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La Ligue 1 de l’excitation
Après plus de deux mois de pause, la Ligue 1 fait son retour ce vendredi soir avec une rencontre entre Lyon et Ajaccio en guise d'ouverture d'une saison qui s'annonce emballante à souhait. Celle de la confirmation après un dernier exercice réjouissant, mais également de la nouveauté, avec la Coupe du monde automnale et les quatre descentes actant le passage de vingt à dix-huit clubs. Et toujours ce même espoir de voir le jeu finir par l'emporter.
C’est la fin du sevrage, et le début d’une nouvelle aventure dont on ignore encore tout. Après 76 jours de pause, la Ligue 1, le feuilleton préféré des Français, loin devant tous les autres, est de retour. Au cœur d’un été rythmé par des matchs amicaux sur-analysés, puis un mercato pénible et trop long comme chaque année, il était temps de retrouver les frissons de la compétition. Ce week-end doit être celui des premières curiosités, des premières sensations et des premières conclusions trop hâtives, qui font aussi le charme d’une histoire qui doit s’écrire pendant dix mois, en espérant que la fête prenne cette fois le dessus sur la violence dans les tribunes. Cela doit aussi être la saison de la confirmation, après une cuvée 2021-2022 exceptionnelle en termes de spectacle (1067 buts marqués, le total le plus élevé depuis 40 ans), de jeu, et même de suspense si l’on met de côté le sacre facile du PSG. Celle de la nouveauté, aussi, puisque la Coupe du monde automnale entraînera l’interruption de la routine pendant plus d’un mois, entre le 13 novembre et le 28 décembre, jusqu’aux matchs programmés lors de l’habituelle trêve de Noël. Voilà pour l’agenda, place aux terrains.
Paris et les ambitieux
À quelques heures du coup d’envoi de sa nouvelle saison, le championnat de France n’avait pas semblé aussi excitant depuis bien longtemps. En haut comme en bas, les débats devraient être passionnants jusqu’au bout. La première place semble pourtant encore réservée au Paris Saint-Germain, relooké à la fin du printemps, mais toujours considéré comme intouchable au moment de désigner les candidats potentiels au titre. Dans le discours, le PSG a d’ailleurs choisi d’adopter une autre méthode, parfaitement incarnée par l’intronisation de Christophe Galtier au poste d’entraîneur : la Ligue 1 ne compte pas pour du beurre. Reste à savoir si la promesse de retrouver une équipe concernée et un collectif moins chaotique sera respectée. Surtout que derrière l’ogre parisien, les ambitieux ont rarement été aussi nombreux. Parmi eux, l’AS Monaco, orpheline d’Aurélien Tchouaméni, mais forte d’une incroyable dynamique avant la coupure, pourrait être taillée pour titiller le champion en titre en cas d’une baisse de régime au cours d’une saison où le Mondial sera l’objectif numéro un des stars.
Le Stade rennais, 4e du dernier exercice, a également peu changé à moins d’un mois de la fermeture du mercato, ce qui ressemble à une bonne idée après une saison séduisante (101 buts marqués toutes compétitions confondues). L’OGC Nice, de son côté, a profité du départ de Galtier pour récupérer Lucien Favre, dont le premier passage sur la Côte d’Azur entre 2016 et 2018 avait laissé un bon souvenir. Lille, sacré un an plus tôt, a tourné la page Jocelyn Gourvennec pour passer à celle Paulo Fonseca avec l’envie de retrouver des couleurs et une place dans le top 6. Les deux Olympiques, eux, ont choisi de vivre un été paradoxal : l’OM, dauphin du PSG, a dit au revoir à Jorge Sampaoli et bonjour à Igor Tudor, déjà contesté du côté de la Commanderie, quand l’OL a préféré maintenir sa confiance en Peter Bosz, malgré une 8e place historiquement décevante et une révolution institutionnelle avec la vente à un nouvel investisseur américain. Un tableau intriguant, incertain, qui ne doit pas laisser de côté les outsiders comme Lens, Strasbourg voire d’autres surprises capables de bousculer la hiérarchie dominée par les plus riches.
Le jeu en vaut la chandelle
Au centre des préoccupations, il reste le jeu. Après une période pendant laquelle les stratégies défensives étaient dominantes dans l’Hexagone (il fallait être « costauds » et « solides »), la recherche du beau et de l’attaque semble avoir pris le dessus. Certains techniciens venus d’autres contrées ne sont pas étrangers à cette évolution philosophique, Marcelo Bielsa en tête, mais celle-ci est également portée par une nouvelle génération d’entraîneurs français, moins enfermée dans un modèle désormais archaïque, emmenée par Franck Haise (Lens), Julien Stéphan (Strasbourg) ou le petit nouveau Régis Le Bris (Lorient). La saison dernière, les équipes joueuses ont souvent été récompensées, en haut comme en bas. Ce sera également l’enjeu de cet exercice 2022-2023, celui du passage de vingt à dix-huit clubs, et donc des quatre descentes directes en deuxième division.
Une perspective angoissante pour les équipes destinées à se battre pour leur maintien dans l’élite, mais aussi pour les autres, jamais à l’abri d’un accident, comme en témoignent les relégations de Bordeaux et Saint-Étienne en mai dernier. Nantes et Montpellier peuvent par exemple se ronger les ongles. Il y aura des émotions pour tout le monde, comme toujours depuis près d’un siècle en première division, de Troyes à Reims en passant par Brest. Les promus (Toulouse, Ajaccio, Auxerre) que l’on a envie de (re)découvrir au plus haut niveau national auront aussi leurs parts du gâteau. La Ligue 1 leur appartient, à eux comme à nous, simples observateurs de ses acteurs, et c’est pour cela qu’on la retrouve chaque été avec un plaisir non dissimulé.
Par Clément Gavard