- Serie A
- 15e journée
- AS Roma/Fiorentina
Le jour où Batistuta a marqué contre sa Fiorentina
Ces derniers jours, Gabriel Batistuta a montré sa frimousse à Florence, tendant une perche aux dirigeants florentins pour choper une place dans le staff. Le Roma-Fiorentina de ce midi est l’occasion de se remémorer ce match où Batigol, maillot de la Roma sur les épaules, avait fait pleurer son amour de toujours.
Gabriel Batistuta a pris un petit coup de vieux. La semaine dernière, on l’a vu dans les travées du stadio Artemio Franchi, pour venir assister à la victoire 4-3 de sa Fiorentina contre le Hellas Vérone. Cheveux courts qui contrastent avec sa longue crinière d’antan, quelques kilos en plus, bref, Batigol fait bien ses 44 ans. Mais une chose reste immuable : son amour inconditionnel pour la Fiorentina. Batistuta et la Fiorentina, c’est une histoire d’amour qui a débuté en 1991, et qui s’est interrompue lors de l’été 2000, après 207 buts marqués en 331 matchs. Excusez du peu. Pourtant, et c’est bien là le paradoxe : son plus grand titre, Gabriel Batistuta ne l’a pas remporté avec le maillot violet. En 2000, après neuf saisons passées à Florence, il décide de rejoindre l’AS Roma. Quelques mois plus tard, celui que la Curva Sud va surnommer « Re Leone » va être sacré champion d’Italie avec le club giallorosso. Voilà pourquoi le match qui débutera dans quelques heures, à 12h30 très précisément, aura une saveur toute particulière pour Batigol. Parce que ce sont les deux équipes avec lesquelles il a vibré, les deux équipes avec lesquelles il a gagné. Mais aussi parce qu’un autre Roma-Fiorentina, en octobre 1999, a été l’un des points culminants de sa carrière.
Huit buts lors des sept premiers matchs
Pour savoir ce que la Fiorentina représente pour Gabriel Batistuta, il faut, déjà, remonter au 14 mai 2000. Ce jour-là, l’Argentin est le roi de la journée au stadio Artemio Franchi. Il inscrit un triplé qui permet à la Fiorentina de s’imposer 3-0 face à Venise. Lors de son troisième but, Batigol fond en larmes après s’être écroulé à l’intérieur des cages. Le stade scande son nom, et pour cause. Il vient de devenir le meilleur buteur de l’histoire de la Fiorentina en Serie A, en devançant de deux unités Kurt Hamrin. Et le joueur le sait : ces buts qui le font entrer définitivement dans l’histoire du club sont les derniers. Il a déjà décidé de quitter Florence pour aller tenter sa chance ailleurs. L’Inter lui fait les yeux doux, mais l’Argentin préfèrerait vivre dans la capitale italienne. La Lazio, tout juste sacrée championne d’Italie, lui propose un trio de rêve en attaque avec Claudio López et Salas. Mais Batigol choisit finalement la Roma. Avec un objectif clair : faire ce qu’il n’a jamais pu faire à Florence, à savoir gagner le Scudetto.
À la Roma, Batistuta va partager le front de l’attaque avec deux autres larrons. Francesco Totti et Vincenzo Montella (sans oublier Delvecchio). Le premier est, encore à l’heure actuelle, le capitaine giallorosso. Blessé depuis plusieurs semaines, il devrait faire son retour aujourd’hui, sur le banc de touche. Le second, Montella, sera aujourd’hui sur le banc d’en face, en tant que coach de la Fiorentina. Des destins croisés. Batistuta, lui, va rapidement s’adapter à sa nouvelle équipe. Il inscrit ses deux premiers buts lors de la deuxième journée de championnat, une victoire 4-0 sur la pelouse de Lecce. Puis le premier pion au stadio Olimpico, le 22 octobre, lors d’un succès 3-1 face à Vicenza. En ce début de saison 2000/01, la Roma est une machine de guerre. Au bout de sept journées, le bilan est de six victoires et une défaite, avec déjà 19 buts marqués, dont huit par le seul Batistuta. À la huitième journée, voilà le choc : Roma-Fiorentina. Le match de Batigol, forcément.
La chouquette de Batigol
De fait, la rencontre est toute particulière pour le natif d’Avellaneda qui, jusqu’ici, n’avait jamais affronté la Fiorentina en tant qu’adversaire. En face, il retrouve tous ses anciens potes qui l’ont accompagné au cours de ses années florentines, de Toldo à Rui Costa, en passant par Repka, Pierini ou Sandro Cois. La rencontre débute dans un stadio Olimpico bouillantissime, comme on l’avait rarement vu jusqu’ici, et un Batigol qui va sous le virage occupé par les tifosi florentins pour recevoir une ovation. Le match, lui, est forcément tendu et tactique, entre les deux techniciens que sont Capello et Fatih Terim. La première période est toutefois un monologue giallorosso. La Louve se crée des occasions par Zanetti (pas Javier, hein) et Totti, avec des frappes lointaines. Batistuta, lui, est discret. Le canonnier a un bon ballon exploitable, mais se laisse rattraper par les défenseurs. Pas franchement ce à quoi il nous avait habitués, comme s’il se sentait trop concerné par l’événement.
En seconde période, le rythme retombe. La Roma est moins brillante que d’habitude, et la Fiorentina n’a pas grand mal à contrôler les actions offensives de la formation de Capello. L’entrée de Montella dynamise un peu tout ça, mais pas de grosse occasion à se mettre sous la dent. On se dirige tout droit vers un bon vieux 0-0 quand, à la 83e, le destin (encore lui) vient toquer à la porte. À 25 mètres, Batistuta déclenche une demi-volée monstrueuse qui vient se loger sous la barre de Toldo. Le stadio Olimpico explose, comme tous les joueurs de la Roma. Seul un joueur reste de marbre. Batistuta. Alors que tous ses coéquipiers lui sautent dessus, lui demeure impassible. Submergé par l’émotion de son passé, il craque et lâche même quelques larmes qui en disent long sur l’amour qu’il portait à son ancien club. La Roma s’impose 1-0. Quelques mois plus tard, elle sera sacrée championne d’Italie, grâce à une victoire 3-1 face à Parme lors de la dernière journée. Les buteurs ? Totti, Montella et Batistuta. Si Batigol nous fait l’honneur de sa présence dans les gradins, ces trois-là seront à nouveau réunis aujourd’hui, pour un nouveau Roma-Fiorentina. De 2001 à 2013, il n’y a qu’un pas.
Le but de Batistuta :
Eric Maggiori