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« Le football de Di Stéfano respirait la vie, sa mort ne doit pas nous le faire oublier »

Par Robin Delorme, à Madrid
4 minutes
«<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Le football de Di Stéfano respirait la vie, sa mort ne doit pas nous le faire oublier<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Au beau milieu de la loge d'honneur du Santiago Bernabéu, Di Stéfano dort d'un sommeil profond. Sa chapelle ardente, mise en place depuis ce matin, attire des centaines de supporters merengues. Entre tristesse et recueillement, le Madridismo fait ses derniers adieux à sa Flèche Blonde.

Lundi, 17h15, un communiqué laconique vient de tomber. « Le Real Madrid C.F. informe que son président d’honneur, Alfredo Di Stéfano, est décédé à l’hôpital général universitaire Gregorio Marañon de Madrid » . Branle-bas de combat dans la maison merengue. Une conférence de presse est organisée à 19h. Florentino Pérez est au bord des larmes, une loge d’honneur du Santiago Bernabéu est immédiatement réquisitionnée pour être transformée en chapelle ardente. Des jeunes, des moins jeunes, des très vieux s’amassent autour de l’enceinte madridista… « Sans l’arrivée de cet Argentin, sans l’imbroglio avec Barcelone, sans Santiago Bernabéu, le Real ne serait pas ce qu’il est. Moi, je suis trop jeune, je ne l’ai jamais vu jouer. Mais mon grand-père, de son vivant, ne me parlait que de lui : « Tes Cristiano, Casillas, Ronaldo, qui sont-ils ? » Pendant toute ma jeunesse, il n’a cessé de me le rabâcher. Aujourd’hui, je fais la queue pour rendre un dernier hommage au Don Alfredo Di Stéfano. Et à mon grand-père, aussi. »

Quand le Madridismo prend tout son sens

Juan n’a que 23 ans. Comme des centaines de supporters amassés aux alentours de l’antre blanche, il attend son tour. La file est longue, s’étire sur tout le trottoir de la Calle du Padre Damian. Il n’est que 9h30 et les portes de la loge d’honneur, où se tient jusqu’à demain 15h la chapelle ardente du défunt Di Stéfano, ne sont pas encore ouvertes. Il poursuit : « Dans ma famille, on est madridista de père en fils. Alors tu comprends, la mort de Di Stéfano nous touche tous. On a tous un peu de lui en nous. » Avec d’autres mots, d’autres émotions, Florentino Pérez s’en est ému hier. « Alfredo Di Stéfano a changé l’histoire du football. Il a aidé à transformer le Real Madrid et l’a fait devenir la plus grande institution sportive du monde. Alfredo Di Stéfano est le Real Madrid. Son alliance avec ce club a permis de créer le plus grand mythe du football. Il a été décisif, il a été déterminant, et il a changé le destin de cette institution » , racontait-il, avant de laisser quelques larmes s’échapper de ses yeux rougis et boursouflés par le chagrin. Cette émotion, ils appellent cela le Madridismo. « Cette religion » , dixit Carlo Ancelotti, transpire bien souvent l’arrogance pour qui n’est pas madridista. « Mais aujourd’hui, c’est différent, tranche Ignacio. On vient de perdre l’un de nos trois géniteurs, le dernier encore en vie. Juan Padros, notre premier président, Santiago Bernabéu, qui nous a fait grandir, et désormais Alfredo Di Stéfano. Il faut tourner la page, ou au moins essayer. » Oui, mais comment ?

« Retirer le numéro 9 ? »

En lui offrant un dernier hommage. Un grand. Un beau. Les centaines de supporters alignés en file indienne lui offrent un silence qui vaut bien plus qu’une ovation. De cette attente, d’autres idées émergent. « Je viens de voir sur Marcaqu’on pourrait retirer le numéro 9. Ce serait beau » , rapporte Sarah, nouveau maillot rose du Real sur le dos, accompagné de son père. Un padre qui n’en a que faire : « On n’est pas dans un vulgaire club de basket ici. On ne déploie pas un maillot sur le toit. Di Stéfano n’aurait jamais voulu. Son football respirait la vie, sa mort ne doit pas nous le faire oublier. » Justement, les basketteurs du Real Madrid se joignent à la peine de leur comparses footballeurs. Depuis ce matin, un balai d’anciennes et d’actuelles gloires merengues s’affairent dans cette loge d’honneur. Dani Carvajal, premier joueur de l’équipe première à être arrivé au stade, est « sûr que depuis là-haut, il nous donnera beaucoup de force » . Casillas, héritier du brassard de la Saeta Rubia, avoue lui que « parler de Don Alfredo, c’est parler du Real Madrid » . Bref, des hommages de stars et d’anonymes qui trouvent face à eux un large panel des trophées remportés par Di Stéfano. Cinq Coupes d’Europe, deux Ballons d’or et un Super Ballon d’or. Le seul de l’histoire…

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