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La nuit étoilée du LOSC

Par Andrea Chazy, à Wolfsbourg
5 minutes
La nuit étoilée du LOSC

En décrochant une qualification historique pour les huitièmes de finale de Ligue des champions ce mercredi en Allemagne sur la pelouse de Wolfsbourg (3-1), le LOSC s’est offert une soirée de rêve à bien des égards au cœur de la Basse-Saxe. En s’affirmant de la sorte sur la scène européenne ces dernières semaines, le champion de France en titre a repris des couleurs, des vraies, après un début de saison en dents de scie sur le plan national.

C’est une pluie de petits flocons qui s’abat ce jeudi matin sur Wolfsbourg. Le ciel est gris, les cheminées de l’usine Volkswagen crachotent en continu et dans les rues, le petit monde est en route pour une nouvelle journée de labeur. La veille, le miracle allemand n’a pas eu lieu : le club de Wolfsbourg, le Vfl, a été laminé par Lille (1-3) devant 6000 personnes tout au plus et termine donc quatrième dans une indifférence quasi générale. Il faut dire que la Covid n’aide pas : hier soir dans les rues de la ville-usine de Basse-Saxe, il n’y avait ni larmes allemandes ni chants de victoires français. Il n’y avait rien, en fait. Seulement les sourires de la délégation lilloise, des U19 au groupe pro, qui s’apprêtaient à rentrer dans le Nord avec le sentiment d’avoir accompli quelque chose d’historique. Et c’est déjà pas mal.

Le LOSC a mué

Qui aurait pu imaginer, le 20 octobre dernier au coup de sifflet final d’un très fermé Lille-Séville (0-0), que le LOSC terminerait de cette manière la première partie de sa campagne européenne ? Pas grand-monde. Avec seulement deux points glanés au bout de trois rencontres, les deux à domicile face à Wolfsbourg et Séville sur un score nul et vierge, les oracles du monde entier prédisaient la médaille en chocolat du groupe G pour les Dogues. Il n’en a finalement rien été. « On savait qu’avec deux points après trois matchs, on était quatrièmes, mais avec cette possibilité de revenir dans le coup, expliquait le sourire aux lèvres Jocelyn Gourvennec après la rencontre. Puis on est passé troisièmes, puis seconds, puis premiers du groupe. La victoire à Séville a été un tournant, il est là le déclic dans la tête des joueurs. » Depuis un mois, il y a eu Séville donc (2-1), Salzbourg (1-0) et l’apothéose qui s’appellera Wolfsbourg (3-1) pour l’éternité.

Si Séville a pu être un déclic, Wolfsbourg pourrait être la suite logique pour les joueurs du LOSC. Face aux Allemands, « tout n’a pas été facile » comme le confiait Benjamin André après la rencontre. Mais Lille est parvenu à faire le dos rond lorsque le moteur allemand rugissait, puis à mettre le doigt là où ça fait mal quand il en a eu l’opportunité. Au cœur de la Volkswagen Arena, la première période fut un bon résumé des sorties européennes lilloises de ces dernières semaines : que ce soit dans une ambiance chaude comme à Séville ou bien dans un semi huis clos comme en Allemagne, Lille s’est montré très solide derrière et clinique devant. L’ouverture du score de Burak Yılmaz, sur l’un des deux seuls tirs cadrés nordistes de la première période, part d’un corner adverse capté par Grbić et concrétisé dans la minute par le Turc après un rush de Jonathan Ikoné et un total de trois passes. La seconde période en revanche a montré un Lille que l’on connaissait moins : maître de ses émotions, très offensif même à 3-0, animé par une volonté constante d’aller de l’avant et de marcher sur son adversaire plutôt que de l’attendre pour le contrer. Un constat que partageait Jonathan David au micro de Canal+ : « On est plus compacts défensivement, on est plus durs à passer. Après, en attaque, on est plus décisifs, on marque plus. C’est ce qui fait la différence et qui nous aide beaucoup. »

« On aura le temps de savourer lundi, lorsqu’on verra le tirage »

Au moment de faire les comptes de cette phase de poules de C1, le résultat final est plus que probant : le LOSC termine en tête de son groupe pour la première fois de son histoire avec onze points, s’offre donc le luxe de recevoir son prochain adversaire au match retour tout en finissant troisième meilleure défense sur la période avec quatre buts encaissées (seuls le Real et le Bayern ont pris un but de moins que les Dogues). Pourtant, malgré les dents apparentes et quelques selfies pris sur la pelouse, la joie des Lillois était loin d’être exubérante. Comme si la machine était maintenant bien en marche, tous avaient déjà la tête tournée à Lyon, que le LOSC reçoit dimanche à Pierre-Mauroy, dans un choc de grosses cylindrées en retard sur les temps de passage. Benjamin André le premier : « Ce qu’on avait fait l’année dernière en terminant champions, c’était déjà grand, mais là, on amène le LOSC encore un peu plus haut, assurait quand même la plaque tournante nordiste. On se prend à rêver, car on est capables de faire quelque chose de grand avec cette équipe quand on est à 100%, voire 110% comme ce soir. Mais on n’a pas le temps d’être dans le calcul. La Ligue 1 revient dès dimanche, et il faut vite basculer. On aura le temps de savourer lundi, lorsqu’on verra le tirage. »

Le tirage verra donc le LOSC tête de série affronter soit le Sporting Portugal, Benfica, l’Atlético, Chelsea, l’Inter ou encore le vainqueur d’Atalanta-Villarreal reporté à cause de la neige. Gourvennec lui-même en est conscient : tout le monde voudra tirer le LOSC « plutôt que le Bayern ou la Juve », selon ses propres mots. Difficile de lui donner tort. Même si d’ici le mois de février, Lille ne sera peut-être plus onzième de Ligue 1 et aura capitalisé sur sa campagne européenne d’ores et déjà réussie pour faire oublier son début de saison raté aux quatre coins de l’Hexagone. Reste qu’après le Trophée des champions glané cet été au nez et à la barbe du PSG (1-0) et cette seconde qualification dans l’histoire du club pour les huitièmes, cette équipe a montré qu’elle pouvait se sublimer. Personne ne sait où en sera Lille dans trois mois, si Jonathan Ikoné ou Renato Sanches seront encore là, si Jonathan David continuera à enquiller les buts et si la paire José Fonte-Sven Botmen sera toujours aussi imperméable. Ce qui est sûr en revanche, c’est que Wolfsbourg a beau ne pas être la plus belle cité d’Allemagne, elle aura à jamais une place de choix dans le cœur des Lillois comme dans la saison de ce LOSC-là.

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