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Le cas Jean-Louis

Par Julien Duez, au Stade de l'Aube
4 minutes
Le cas Jean-Louis

Expulsé en fin de première période pour un virulent face-à-face avec l’arbitre, Jean-Louis Leca a laissé ses partenaires à dix pendant près d’une demi-heure face à l’ESTAC. Heureusement pour lui, son suppléant s’est chargé de tenir la baraque et le Corse aura peut-être une dernière chance de porter le maillot lensois avant la fin de la saison.

Longtemps, on a cru que les prébarrages servaient à éliminer un à un les seconds couteaux de Ligue 2 dans le but de sauver l’antépénultième de l’élite sur le buzzer. Pour preuve, l’année dernière, les équipes en déplacement, et donc moins bien classées que leur adversaire au terme de la saison régulière, se sont fait sortir une à une, jusqu’à ce que Toulouse ne dispose facilement de l’AC Ajaccio. Mais cette année, le RC Lens a montré que les belles histoires existent, même lorsque l’on enchaîne deux matchs d’affilée à l’extérieur en moins de 72 heures.

Les nerfs en pelote

Finalement, à quoi ça tient de créer pareil exploit ? Pas grand-chose. Récupérer vite, opérer les changements nécessaires dans le onze de départ, un peu de chance… Et surtout, la maîtrise de soi. Ce dernier point, Jean-Louis Leca avait oublié de le cocher dans sa to-do-list au moment d’entrer sur le terrain. Il faut dire que le portier corse, 33 ans et 36 rencontres à son actif entre les perches artésiennes cette saison, avait de quoi être tendu. Après l’ouverture du score prématurée signée Gomis (3e), son RC Lens domine dans l’entrejeu, mais c’est l’ESTAC qui se procure les occasions, sans jamais les concrétiser cependant. Alors, quand Arial Mendy envoie un coup d’épaule à Bryan Mbeumo dans la surface à cinq minutes de la pause, Leca, déjà sous pression, explose. « Il a dit à l’arbitre : « Il est debout ! Il est debout. » Fort, mais pas de manière véhémente » , se désolait son entraîneur Philippe Montanier après la rencontre, mettant le coup de sang de son gardien sur le compte d’un « trop-plein. » « C’est parole contre parole. Jean-Louis m’a assuré qu’il ne l’avait pas insulté. Et je le connais. S’il me donne sa parole… C’est un Corse, hein. »

Sauf que l’arbitre n’a pas sa vision du portier lensois mugissant à deux centimètres de son visage. Une attitude de défiance qui n’est pas passée au vu du contexte tendu dans lequel se déroulait la rencontre, chauffée à blanc par le parcage lensois. Et s’il ne nous appartient pas de juger sa décision d’accorder le penalty ou non à l’ESTAC, au nom du respect de son intégrité, la double peine infligée au RC Lens semblait pour le coup très sévère. D’autant qu’il y a fort à parier que l’on ne connaisse jamais le fin mot de ce qui s’est dit entre les deux hommes. « On verra ce que l’arbitre mettra dans son rapport. Le jour où on enregistrera ce qui se dit dans les micros, ça risque de changer pas mal de choses » , concluait Montanier en conférence de presse.

Vachoux à la crème de la crème

Après la rencontre, l’ancien Bastiais l’avait mauvaise et refusait sèchement de s’exprimer sur l’incident. Un silence compréhensible et qui cache la frustration de ne pas disputer ce que son entraîneur appelle « la finale » . En tout cas, pas le premier acte à Bollaert le 30 mai prochain. Le plus important donc. Mais parce que les belles histoires se terminent parfois bien, Leca sait que ses cages seront bien gardées par Jérémy Vachoux. Entré à froid à sa place et impuissant face au penalty de Bryan Pelé, le numéro deux, comme ses titularisations cette saison, et comme le nombre de fois où il a été impérial lors du second acte et en prolongation. Une belle fin de romance avec Lens pour celui qui a déjà confirmé sa signature à Orléans la saison prochaine. Mais ça, ce sera après un dernier kif à la maison. Avant de peut-être devoir céder sa place à l’insubmersible Leca pour le barrage retour. D’ici là, ce dernier sait ce qu’il doit changer pour éviter que pareil incident ne se reproduise. Un homme qui a su rester de marbre et jouer les médiateurs lorsque ses anciens partenaires de l’AC Ajaccio s’en prenaient vertement à Jean-Philippe Mateta en prébarrage la saison dernière (déjà), est forcément un homme de valeur.

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Par Julien Duez, au Stade de l'Aube

Propos recueillis par JD.

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