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La fiche de l’OGC Nice
Il se passe toujours quelque chose à Nice. Même quand les résultats ne sont pas là. Coincé entre Marseille et Monaco, le Gym doit exister autrement sur la planète football. Pour ce faire, Claude Puel a décidé de relancer Hatem Ben Arfa et de se séparer de Grégoire Puel. Un pari aussi excitant que fou.
La carte postale de l’été
« Ligue 1,
Je ne vais pas faire long. De toute façon, tu ne m’aimes pas. Je dérange, je le sais. On s’aime, mais c’est compliqué. Ça a toujours été compliqué. Tu as souvent préféré mes voisins. Qu’ils soient monégasques, cannois, marseillais ou toulonnais. Ne le nie pas, je le sais. L’an dernier ? Entre Diawara et la taule, Ben Arfa et son contrat, les Puel, les supporters, les huis clos partiels, le 5-0 à Saint-Étienne, le match sous la neige messine, j’en ai avalé des couleuvres. Même quand Carlos Eduardo en plante 5 dans une victoire historique au Roudourou, tu me boudes. Je vais être franc, j’étais à deux doigts de mettre la clé sous la porte et de suivre ma petite sœur de laSeleccioun, championne du monde des micro-États en 2014, puisque visiblement on dérange. Bon, tout compte fait, l’été a été chaud – 37 degrés samedi dernier -, la fête de la musique de France 2 est venue sur la promenade des Anglais et Hatem Ben Arfa a enfin signé chez nous. Moralité, on s’est dit qu’on allait retenter l’aventure, mais sans Grégoire Puel, en revanche. Enfin… On est donc à la recherche d’un nouveau punching-ball. Ça fait maintenant deux saisons que l’on se sauve les miches sur la ligne après une 4e place folle en 2013. C’est un complot. Personne n’aime Nice. Personne ne comprend le projet de Claude Puel. Pas même ses joueurs. Alors voilà, on a décidé de partir en rébellion contre le système. Comme Albert Spaggiari, on va faire le braquage du siècle. Le Real Madrid à la BBC, le Barça s’enflamme avec son MSN, nous, à Nice, on a BAGP : Ben Arfa, Germain, Pléa. Et cet été, ça a donné des bouffées de chaleur à nos supporters. Et tant pis si notre mascotte Alexy Bosetti a dû s’exiler loin de nous, c’est toujours l’un des nôtres.
Je ne t’embrasse pas, m’en bati
Le GYM »
La visite médicale
Nice revient de loin. On parle quand même d’une équipe aux symptômes rares et parfois incurables. L’an dernier, Nice avait innové en cochant la case « incarcéré » pour justifier l’indisponibilité d’un joueur pour un match. Du jamais-vu. Terminé les conneries, Claude Puel a repris son bâton de pèlerin et sonné la révolte. Trois recrues validées au début de l’été (Ben Arfa, Seri et Le Marchand), le cousin niçois Valère Germain arraché mi-juillet et voilà Nice déjà opérationnel pour le début de saison avec un 4-3-3 bien huilé. La greffe prendra-t-elle ou Ben Arfa fera-t-il l’objet d’un rejet ? Difficile à dire. Une chose est sûre, Grégoire Puel n’est plus là et tout Nice respire, de la place Arson à la Californie. Malgré tout, Nice est un convalescent permanent. Il y a toujours un petit bobo par ci, par-là. La preuve, on a gardé cette terrible tradition de la 17e minute lors des matchs à domicile. On applaudit Kévin Anin. Même si la onzième place récoltée lors de la dernière visite médicale est trompeuse, les hommes du président Rivère aimeraient vivre une saison plus calme, sans congés maladie ni même rechute. Les matchs amicaux de l’été ont en tout cas été positifs, on a vu du beau jeu (Galatasaray étrillé 4-0 quand même), de l’envie et des recrues efficaces. On s’est permis de rêver à un début de saison réussi depuis la rupture de contrat de Grégoire Puel. Si, si.
L’homme à ne pas suivre : Claude Puel
Difficile de trouver mieux que Claude Puel pour l’OGC Nice. C’est une évidence. Et pourtant, le coach azuréen est constamment montré du doigt depuis deux ans. Tout est systématiquement de sa faute. L’homme est obtus, rancunier, méfiant et parfois difficile à cerner. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, l’ancien coach de Lille et de Lyon a eu le malheur de lancer son fils Grégoire dans le grand bain. Aujourd’hui, Grégoire est détesté par toute une ville, et son départ semblait inéluctable. C’était un vrai sujet de crispation en interne, alors que le garçon était en bonne place sur la liste des transferts depuis janvier dernier. Pis, après le départ (enfin) de Grégoire, c’est l’autre fils – Paulin – qui pointe son nez dans le groupe professionnel. Paulin est attaquant. Durant les matchs amicaux, il a raté l’immanquable contre Beşiktaş. Et comme il s’appelle Puel, il a pris cher sur la toile. Prolongé jusqu’en 2017, Claude Puel sait qu’il joue gros sur la Côte d’Azur. Et les soutiens sont de moins en moins nombreux.
Pourquoi… Hatem Ben Arfa va retrouver les Bleus
C’est le pari de l’année avec Abou Diaby. Recalé en janvier pour une sombre histoire de match disputé avec les U21 de Newcastle, Hatem Ben Arfa a patienté 5 mois de son côté, enchaînant les matchs de street, pour être opérationnel durant l’été. Certains se sont moqués de son ventre « Bodmerien » , d’autres de son choix de carrière. Les récents matchs amicaux ont surtout mis en lumière une patte gauche délicieuse, des feintes démoniaques et un poste de numéro 10 qui lui va comme un gant. Dans une équipe sans pression, avec un entraîneur qui a toujours adoré relancer les écorchés vifs (Bodmer, Digard, Anin, Cvitanich), Ben Arfa a tout pour (re)devenir un joueur de football incroyable. Dans six mois, en forme et portant le Gym sur ses épaules, il tape l’incruste dans une liste de Didier Deschamps en poussant Mathieu Valbuena sur la touche. Gauche caviar et un tatouage « Only Nietzsche can judge me » pour les rageux. #BENARFA2016
L’inexpertise régionale de… Dominique Rizet
« Nice devient-il le nouveau Marseille avec les récents règlements de compte ? En règle générale, le fait divers niçois est beaucoup plus classe que celui marseillais. C’est plus chic, plus élégant. Marseille, on est dans la violence immédiate, dans le grand banditisme. Les différends se règlent par le bruit des armes, dans une débauche de coups de feu. À Marseille, on ne tue pas avec une balle, mais 80. J’avais un ami de la BRB (Brigade de répression du banditisme) qui avait une merveilleuse formule quand un truand se faisait descendre à Marseille :« Encore un mort du saturnisme. »Trop de plomb dans le sang. Nice, c’est moins bruyant. Plus travaillé. Plus mystérieux. Que ce soit l’enlèvement d’Agnès Le Roux, Spaggiari, Ghislaine Marchal pour l’affaire Omar Raddad, Frédéric Audibert, le Berger de Castellar, ou encore le docteur Cosme et ses seringues, c’est systématiquement sans déchaînement de coups de feu et avec une vraie part de mystère. On est sur des affaires sans réponses la plupart du temps. Omar Raddad, c’est un mystère archéologique du crime par exemple. Avec des personnages incroyables comme Albert Spaggiari. Ce dernier représente le fait divers niçois par excellence : sans haine, sans arme ni violence. La plupart du temps, on est sur des crimes liés à l’argent, la convoitise du bien de l’autre. On est typiquement sur des faits divers classieux. »
Mois après mois
Août : Début de saison parfait avec une victoire dans le derby contre Monaco lors de la première journée. Valère Germain marque l’unique but du match et vient narguer Leonardo Jardim sur le banc.
Septembre : Nice l’emporte à Saint-Étienne sur un but de Valentin Eysseric et gagne ainsi son troisième match de suite en Ligue 1 après Bastia et Bordeaux. Le Gym est 4e et Mathieu Bodmer rêve plus grand : « On peut jouer l’Europe. »
Octobre : Le Gym tombe d’entrée en Coupe de la Ligue face à Tours (0-2). Doublé d’Alexy Bosetti qui montre ses nouveaux tatouages au parcage niçois complètement partagé par les émotions à ce moment-là. En fin de match, La Bosette se lance même dans un clapping géant. En championnat, l’équipe marque le pas avec trois « 0-0 » de suite. Valère Germain s’enfile une tablette d’antidépresseurs.
Novembre : Hatem Ben Arfa refuse d’entrer en jeu pour les sept dernières minutes de la rencontre au Vélodrome, alors que Nice tient l’exploit (1-0). Profitant de l’embrouille Puel/Hatem, l’OM égalise dans les arrêts de jeu. Ben Arfa annonce qu’il veut arrêter le football et s’embrouille dans les couloirs du Vélodrome avec Abou Diaby. « Un différend de quinze ans » , avance-t-on.
Décembre : Après deux semaines de repos forcé, Hatem Ben Arfa revient affûté et motivé de Merano. « J’ai changé » , lâche-t-il. Montpellier en fait les frais pour ce dernier match de l’année. Un doublé et une passe décisive pour HBA. Nice est 8e à la trêve.
Janvier : L’OGC Nice quitte la Coupe de France après une défaite contre Wasquehal lors des tirs au but. Paulin Puel rate sa Panenka décisive. Claude Puel bouffe ses doigts. Par ailleurs, on est sans nouvelle de l’aigle « Mefi » , mascotte du club.
Février : Carnaval de Nice. Claude Puel, le roi du millésime 2016, est brûlé en mer comme le veut la tradition après une défaite humiliante contre l’OM à domicile (6-1 dont quatre penalties). Ben Arfa est élu « Aiglon du mois » pour la première fois.
Mars : Huis clos, stage commando, Nice revient avec le couteau entre les dents et ne fait qu’une bouchée des deux promus Troyes et Ajaccio : 5-1 et 4-0. Valère Germain affiche déjà 13 buts en Ligue 1 et glane le titre de meilleur joueur du mois de mars. Ben Arfa est rappelé par Deschamps pour les amicaux du printemps.
Avril : Nice se met en mode alternatif. Deux gifles reçues à Paris et Lyon couplée à trois victoires à la maison sur le plus petit des scores. Mathieu Bodmer marque deux buts en trois matchs. Une Madjer et une Panenka. « Si je peux faire une talonnade plutôt qu’un plat du pied, je ne vais pas me gêner » , lâche-t-il à Laurent Paganelli à la mi-temps.
Mai : Au Roudourou pour la dernière de la saison, le spectre de Carlos Eduardo n’est pas très loin. Valère Germain s’offre un quadruplé pour terminer la saison à 21 buts, à quelques longueurs d’Edinson Cavani. Nice pointe à la 9e place au soir de la 38e journée. Ben Arfa termine meilleur passeur de Ligue 1 en ayant joué 7 matchs en entier. Claude Puel est prolongé jusqu’en 2018.
Le onze type
Mouez Hassen /Romain Genevois – Maxime Le Marchand – Mathieu Bodmer – Olivier Boscagli / Nampalys Mendy – Jean-Michael Seri – Niklas Hult / Alassane Pléa – Valère Germain – Hatem Ben Arfa.
La charade
– Mon premier est un rongeur avec lequel Sylvester Stallone se régale d’un burger dans Demolition Man.
– Mon deuxième peut être clochette, du logis ou présente dans tous les Zelda.
– Mon troisième est le début d’une chaîne de télévision sur laquelle on peut enchaîner les clips de Gradur, Jul, Maître Gimms et Zaho.- Mon quatrième est la première syllabe d’un mot péjoratif pour qualifier les péquenauds en vietnamien. Ce terme est rentré depuis dans l’usage courant.
– Mon cinquième est un support vidéo sur lequel on peut revoir les buts de la Coupe du monde 1950, le discours du général De Gaulle à Québec et Louison Bobet sur un vélo.
– Mon tout est un milieu de terrain formé au club, souvent remplaçant, dont le nom est tellement compliqué que l’on préfère appeler ce vendeur de roses « Albert » .
Par Mathieu Faure
Retrouvez les autres fiches déjà publiées :
La fiche d'Ajaccio
La fiche d'Angers
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