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Le coach canadien Bob Birarda condamné pour agression sexuelle et attouchements sexuels

Par Baptiste Brenot
5 minutes
Le coach canadien Bob Birarda condamné pour agression sexuelle et attouchements sexuels

Le pays des championnes olympiques de football a été secoué dernièrement par une affaire d'agressions sexuelles, impliquant le coach Bob Birarda, mais aussi, par ricochet, l'ensemble des responsables fédéraux.

La sentence est tombée mercredi dernier au tribunal de Vancouver, après un long processus, permis par le courage des victimes qui ont osé témoigner et une enquête journalistique d’envergure menée en 2019 par le média CBC Sports. Bob Birarda a été condamné mercredi à deux ans de prison, dont 16 mois ferme. L’ancien sélectionneur des U20 féminines canadiennes, entre 2007 et 2008, et également coach des Vancouver Whitecaps, alors principale équipe de soccer professionnel féminin dans le pays, était sous le coup de trois chefs d’accusation d’agression sexuelle et un d’attouchements sexuels en position d’autorité. Les quatre plaignantes étaient adolescentes au moment des faits, survenus entre 1988 et 2008.

En 2008, moment où des joueuses s’étaient alors plaintes de messages à caractère sexuel envoyés par ce dernier, il avait été démis en catimini de toutes ses fonctions. Mais le motif de son renvoi, ainsi que des faits de harcèlement moral et sexuel ont été passés sous silence par la fédération canadienne. Birarda a ainsi pu poursuivre son activité d’entraîneur auprès d’adolescentes dans la région de Vancouver et a même exercé au sein d’équipes féminines jusqu’à ce que pas moins de douze joueuses réclament une enquête à son encontre, en février 2019, alors que celle de CBC Sports révélait l’ampleur des affaires de prédation sexuelle sur les jeunes athlètes au Canada.

Un coach incontournable dans le milieu du foot féminin canadien de l’époque

Abus de pouvoir, intimidations, manipulations : les témoignages s’accumulent, plus accablants les uns que les autres, et qui vont démontrer l’usage de sa position dominante pour essayer d’obtenir des relations sexuelles avec des joueuses. Une position dominante que décrit bien Ciara McCormack sur son blog en février 2019, au moment où le scandale est révélé : « En 2005-2008, si vous étiez une femme et que vous vouliez jouer pour le Canada, vous deviez essentiellement jouer pour les Whitecaps de Vancouver. Cela a donné aux entraîneurs et à l’organisation un pouvoir malsain. »

L’ancien coach avait la confiance de ses victimes, qui craignaient que rejeter ses avances risque de nuire à leur carrière professionnelle.

La juge Deane Gaffar, en charge de l’affaire, identifie bien le problème au moment d’annoncer la condamnation : « L’ancien coach avait la confiance de ses victimes, qui craignaient que rejeter ses avances risque de nuire à leur carrière professionnelle. » Elle identifie même un processus de prédation bien rodé, mis en évidence par des messages privés envoyés à une adolescente de 17 ans par celui qui s’occupait d’une académie accueillant des jeunes footballeuses, entre 11 et 14 ans. La jeune joueuse avait ensuite subitement mis un terme à sa carrière alors débutante.

Les manquements graves de la Canada Soccer

Le rapport saisissant du cabinet d’avocat McLaren, commandé par la fédération canadienne dans le cadre de l’enquête ouverte par la MLS sur les Vancouver Whitecaps, est publié en juillet 2022. Il met en valeur le dangereux problème de gestion par la fédération canadienne des accusations de harcèlement sexuel sur mineurs émises en 2008. Lors de l’éviction du coach, l’instance dirigeante du football canadien n’avait fait état que d’une « décision mutuelle des deux parties » de mettre fin à leur collaboration. Le document du cabinet McLaren va encore plus loin. La Fédé a ainsi « menti aux joueuses et caché la véritable raison de son départ ». En refusant de renvoyer Birada et par « l’absence de sanctions disciplinaires » à son encontre, lui donnant l’occasion de poursuivre dans la profession, la Fédération canadienne a mis en danger d’autres joueuses. Pourtant, Victor Montigliani, président de la Canada Soccer et actuel président de la CONCACAF et vice-président de la FIFA, avait connaissance de l’intégralité des plaintes au sujet de Birarda. Ce que l’intéressé contredit, dans un communiqué adressé au Guardian, qui a fourni une enquête au sujet des manquements de la FIFA dans cette affaire.

Ils n’ont pas soutenu et protégé les personnes dont ils avaient le devoir de s’occuper à l’époque et ils ne semblent pas disposés à en accepter la responsabilité maintenant.

La FIFA appuie toujours les responsables mis en cause

Le rapport McLaren dédouane Victor Montigliani et Peter Montopoli (aujourd’hui chef de l’exploitation de la Coupe du monde 2026 pour le Canada, qui coorganisera la compétition avec les États-Unis et le Mexique) de toute dissimulation. Mais pour l’ancienne star du football féminin canadien Andrea Neil, « ils pourraient encore reconnaître que les dirigeants du passé ont choisi de protéger leur intérêt personnel et leur réputation et celle de Bob Birarda, plutôt que la sécurité et le bien-être de leurs joueurs. Pas seulement les joueuses qu’il dirigeait directement à l’époque, mais aussi celles que Birarda a ensuite entraînées.[…]Ils n’ont pas soutenu et protégé les personnes dont ils avaient le devoir de s’occuper à l’époque et ils ne semblent pas disposés à en accepter la responsabilité maintenant. » Si Bob Birarda a bien été condamné mercredi, la réaction des officiels de la fédération canadienne, aujourd’hui au sommet des instances dirigeantes du football mondial, a mis en danger de nombreuses autres joueuses. L’agresseur a pu exercer avec de jeunes filles presque continuellement entre 1988 et 2019, sans être inquiété par la justice jusqu’alors. Et les responsables de l’absence de sanction envers le prédateur, en dépit des éléments flagrants déjà connus en 2008, ne sont toujours pas inquiétés. Il faut également rappeler que si quatre plaignantes ont témoigné au tribunal, elles étaient douze à réclamer une enquête après les révélations de 2019. Les victimes sont sûrement bien plus nombreuses.

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