Le Capón de bonne espérance

Le Covid-19 vient de tuer une légende de l’Atlético de Madrid. « La famille atlética est en deuil. L’une de nos grandes légendes vient de décéder : José Luis Capón. Il sera toujours dans nos cœurs. Repose en paix. » Sur Twitter, ces quatre phrases ont suffi à empirer une journée sous le signe de la douleur pour les fans de l’Atlético. Une poignée d’heures plus tôt, ce samedi 28 mars 2020, le club madrilène apprenait avec peine la disparition de Christian Minchola, attaquant de 14 ans issu des catégories de jeunes. De fait, le décès prématuré de l’adolescent cumulé à celui du septuagénaire dévoilent une vérité crue : la mort peut toucher n’importe quel être humain n’importe quand. « Cette sensation d’impuissance engendrée devant une telle situation est horrible, décrit le conseiller délégué de l’Atlético Miguel Angel Gil pour définir cette double perte. (…)La sensation de ne pas pouvoir faire ses adieux comme ils le méritent nous laisse devant une grande injustice qui vous détruit le cœur. » Capón, ancien défenseur de renom, garde malgré tout un œil protecteur sur le jeune Christian.

La familia atlética está de luto. Ha fallecido una de nuestras grandes leyendas: José Luis Capón. Siempre estarás en nuestros corazones. Descanse en paz.➡ https://t.co/9mPvtmHg0r pic.twitter.com/qdFSv0J7KB

— Atlético de Madrid (@Atleti) March 29, 2020

Un air de famille

Pour comprendre l’importance du lien intergénérationnel selon Capón, il faut aller au-delà de son épaisse moustache devenue mythique auprès des sociosde l’Atlético. À la lecture de sa carrière sportive, l’arrière latéral affiche une ligne de conduite exemplaire avec son club auquel il est resté fidèle durant la décennie 1970-1980 comme joueur, mais également bien avant. « Le meilleur moment de mon histoire avec ce club, c’était d’aller au stade Metropolitano avec mon oncle pour voir jouer l’Atléti, évoquait l’intéressé pour le site officiel du club en avril 2013. J’ai eu cette grande chance de naître Atlético, de vivre Altético et de jouer pour l’Atlético près du Manzanares, tout près de là où j’étais né, à Legazpi. » Dans son cocon familial, Capón fait finalement ses gammes chez les pros pendant une saison, avant d’être cédé en prêt d’un an à Burgos pour revenir dans la capitale espagnole l’été suivant afin de succéder à l’émérite Isacio Calleja sur le flanc gauche d’une défense à quatre.

Cependant, l’Atlético n’érige pas encore son 4-4-2 en doctrine et préfère un 4-3-3 plus dévastateur. Double champion d’Espagne en 1973 et 1974, Capón fait partie des meubles de l’équipe, comme en témoigne sa double titularisation dans la mythique finale de Coupe d’Europe des clubs champions perdue face au Bayern Munich, après un match d’appui en finale (1-1, 0-4). Malgré tout, l’Atlético profite d’un dédain bavarois vis-à-vis de la Coupe intercontinentale pour remplacer son bourreau et vaincre le CA Independiente en confrontation aller-retour (0-1, 2-0). « Ce qu’il me manque aujourd’hui dans le football, c’est la stabilité des effectifs, car nous avions toujours cette base pour nous permettre d’atteindre les plus hauts sommets, poursuivait Capón. Aussi, il faut que le public ressente notre équipe. Nous devons donner de l’espoir à nos supporters car ils vivent pour l’Atlético de Madrid. » Moustache toujours apparente au fur et à mesure des années, Capón ajoute une Coupe d’Espagne à son palmarès en 1976, puis range ses crampons cinq années plus tard après une dernière pige à Elche.

« Le golf est l’une des décisions les plus importantes de ma vie »

Avec un statut de légende du club bien mérité, Capón va passer le reste de sa vie à épauler son club de toujours. Malgré cela, une mauvaise nouvelle vient perturber son après-carrière lorsque le corps médical lui diagnostique la maladie de Parkinson. Et alors ? Ce lutteur dans l’âme ne baisse pas sa garde et trouve une nouvelle passion avec le golf. « Avoir repris une activité sportive comme le golf est l’une des décisions les plus importantes de ma vie, explique Capón en 2011. Cela permet de travailler sa concentration et de se regrouper d’une manière très positive avec les anciens de l’Atlético. J’aime ce sport, car il m’offre de la distraction et il te donne des émotions à travers l’envie d’améliorer ton handicap : tu es heureux quand tu t’améliores, mais tu es de mauvais poil quand ça ne marche pas. » Que son club soit dans son cœur ou dans sa main, Capón savait avancer avec un mental de champion contre vents et marées.