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Le jour où « Greg la sort »

Par Régis Delanoë
Le jour où « Greg la sort »

« Oh oui, Greg, il l'a sort !! Oh oui, main opposée, Richard ! » C'est l'un des commentaires de foot qui tourne le plus sur le Net, et il est signé Florian Maurice pour OL TV. C'était en janvier 2008, à l'occasion d'un derby chaud bouillant qui s'était soldé par un nul arraché par les Gones de Greg Coupet, coupable sur l'ouverture du score de Bafé Gomis quelques minutes après avoir provoqué cet orgasme télévisuel mythique.

« Oh oui, Greg, il la sort !! » À les écouter s’extasier devant la parade de Greg Coupet sur le coup franc direct tiré par Geoffrey Dernis, on imaginerait presque Florian Maurice et Richard Benedetti le pantalon aux genoux et l’essuie-tout à proximité, dans leur cabine de commentateurs. Il y a de la jouissance dans les éloges qu’ils envoient à l’adresse de « Greg » , un modèle de partialité puisqu’on est sur OL TV, la chaîne du club, et qu’il s’agit de saluer le retour du portier dans les bois lyonnais après une grave blessure et cinq mois d’absence. Dernis frappe, Coupet s’envole et effleure le ballon juste ce qu’il faut pour le repousser hors cadre d’une claquette « main opposée » . Richard Benedetti en est sûr, « il est de retour. IL-EST-DE-RE-TOUR (…), l’ange s’est envolé » , tandis que son acolyte termine son orgasme par un comique « han ça suffit ! » C’est drôle, très drôle à entendre, même et surtout plusieurs années après, sorti du contexte bouillant d’un derby commenté en direct depuis Geoffroy-Guichard. D’autant plus drôle en fait que moins de dix minutes plus tard, le « fabuleux, tout simplement fabuleux » Coupet se plante cette fois complètement en merdant sa relance suite à une passe en retrait et que Gomis, alors à Saint-Étienne, en profite pour ouvrir le score de la tête juste avant le retour aux vestiaires des deux équipes. « Oooooooooaaaah !!! » , beugle alors Flo Maurice comme s’il assistait impuissant au massacre de toute sa famille, alors que Richard Benedetti se montre christique : « crucifié, crucifié » , répète-t-il de manière presque morbide, excusant tout de suite le gardien qui s’en va chercher piteusement le ballon au fond des filets pour lui asséner un coup de poing de rage. « C’est la faute à pas de chance » , assure-t-il, et on jurerait que dans les secondes qui suivent, sans que les commentateurs ne parviennent plus à rien dire, Flo Maurice sanglote. Saisit l’essuie-tout pour cette fois sécher ses larmes.

Maurice : « Je ne vais jamais sur YouTube »

C’est mythique et pourtant, près de huit ans après, ce même Florian Maurice ne s’en souvient pas, mais alors pas du tout. « Des derbys, j’en ai commenté un petit paquet quand même, alors vous dire si celui-ci m’a marqué plus qu’un autre, franchement non, désolé. » Arf, déception. On insiste. Mais tout de même, cette parade de Coupet, puis la grosse boulette qui suit, ça ne vous dit rien de rien ? C’est connu pourtant, ça tourne à fond sur YouTube, vous ne vous êtes jamais écouté, on ne vous en a jamais parlé ? « Greg il la sort » , tout ça, non ? « Internet, j’y vais de temps en temps, mais jamais sur YouTube. Mais si vous dites que j’y suis pour ce match, c’est possible. Vous savez, on se souvient plus des gros matchs qu’on a joué quand on était joueur, moins de ceux qu’on commente forcément, l’émotion n’est pas la même. » Vous aviez vibré pourtant, ça s’entend. « Ah bon, peut-être. Attendez, si, ce derby, maintenant ça me revient, c’est pas celui où Karim marque d’un coup franc en fin de match ? » Si ! « Eh ben voilà, c’est tout ce dont je me souviens, un très beau coup franc au-dessus du mur, il me semble ! Avec Janot dans les buts. » Perdu, c’était Viviani. Il a décidément la mémoire sélective, ce diable de Flo Maurice, l’ancien grand espoir offensif de l’OL qui travaille toujours aujourd’hui pour le club. Il faudra donc faire sans ses souvenirs et replonger dans les archives de la Ligue 1 pour se remémorer ce que fut ce derby du 27 janvier 2008, comptant pour la 23e journée de la saison 2007/2008.

La passe ratée vers Fabio Grosso

Lyon était premier au classement, comme quasiment depuis le début de saison. C’était l’époque de son impitoyable domination sur le plan national. Saint-Étienne de son côté avait assez mal commencé l’année 2008 avec deux défaites à l’extérieur pour un succès à domicile face à Rennes. À la 14e place au coup d’envoi du match, les Verts voulaient offrir à leur public un premier succès dans le derby depuis 1994. L’ambiance était chaude, le début de rencontre équilibré. Déterminés, les locaux se procuraient les meilleures occasions de la première période et voyaient leurs efforts récompensés par cette ouverture du score de Gomis l’opportuniste, qui avait mis la pression sur Squillaci, coupable d’une passe en retrait à laquelle Coupet ne s’attendait peut-être pas. Ce dernier avait voulu repasser le ballon à Fabio Grosso, mais l’attaquant stéphanois avait senti le bon coup et coupé d’une tête rageuse. Plus entreprenants en seconde période, Lyon finissait assez logiquement par égaliser dans les arrêts de jeu par Benzema, qui se chargeait des coups francs en l’absence de Juninho, alors que Ben Arfa avait manqué son face-à-face avec Viviani et que Fred, entré en cours de jeu, s’était vu refusé un but pourtant valable. C’était l’époque de Tavlaridis, Ilan, Landrin, Varrault et compagnie du côté des Verts entraînés par Laurent Roussey, face au Lyon d’Alain Perrin, Bodmer, Crosas, Toulalan, Govou, César Delgado…

Avec ce nul arraché en fin de match, Lyon gardera son avance sur Bordeaux, son seul rival, et ira chercher un nouveau titre, le septième de suite, le dernier à ce jour, sans jamais lâcher la place de leader. Saint-Étienne ne perdra que deux matchs de championnat suite à ce derby et terminera la saison au cinquième rang. Quant à Greg Coupet, qui s’était blessé le 2 août 2007 en se prenant connement les pieds dans les filets à l’entraînement, il retrouvera petit à petit son meilleur niveau malgré ce début d’année 2008 compliqué. C’est Rémy Vercoutre qui l’avait suppléé alors qu’il soignait sa rupture partielle du ligament interne du genou gauche. Au printemps 2008, le portier natif du Puy-en-Velay quittera Lyon pour poursuivre sa carrière à l’Atlético Madrid, puis avec le PSG, avec derrière lui, cette soirée légendaire et un mystère : personne ne sait vraiment qui de Greg ou le poteau a sorti cette frappe.

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