Le guide de l’Euro 2022 : à la découverte du groupe C

Les favorites : la Suède

D’accord, c’était un match amical de prépa. D’accord, c’était contre l’équipe désormais emmenée par Sarina Wiegman, leur ancienne coach qui connaissait toutes leurs failles. D’accord, l’équipe alignée était loin du onze type. Mais reste que les Pays-Bas viennent tout de même de s’effondrer 5-1 contre l’Angleterre. Et comme dans le même temps, la Suède affiche de solides arguments, on est tenté de pronostiquer un court avantage aux Scandinaves. Médaillées d’argent aux JO de Tokyo l’an dernier et deuxièmes au classement FIFA, les Suédoises seront revanchardes cet été, alors que la sélection attend un nouveau trophée depuis l’Euro 1984. Elles ont d’ailleurs l’effectif capable d’aller au bout. « Cela n’a jamais été aussi difficile de faire des choix, avait même déclaré le sélectionneur Peter Gerhardsson avant d’annoncer sa sélection. La compétition n’a pas jamais été aussi rude. » Pour preuve même la meilleure buteuse des qualifs Anna Anvegård n’a pas été retenue. Avec des attaquantes de classe mondiale, à l’image de la Barcelonaise Fridolina Rolfö, les Tre Kronor auront de quoi se déchaîner offensivement. D’ailleurs, dans cette équipe, tout le monde s’y met pour marquer : un quart des buts inscrits lors des éliminatoires ont été marqué par des défenseuses. Si les Oranje désormais emmenées par Mark Parsons viennent au Royaume pour garder leur couronne, le choc contre les Suédoises en ouverture donnera à coup sûr le cap pour la suite de la compétition.

La future surprise : le Portugal

Les Portugaises ne doivent leur invitation outre-Manche qu’aux terribles incidents en Ukraine. « Nous échangerions notre place à ce championnat d’Europe contre un monde sans guerre », avait justement abondé leur entraîneur Francisco Neto. Repêchées en raison de l’exclusion des Russes qui les avaient pourtant battues fin 2021 en barrage, les Lusitaniennes voudront faire bonne figure dans un groupe où les cadors ne devraient laisser que des miettes. Mais sait-on jamais… Chez les hommes, le Danemark, pourtant repêché après la guerre en Yougoslavie, avait bien remporté l’Euro 1992. Et en se mettant directement sur de bons rails contre des Suissesses plus à sa portée sur le papier, le Portugal pourrait se mettre à rêver. « Notre principal objectif est d’améliorer ce que nous avons fait en 2017 donc plus de points et de buts », a annoncé Neto au moment de révéler sa liste. Il y a cinq ans, la Selecção avait glané trois points grâce à la première victoire de son histoire à l’Euro contre l’Écosse (1-2). Pour réaliser la passe de deux, les Portugaises compteront sur un collectif bien rodé, la base du groupe ayant été formée en 2018 après l’échec sur la route du Mondial. Parmi elles, on retrouve notamment Jessica Silva, championne d’Europe lors de son bref passage à l’OL, mais également de jeunes pousses, à l’image de la jeune attaquante Kika Nazareth, première féminine gérée par Jorge Mendes.

La joueuse à suivre : Ana Maria Crnogorčević

Si elle est souvent utilisée comme latérale gauche à Barcelone, Ana Maria Crnogorčević occupe généralement la pointe de l’attaque avec la Suisse. Auteure de six buts lors des qualifications, la recordwoman du nombre de buts avec la Nati (67 réalisations) aura même l’occasion de dépasser les 135 capes du monument Lara Dickenmann lors de la troisième journée de l’Euro. Une performance que cette polyvalente joueuse d’origine croate aurait eu bien du mal à imaginer au début de sa carrière. À la base, Crnogorčević voulait devenir officier de police judiciaire. Mais avec le recul et surtout deux Ligues des champions dans sa besace, la Suissesse a sûrement fait le bon choix, et ce, même si le foot frustre son autre passion : la moto. « Malheureusement, mon club m’interdit d’en faire comme activité de loisir. Ma Harley est donc restée en Suisse, où elle est conduite par mon papa », confie-t-elle. Pendant son temps libre, la joueuse s’est donc rabattue sur un projet d’entreprise spécialisée dans la production de granola. Être biscuitière, le comble pour une fille habituée à envoyer des pralines.

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Le stade à découvrir : Leigh Sports Village

Un hôtel, un supermarché, un pub et une piscine couverte… À première vue, le Leigh Sports Village a tout d’un centre commercial ordinaire. C’est pourtant à l’intérieur de ce complexe multisports appartenant à l’université locale que se déroulera une partie de l’Euro. Initialement prévu pour être le repaire des Russes, le deuxième plus petit stade de la compétition accueillera finalement les trois matchs du Portugal. Les joueuses de WSL anglaise ne seront d’ailleurs pas dépaysées lorsqu’elles fouleront la pelouse puisqu’il s’agit de l’antre des féminines de Manchester United, qu’elles partagent avec la réserve masculine des Red Devils et les rugbymen des Leigh Centurions. Inauguré par la reine Elizabeth II et le prince Philip en 2009, ce site a fait l’objet d’une controverse au moment de sa désignation pour l’Euro du fait de sa taille. Si l’une de ses tribunes ne dispose déjà que de places debout, le stade va en effet voir sa capacité initiale de 12 000 places réduite à 8100 pour le tournoi. Pas énorme, surtout qu’il doit accueillir un quart de finale, avec potentiellement les vice-championnes du monde néerlandaises ou les vice-championnes olympiques suédoises comme tête d’affiche… En bref, Leigh, c’est light.

L’anecdote à ressortir pendant le tea time

On connaissait sa capacité à repiquer sur le pré, mais c’est bien en dehors des terrains que Damaris Egurrola s’est récemment illustrée. Fille d’un père espagnol et d’une mère néerlandaise, l’attaquante née en Floride avait l’embarras du choix pour sa carrière internationale. Alors qu’elle a remporté l’Euro U19 avec l’Espagne et qu’elle compte déjà une sélection avec la Roja A, Egurrola a finalement annoncé en mars 2022 qu’elle changeait de nationalité sportive. La raison ? Une polémique avec le sélectionneur ibérique Jorge Vilda qui a déclaré l’avoir convoquée à deux reprises sans qu’elle n’ait donné suite. Pur mensonge selon celle qui est devenue la recrue espagnole la plus chère de l’histoire lorsque l’OL l’a débauchée à Everton pour 100 000 euros. Après cet épisode, Egurrola a donc choisi de représenter les Pays-Bas, bien qu’elle ne parle pas un mot de néerlandais. La force de conviction de l’entraîneur des Oranje Mark Parsons et de Daniëlle van de Donk, son ex-coéquipière à Lyon, aurait d’ailleurs joué pour beaucoup dans ce choix. Pour sa deuxième cape, la néo-Hollandaise a inscrit un doublé. Le tout à Groningue, dans la ville natale de sa mère présente en tribunes. « Mes parents sont encore émus quand nous en parlons. Ils ne l’oublieront jamais. » Remporter l’Euro avec sa nouvelle patrie ressemblerait à un coup de génie pour cette invitée de dernière minute.

Le prono de la rédac’

Suède – 7 ptsPays-Bas – 7 ptsSuisse – 3 ptsPortugal – 0 pt