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La crise de Romelu Lukaku à Chelsea
À Chelsea, les derniers jours ont été marqués par les secousses provoquées par l'entretien donné par Romelu Lukaku à Sky Italia dans lequel l'attaquant belge déclare sa flamme à l'Inter et se plaint de sa situation chez les Blues. Mis à l'écart pour le choc face à Liverpool ce week-end, le joueur de 28 ans recruté pour 115 millions d'euros l'été dernier s'est expliqué avec Thomas Tuchel en début de semaine. Mais cette petite tempête pourrait laisser des traces.
Le feuilleton ne devrait a priori pas durer jusqu’au 31 janvier : Romelu Lukaku va rester à Chelsea. Au bout d’une fin de semaine agitée, marquée par les paroles inattendues de l’attaquant belge dans un entretien accordé à Sky Italia, Thomas Tuchel avait préparé le terrain en teasant une grande explication privée entre les deux hommes : « Nous allons avoir une réunion lundi. C’est notre joueur, et il y a toujours un moyen de revenir en arrière. Nous allons clarifier cela à Cobham (le centre d’entraînement de Chelsea) en interne et une fois que nous aurons pris une décision et que Romelu le saura, vous le saurez peut-être aussi. » D’après les premières indiscrétions des médias britanniques et italiens, Lukaku aurait admis que l’interview de la discorde était une erreur au cours d’une entrevue « positive et constructive » avec le coach allemand. Le buteur de 28 ans pourrait même publier des excuses publiques dans un communiqué, d’après la presse anglaise, avant de faire son retour dans le groupe pour la réception de Tottenham en demi-finales aller de League Cup mercredi. Reste à savoir si cette petite tempête hivernale n’est pas annonciatrice d’un été mouvementé pour les deux parties.
La nostalgie de l’Italie
Cet entretien avec Sky Italia devait être l’occasion pour le buteur belge de se réconcilier avec les tifosi de l’Inter après son départ l’été dernier ; il s’est transformé en onde de choc de l’autre côté de la Manche, où les dirigeants londoniens sont tombés de leurs chaises en découvrant les mots de celui pour lequel ils ont cassé la tirelire (115 millions d’euros, plus gros transfert du club) au mois d’août. Lukaku aurait pu se contenter de regretter les conditions de son départ de l’Inter ( « cela n’aurait pas dû se passer comme ça » ), il est allé beaucoup plus loin en ouvrant déjà la porte à un retour chez les Nerazzurri dans un futur proche. « J’ai toujours dit que j’avais l’Inter dans mon cœur, a–t-il rappelé. J’aime l’Italie. Je pense que c’est le bon moment pour dire que j’espère vraiment du fond du cœur revenir à l’Inter non pas à la fin de ma carrière, mais quand je serai encore au plus haut niveau pour que l’on puisse gagner ensemble. » Traduction : le colosse de 28 ans ne compte pas s’éterniser dans la capitale anglaise jusqu’en 2026, l’année de sa fin de contrat, à une époque où il aura déjà 33 piges au compteur.
Pépins, faux neuf et rumeur folle
Moins de six mois après son retour dans un club où il voulait cette fois réussir, Lukaku n’a peut-être pas choisi le meilleur timing pour faire part de ses états d’âme dans la presse italienne, quelques jours après que son agent a annoncé à Tuttosport que son poulain était destiné à revenir en Serie A. Au-delà de sa déclaration d’amour à l’Inter, Lukaku n’a rien arrangé en s’attardant sur sa situation à Chelsea dans cet entretien réalisé trois semaines plus tôt entre son retour de blessure (cinq apparitions dont une titularisation contre le Zénith en Ligue des champions) et son test positif à la Covid-19 qui l’a privé des matchs contre Wolverhampton et Everton. « Je ne suis pas satisfait de la situation, c’est normal, a-t-il admis. Je pense que l’entraîneur a choisi de jouer avec une formation différente, je dois juste continuer à travailler et être professionnel. Je suis un travailleur et je ne dois pas baisser les bras. » Depuis son début de saison canon (4 buts en 4 matchs et une activité très précieuse), de l’eau a coulé sous les ponts londoniens et l’absence du Diable rouge en raison d’un bobo à la cheville a encouragé Tuchel à modifier ses plans en préférant aligner Kai Havertz ou Christian Pulisic en position de faux neuf dans son système en 3-4-2-1.
Il n’a pourtant pas été question pour Tuchel, dont l’autorité et la légitimité semblent bien plus importantes à Chelsea qu’à Paris, de mettre sa recrue phare au placard. Le 26 décembre, lors du Boxing Day et du succès contre Aston Villa (1-3), le coach allemand avait salué l’apport de Lukaku, auteur d’un but et d’une passe décisive après être entré à la pause : « Il n’y a pas de doute qu’il est super important. Romelu sera un joueur clé, personne ne doute de ça. » Sauf peut-être le principal intéressé, qui a retrouvé une place de titulaire trois jours plus tard contre Brighton (buteur là encore), à la veille de la publication de l’interview par Sky Italia. Celle-ci a d’ailleurs provoqué de nombreux remous en Angleterre comme en Italie, où la Gazzetta dello Sport révélait même ce lundi que l’attaquant belge pourrait quitter Chelsea dès cet hiver pour rejoindre Tottenham et retrouver Antonio Conte, son entraîneur à l’Inter. Une rumeur trop folle pour être possible, le contrat de Lukaku chez les Blues courant jusqu’à 2026 et son salaire (environ 12,2 millions d’euros annuel, soit le double de ce qu’il touchait à l’Inter) ne pouvant pas être assumé par de nombreux clubs en plein mercato hivernal, même en Premier League. Ces premières secousses pourraient cependant en annoncer de nouvelles l’été prochain, la communication de Lukaku étant probablement réfléchie, maîtrisée, et sa nostalgie de l’Inter sincère. Ce qui ne devrait pas l’empêcher de retrouver sa place de titulaire et son sens du but (7 pions en 18 apparitions cette saison) sous le maillot de Chelsea.
Par Clément Gavard