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Le jour où Antonetti a rendu fou Vahirua

Par Antoine Donnarieix
Le jour où Antonetti a rendu fou Vahirua

C’est le genre d’histoires que la Ligue 1 aime garder sous son aile pour pimenter une soirée. Dans un match monotone entre Lorient et Nice en 2006/2007, un événement majeur va intervenir en toute fin de match : le clash entre Marama Vahirua et Frédéric Antonetti. Ou quand la pagaie rencontre un roc.

En France, comme partout ailleurs, lutter contre les préjugés est fondamental. Au-delà d’un spectacle tourné vers l’offensive en Liga ou des retournements de situation improbables en Premier League, la Ligue 1 possède elle aussi son lot d’émotions, avec beaucoup d’engagement physique, une bonne dose de suspense et une flopée de matchs équilibrés. Et même quand le score n’évolue pas, que les gens s’embêtent en tribunes et décident de partir à l’avance, certains faits de jeu sont toujours là pour rappeler que chaque match se déguste jusqu’à la dernière seconde. En ce samedi 3 mars 2007, la rencontre entre le FC Lorient et l’OGC Nice pour le compte de la 27e est disputée. Récemment sortis de la zone de relégation après quatre victoires consécutives, les Aiglons espèrent bien ramener quelque chose de leur déplacement en Bretagne. Depuis le milieu du terrain, Olivier Echouafni entend les consignes de Frédéric Antonetti. « Fred n’était pas spécialement tendu, relate le capitaine de l’OGC. En réalité, je dirais plus que la tension était collective. On n’avait pas pris un bon départ en championnat, on traînait ça comme un boulet tout au long de la saison. Fred, c’est quelqu’un de sanguin par moment. Vu l’enjeu de la rencontre et l’approche du dénouement final, il était pris dans la compétition. » Et quand l’homme est dans son match, mieux vaut ne pas le contrarier.

Des cris dans la nuit

Les dernières minutes de la rencontre se profilent, le score reste toujours nul et vierge. Sur le banc, Frédéric Antonetti comprend la tournure du match : son équipe doit gêner la remontée de balle des Merlus sur les côtés. Entré en jeu à la place de Bakari Koné, Marama Vahirua doit donc quitter son poste de prédilection pour bloquer la création bretonne. Hélas, le discours ne passe pas. « Marama avait un profil plus proche de l’attaquant, pour tourner autour du buteur, rappelle Echouafni. C’est vrai qu’il était attiré par l’axe, c’est souvent là où il était le plus décisif, juste derrière l’attaquant. Les tâches défensives, ce n’était pas trop son truc. Le souci, c’est que Fred commençait à perdre patience. Il a dû lui dire une fois, deux fois, trois fois… Quand il voyait qu’on perdait un gros nombre de ballons, il a commencé à le prendre à partie. » La communication entre Antonetti et Vahirua prend des allures de dialogue de sourds entre un père autoritaire et son fils rebelle. Et dans ces cas de figure, c’est souvent le paternel qui a le dernier mot. Antonetti envoie Thibault Scotto à l’échauffement, puis demande à faire sortir le Tahitien pendant le temps additionnel. La goutte d’eau qui fait chavirer la pirogue.

Engueulé avec insistance par son coach, Vahirua sort en courant avec la mine des mauvais jours. Mais cela ne s’arrête pas là, puisque le buteur va jusqu’à ôter son maillot et le jeter aux pieds de son coach, pour ensuite prendre la direction des vestiaires sous les acclamations du Moustoir. « Sur le coup, Marama ne s’est pas rendu compte du geste, analyse Echouafni. On n’enlève pas un maillot comme ça. On l’enlève dans le vestiaire, à l’abri des regards. Là, il était tellement vexé de sortir, de voir la façon dont ça se passait qu’il a dépassé les bornes. » Après une bonne douche pour évacuer la pression, Vahirua passera devant les micros pour directement remettre les choses à plat : « Sur le coup, j’ai pété les plombs, je n’ai pas à faire ça. Je dois le respect au coach et je lui adresse mes excuses. Je m’excuse aussi envers le club et les supporters. » Quant à Antonetti, il choisira la sobriété : « Parfois, il vaut mieux ne rien dire. » Fin du clash, mais pas de la tchatche.

« Maintenant, Fred s’est apaisé »

Après le match, Nice repartira avec un point en plus dans la poche et une grosse montée d’adrénaline en moins. Un bon souvenir pour les Niçois ? Pas tant que ça. « Quelque part, ce soir-là, on a plus donné une mauvaise image qu’autre chose, surtout auprès des jeunes, considère Echouafni. En tant que joueurs professionnels, on se doit d’avoir un comportement exemplaire, de respecter les consignes et le maillot que l’on porte. Parfois, il y a des dérapages. Sur le coup, les torts sont partagés : Marama n’avait pas su garder son sang-froid, mais Fred y était aussi allé un peu fort. C’est le jeu… » Malgré ce énième coup de sang, Antonetti garde toujours la cote auprès des clubs de Ligue 1, comme en témoigne sa récente arrivée à Lille. Le Corse de naissance réserve-t-il une prochaine gueulante publique à la France ? « Maintenant, Fred s’est apaisé, considère Echouafni. Il possède un sacré vécu, avec des clubs où la tension était palpable, où l’identité était forte. Aujourd’hui, son expérience l’aide à mieux se maîtriser. Il sait que son succès passera par la maîtrise de ses émotions. » Certes, mais ne faut-il pas se méfier de l’eau qui dort ?

Antonetti en best of, la scène à partir de 4’48 :

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Nice rattrape Lille sur le gong
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Par Antoine Donnarieix

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