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Le cyclisme montre-t-il au football ce qu’il ne faut pas faire ?

Par Nicolas Kssis Martov
4 minutes
Le cyclisme montre-t-il au football ce qu’il ne faut pas faire ?

À en croire la présidente de la LFP Nathalie Boy de la Tour, le foot ne « ressort pas grandi » à se chamailler sur le classement d'une Ligue 1 précocement arrêtée. Pourtant, le ballon rond n'a pas à rougir de la manière dont il a traversé cette crise sanitaire en prenant plutôt conscience de la hiérarchie des enjeux et des urgences. Le vélo, autre grande passion nationale, peut-il en dire autant ? Et surtout, montre-t-il le bon exemple en cette période cruelle ?

Le cyclisme occupe une place particulière dans le panthéon sportif tricolore. Passion populaire tant en pratique qu’en audience, il a également toujours eu les faveurs des élites intellectuelles, artistiques et même politiques. Ce dont le football ne peut véritablement se prévaloir que depuis 1998. Surtout, dans les secrets mystiques de cette ancienne fille aînée de l’église qui se décida laïque, il lui apporta une nouvelle messe estivale : une grande boucle durant laquelle les fidèles, même occasionnels, se rassemblent sur les bords des chemins ou devant le petit écran pour admirer ses « forçats de la route » devenus des stars sous intraveineuse. Le foot peut clairement se prétendre la voix du peuple, la petite reine reste son souverain.

Dès lors, comment expliquer que la seule obsession de ce petit monde à deux roues dans une France à l’arrêt ait été de trouver une manière de sauver cette épreuve phare par tous les moyens ? Comment expliquer l’obstination observée pour reconstruire un calendrier, aussi ubuesque soit-il, afin que tout continue malgré la gravité de la situation ? Les chiffres morbides grimpaient, des millions de Français étaient mobilisés dans les services publics pour sauver des vies et (r)assurer les confinés. En face, on échafaudait au fur et à mesure des stratégies napoléoniennes et des plans sur la comète pour que les maillots jaunes ou à pois soient bel et bien distribués en 2020. Des négociations et déclarations tous azimuts, coûte que coûte, jusqu’au ridicule… Le deuil de Paris-Roubaix était déjà presque un sacrilège, à les écouter.

Le foot résigné, mais digne ?

Alors que les tentations de suivre le modèle outre-Rhin se font entendre en ce moment, le foot français a une leçon à tirer de tout cela : celle de continuer à suivre une ligne de conduite qui lui a plutôt réussi, jusqu’à présent. Admettre la gravité de la situation, continuer de vivre ce temps suspendu comme un moment unique pour se remettre en question et surtout témoigner sa solidarité vis-à-vis du reste de la société. Dont les problèmes et les inquiétudes se révèlent infiniment plus graves, rappelons-le, que de connaître l’identité des prochains clubs évoluant en Ligue des champions ou en Ligue 2.

Au lieu de tenter d’imposer jusqu’au bout des calendriers hâtifs et inconscients, voire irresponsables, il semble préférable de tirer un trait sur cette saison. Du footeux amateur contraint à jongler avec du PQ aux stars qui négocient ou non leur réduction de salaire, le foot a su prendre son mal en patience, conscient que le pire se situait ailleurs. Quand le vélo, lui, paraissait réclamer en permanence un totem d’immunité. En matière de contamination, on a pourtant bien du mal à trouver moins dangereux un peloton agglutiné qu’un match à onze contre onze.

Tout le monde déteste les chouchous

Malgré tout, le vélo peut se vanter d’être relativement épargné. Par exemple, les cyclistes du week-end vont pouvoir – au nom des pratiques individuelles de plein air, seules autorisées dans l’actuel déconfinement – reprendre les humbles sentiers départementaux du Nord ou de la Bretagne. De plus, le Tour est censé s’élancer fin août, probablement de Nice. Le cadeau de sacrifice, au nom d’un intérêt national dont le cyclisme prétend représenter partiellement le patrimoine, aurait pourtant été logique. Il représenterait même un devoir patriotique, dans un sens. Seulement, auréolé de sa noblesse historique et de ses entregents économiques, ce sport bénéficie de la mansuétude du Premier ministre qui l’a exclu de l’interdiction des événements de plus de 5 000 personnes ne pouvant se tenir « avant le mois de septembre ».

À ce propos, le ministère des Sports répond simplement qu’« à ce stade, la doctrine actuelle n’impose pas son report ou son annulation ». Le football a en revanche dû se soumettre, fort logiquement, à une fin décrétée par le pouvoir régalien. Pour leur part, les amateurs avaient déjà fait acte de contrition citoyenne en clôturant leur championnat. Le vélo, chouchou de la République et de son président ? Voilà un privilège que le foot, définitivement fidèle au tiers état, peut s’enorgueillir de ne pas réclamer. Il y a des faveurs qu’il faut savoir ne pas demander, et surtout ne pas accepter.

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Par Nicolas Kssis Martov

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