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Le jour où la Lazio a fait ses débuts en C1
Il y a 16 ans, la Lazio disputait le premier match de C1 de son histoire contre le Bayer Leverkusen, un quart de siècle après en avoir été privée suite à son premier Scudetto. Et cette Champions 1999-00, les joueurs de Sven-Göran Eriksson auraient pu aller la chercher.
Le bruit sourd des coups de lattes accompagne le retour des deux équipes dans les vestiaires. Les joueurs de la Lazio et Ipswich Town se foutent sur la tronche gaiement. Soudain, un bruit sec interrompt l’harmonie, la jambe du portier anglais vient de péter. Probablement la fracture de trop. Quelques minutes plus tôt, le Néerlandais Van der Kroft avait sifflé la fin de ce 16e de finale retour de Coupe de l’UEFA 1973-74. Selon les joueurs laziali, des relents de whiskey accompagnaient chacune de ses interventions. Écrasés 4-0 à l’aller par un Whymark en état de grâce (quadruplé), ils avaient bien cru en une incroyable remontée après deux buts inscrits en moins d’une demi-heure. Mais les fautes à répétition sifflées en faveur des British et le penalty inexistant ont eu raison des nerfs déjà naturellement à vif d’une des générations les plus déglinguées de l’histoire du football mondial. Après ce pugilat, la sentence de la justice européenne est irrévocable : la Lazio est privée de compétitions continentales la saison suivante. Manque de bol, quelques mois plus tard, elle remporte le premier Scudetto de son histoire, mais son billet pour la Coupe d’Europe des clubs champions est immédiatement annulé. Il faudra attendre encore 26 ans.
Les coups francs de Mihajlović
25 ans plus tard, en 1999, la Lazio termine deuxième de Serie A (après avoir été en tête pendant la majeure partie de la saison) et se qualifie enfin pour la Ligue des champions. Pour sa première participation, elle hérite du Bayer Leverkusen, du Dynamo Kiev et de Maribor. Le 14 septembre 1999, les Laziali de Sven-Göran Eriksson font donc leurs grands débuts en C1, sur la pelouse du Bayer Leverkusen. Simone Inzaghi, attaquant de la Lazio à l’époque, s’en souvient. « Ah oui, c’était le premier match de poule, je me rappelle qu’il y avait une superbe ambiance à la BayArena qui était un stade très moderne, ce qui faisait vraiment son effet à l’époque. Là-bas, on a fait 1-1 avec une égalisation de Mihajlović sur coup franc. » Les coups francs de Mihajlović, un grand classique.
Les Laziali enchaînent ensuite trois victoires (2-1 face au Dynamo Kiev, puis deux fois 4-0 contre Maribor) et retrouvent le Bayer Leverkusen à l’Olimpico. « 1-1 fut également le score du match retour. Je me souviens que pendant ce match, je suis entré en jeu à la place de Bokšić, et c’est Nedvěd qui avait marqué très tôt dans le match. » À la première minute, très précisément, et Ulf Kirsten égalisa avant la pause. La Lazio termine largement en tête de sa poule (sept points d’avance sur Kiev), et fait désormais figure d’épouvantail. Inzaghino se rappelle très bien des ambitions que ses coéquipiers et lui nourrissaient : « Ah mais nous, on était partis pour la gagner, hein, on avait une équipe extrêmement forte. Ce fut une chevauchée extraordinaire. » En effet, lors des deux interminables phases de poules, la Lazio ne s’incline qu’une seule fois, 1-2 à domicile contre le Feyenoord à cause d’un doublé de Tomasson en fin de match. Chelsea tombe notamment dans son antre, l’OM est écrasé par un quadruplé de Simone Inzaghi lors d’une victoire 5-1. « D’ailleurs, je pensais que vous m’appeliez pour ça » , lâche-t-il en rigolant, avant qu’un souvenir beaucoup moins jouasse ne le rattrape. Le quart de finale aller face au FC Valence.
Supercoupe d’Europe, Coupe et Scudetto
À l’époque, la Lazio est favorite face aux Espagnols. Pourtant, une mi-temps de black-out va suffire pour doucher les espoirs romains de soulever la C1. Valence s’impose 5-2, un match qualifié de « maudit » par Simone Inzaghi. Au retour, 80 000 spectateurs espèrent une historique victoire 3-0. Victoire qui semble possible lorsque Juan Sebastián Verón ouvre le score d’une frappe sublime juste après la mi-temps.
Mais le score n’évoluera plus. Victoire 1-0, et élimination. Malgré la déception, Inzaghi Jr garde un souvenir impérissable de cette saison : « Ce fut une année mémorable pour moi, je finis meilleur buteur du club avec 21 buts, 10 en Champions League, 7 en championnat et 4 en coupe. » Et on ne lui fera pas l’affront d’aller vérifier les chiffres sur les sites de statistiques.
Ce millésime 1999-00 avait d’ailleurs démarré par une victoire en Supercoupe d’Europe contre Manchester United lors de la dernière édition qui opposait le vainqueur de la Champions League à celui de la Coupe des coupes : « Je me suis pété le nez dès la 10e minute après m’être cogné contre Stam qui est ensuite devenu mon coéquipier à Rome. Cette rencontre nous a clairement fait comprendre qu’on pouvait espérer aller au bout en C1. Déjà que l’on fait le doublé coupe-championnat, on aurait pu décrocher un triplé historique. Quand je vois les finalistes, on n’avait rien à envier au Real Madrid et à Valence, dans tous les cas, nous n’étions certainement pas inférieurs à eux. » Et qui oserait le contredire ? Marchegiani dans la boîte. Nesta, Favalli, Pancaro, Couto, Negro, Sensini ou encore Mihajlović en défense. Stanković, Nedvěd, Simeone, Lombardo, Veron, Sergio Conceição et Almeyda au milieu. Bokšić, Salas, Mancini et Inzaghino devant. Qu’on se le dise, cette Lazio est probablement passée à côté de quelque chose d’encore plus grand cette saison-là.
Par Valentin Pauluzzi
Propos de Simone Inzaghi recueillis par VP