que Didier Drogba rappelle aux recruteurs qu’il est lui aussi un oiseau rare. Le tout en faisant admirer sa détente monstre, tout juste deux minutes plus tard. « Si je me rappelle bien, l’action vient de la gauche et Sikimic envoie un centre un peu trop long. Mais Didier va la chercher assez haut et la reprend comme il sait le faire » , se rappelle le capitaine de toujours. Tête lobée, lucarne opposée, voilà Guingamp assurément devant et la révélation de l’année solidement installée sur le podium des buteurs de L1, juste derrière Nonda et Pauleta, mais devant Cissé, Anderson, Juninho ou Pršo.

La fin du match sifflée, bien que Guingamp ne repasse pas devant Bordeaux, Auxerre ou Sochaux une fois les totaux faits, la fête est tout de même belle. Les Gones ne sont pas plus affectés que ça pour se lâcher et se sauter dans les bras et l’En Avant a aussi droit à son quart d’heure de gloire. « C’est vrai qu’on a un peu participé à la fête lyonnaise. De mémoire, on a aussi eu droit à des applaudissements et c’était sympa. Mais on ne s’est pas trop attardés et on a filé aux vestiaires, avant de rentrer sur Guingamp pour finir la saison comme il se doit et partir en vacances l’esprit libéré » , sourit le père Michel, plus fêtard que fouettard. Un épilogue bien heureux par rapport au suivant, qui voit son club retomber un cran plus bas. Le rêve d’une saison a précédé le cauchemar de la suivante pour le petit poucet du championnat, comme le soutient Stéphane Carnot : « Elle a sans doute eu de mauvais côtés pour la suite, car on était moins humbles l’année d’après. On avait un peu trop la tête dans les nuages, alors qu’un club comme le nôtre doit absolument garder les pieds sur terre pour rester au plus haut niveau. » Un manque de modestie, certes, mais aussi le départ du duo Drogba/Malouda remplacé par Dagano, Goussé ou Pierre-Yves André. Une autre histoire, forcément.

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Les Héros du gazon sur les pelouses françaises
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