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Le FC Mesnilaurentais, c’est de la dynamite
Du fait de ses 145 licenciés, le FCML joue petits bras. Mais comme le disait si bien La Voix, méfiez-vous des apparences... Un partenariat avec OneGum, sponsor du Stade de Reims ; la traversée d'une rivière par deux joueurs déguisés en Vikings ; des encouragements de Jean-Yves Lafesse, entre autres. À l'image de son 1er tour de Coupe de France le week-end dernier avec canapé au bord du terrain, tifo et speaker, le club du Maine-et-Loire ne ménage pas ses efforts pour exister, et c'est peu dire qu'il réussit à se faire remarquer.
L’Anjou. Ses illustres Joachim Du Bellay, François Rabelais et Hervé Bazin. Son stade Raymond-Kopa. Son pâté aux prunes. Sa soupe angevine. Et son FC Mesnilaurentais, complètement déjanté. Un club né en 2010 de la fusion de l’Étoile rouge du Mesnil, basée au Mesnil-en-Vallée, et des Cadets des Mauges, installés à Saint-Laurent-du-Mottay. « C’était un peu dans le mouvement des communes nouvelles, pour des soucis d’organisation et pour mutualiser pas mal de ressources, resitue Félix Baranger, membre de l’équipe de com. Les ennemis d’hier sont devenus coéquipiers, et ça se passe très bien. Parfois même trop bien. Certaines de nos préparations le samedi soir sont parfois plus musclées que sur la pelouse. » Un état d’esprit trimbalé sur tous les terrains. Sur du gazon de temps en temps, dans des bourbiers assez souvent.
Dans le triangle des Bermudes
Le FCML est situé sur la commune nouvelle de Mauges-sur-Loire. « C’est à peu près à équidistance de Cholet, Angers et Nantes. On est dans le triangle des Bermudes. » Comme tous les clubs dignes de ce nom, les Orange et Noir sont chez eux partout, ou presque. Au stade des Echuettes, posé au Mesnil-en-Vallée, mais également au stade des Deux Colombes, à Saint-Laurent-du-Mottay. « C’est historiquement le stade des Cadets des Mauges. Footballistiquement, c’est moins intéressant parce que le terrain crame rapidement, ou alors ça devient de la bouillie. Il est dans une cuvette, tu as des buttes d’herbe de chaque côté. Je ne sais pas si ça impressionne les adversaires, mais on appelle ça le chaudron en rigolant. Il pouvait y avoir 200 ou 300 personnes pour les gros matchs. »
Dans l’ombre de l’ogre voisin pomjeannais, « malheureusement encore trop fort » pour l’équipe fanion, le club se démarque ailleurs : dans sa communication. Sur ce terrain, les tacles appuyés sont souvent bien mieux maîtrisés que sur le gazon. « On est tous copains, donc il n’y a pas de problème pour chambrer, puisque la prochaine fois, ce sera notre tour, sourit Félix, surnommé FatFéfé par parallélisme avec son frère Grotiti. Les thématiques reviennent régulièrement. On a des problèmes de finition depuis quelques années, du coup ça chambre. L’été, quand on revient, le coach Aurélien n’est pas très content non plus. La prépa estivale se fait plutôt à coups de barbeuc et de vin rouge que de course d’une heure le vendredi soir. »
Les victimes sont nombreuses et régulières sur la page Facebook du FCML, mais le second degré fait son petit effet. « On a des appels de joueurs de National, de R1 ou de R2 qui nous disent qu’ils sont intéressés par notre club parce qu’il y fait bon vivre, raconte le président Ludovic Burgevin. Quand on leur dit qu’on est en troisième division de district, ils raccrochent, mais c’est sympa, ça montre qu’on peut toucher les gens. »
Des Vikings, des chewing-gums et une bétaillère
Toucher les gens, le FC Mesnilaurentais l’a très bien réussi l’an passé. En organisant des lives avec Steve Savidan, Romain Thomas ou Benjamin Nivet. En obtenant des vidéos d’encouragement de la journaliste Vanessa Lemoigne, pas convaincue par le régime alimentaire à base de kebabs et de merguez adopté par pas mal de joueurs, ou de l’humoriste Jean-Yves Lafesse, « abasourdi » par le nombre de carreaux brisés par les balles perdues des attaquants.
Et en tournant un court-métrage d’un autre temps, pour annoncer un partenariat avec les gommes énergisantes OneGum. « Le décalage entre le monde amateur et ce gain marginal pouvait être drôle. On avait deux gars, Nelson et Potpot, qui étaient chauds pour faire les Vikings, ils étaient déjà venus déguisés, la tête rasée, lors d’une journée canoë. On s’est dit qu’on allait mixer ça pour marquer le coup. On s’était barré pendant le match de la première pour aller tourner ça, tu vois l’esprit club.(Rires.) Ça ne devait pas être grandiose donc on a filé. On n’a pas perdu notre après-midi, il y en a même un qui s’est vautré dans l’eau. »
Le FCML, « c’est l’esprit familial », insiste le président. « Je me rappelle qu’un jour, avant un match, plusieurs joueurs sont arrivés habillés en agriculteur avec les bottes, la moustache et le style des années 1950. En tant que club rural, on nous traite souvent de « paysans », même si nous, on aime bien ce mot. Ils voulaient montrer que les paysans étaient là, et je crois qu’à la fin, on avait gagné. Ils ont fait un tour d’honneur en bétaillère après. On est gagneur quand on entre sur le terrain et on est trinqueur quand arrive la troisième mi-temps. » Un cocktail qui autorise à rêver. « On a calculé que si on monte chaque saison, d’ici dix-douze ans, on est en Ligue 1, précise Félix. Donc la Ligue des champions dans quinze ans, si tout se passe bien. »
Par Quentin Ballue
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