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- Marseille-Sporting (4-1)
L’OM enfin à l’heure européenne
Face au Sporting, Marseille a décroché sa première victoire de la saison en Ligue des champions, la deuxième sur les 18 derniers matchs. Les Marseillais ont pour cela enfin mis les ingrédients nécessaires, des choix d'Igor Tudor à l'intensité des joueurs sur la pelouse, malgré le huis clos autour d'eux. Mais les embouteillages de la cité phocéenne n'y sont pas étrangers non plus.
Le stade Vélodrome inhiberait-il ses protégés sur la scène européenne ? Que l’on y croit ou pas, cette thèse – pas nouvelle – est sortie renforcée du match entre l’Olympique de Marseille et le Sporting, mardi 4 octobre. Sans leur public bouillant, que certains imaginent couper les jambes des Phocéens autant que celles de leurs adversaires, les Marseillais ont livré une copie quasi parfaite face au Sporting. Après les promesses de Tottenham (défaite 2-0) et le raté de Francfort (0-1), ils ont enfin réussi à hisser leur niveau en faisant preuve d’une intensité digne de la Ligue des champions. Et ce, malgré le silence de cathédrale autour d’eux. Un paradoxe que l’OM aura l’occasion de contrer lors du dernier match de poule face à Tottenham, en essayant de gagner devant son public. D’ici là, Igor Tudor pourra s’appuyer sur la prestation aboutie des siens, qui avaient pourtant démarré la soirée de la pire des manières.
L’intensité enfin de la partie
Lorsque l’on joue un match couperet, et que l’on se trouve au pied du mur, il y a en effet meilleure façon d’aborder un match qu’en encaissant un but après cinquante-deux secondes de jeu. Douchés d’entrée par un exploit de Trincão, les Marseillais auraient pu couler face au Sporting, comme ils l’ont souvent fait lors de leurs précédentes campagnes de Ligue des champions. Mais pas cette fois. Certes, ils ont frôlé la correctionnelle à la dixième minute, sur une frappe de Pedro Gonçalves. Mais cette fois, l’OM a su relever la tête. Ce sursaut est intervenu grâce à celui que l’on attendait, et qui a répondu présent : Alexis Sánchez. Son égalisation n’est évidemment pas le plus beau but de sa carrière. Mais le pion plein de grinta du Chilien, venu contrer le portier adverse dans les pieds sur un pressing intense, a sonné la révolte, et incarné le changement d’état d’esprit des Marseillais. Cette fois, l’OM n’allait pas subir les évènements. En dépit du départ catastrophique, les Phocéens ont vite relevé la tête et affiché la même intensité que celle qui fait leur succès en Ligue 1. « Tout le monde a eu la force de réagir, je veux féliciter toute l’équipe », a d’ailleurs apprécié Tudor. Bien qu’à huis clos, l’OM était chez lui, sur sa pelouse, et avait bien l’intention de faire régner sa loi, notamment grâce à des cadres qui ont répondu présent.
Après avoir renversé le score, une scène est venue symboliser cet esprit conquérant. On joue la 42e minute, et Nuno Tavares part dans ses œuvres. Deux petits ponts et un dribble plus tard, il est balayé par Esgaio et Urtega, vexés. Leonardo Balerdi et Jordan Veretout se lancent alors dans leur plus beau sprint du match pour venir défendre leur piston et intimider les Portugais. Mission réussie. Avec trois jaunes et un rouge à la pause, le Sporting dégoupille. Rúben Amorim est alors obligé de remplacer tout ce beau monde pour calmer les esprits. La rage de Balerdi tranchait d’ailleurs avec son début de saison hésitant, lui dont la métamorphose face au Sporting illustre à merveille le changement de braquet enfin réussi pour l’OM en C1. Ce que n’a pas manqué de souligner le coach croate : « Cela fait 3-4 matchs que Balerdi fait partie des meilleurs joueurs sur le terrain, c’est un joueur très fort, je l’ai toujours dit, et là on le voit sur le terrain. » Les sorties d’Amine Harit et Chancel Mbemba avaient donné le ton avant la rencontre, le Congolais parlant de « partir à la guerre ». Aidés en cela par les faits de jeu qui ont tourné en leur faveur – après leur réveil -, les Marseillais ont aussi pu compter sur un allié inattendu : les embouteillages.
Bison futé voit ciel et blanc
Cela n’a échappé à personne : OM-Sporting a démarré avec vingt minutes de retard, les Portugais étant arrivés au stade à 18h15 seulement. Ce qui a produit un effet papillon sur lequel Igor Tudor est revenu après coup. Le technicien olympien, passablement énervé avant le coup d’envoi, s’est expliqué : « Ce n’est pas un problème qu’une équipe soit en retard, ça peut arriver à tout le monde. Le problème, c’est que le délégué nous a dit que ce serait à 18h55. Donc on a fait tout le programme d’échauffement sur cela. Et c’est sur le terrain qu’on nous a prévenus que ce serait à 19h. » Et c’est là que l’effet papillon déploie ses ailes. Tudor développe : « À 19h, on était dans le tunnel, et eux n’étaient pas sortis du vestiaire. Le match a commencé quand il a pu. On avait attendu dans le tunnel dix minutes, cela nous a fait défaut sur le premier but, on s’était refroidis et eux étaient chauds. » S’il a d’abord pénalisé l’OM, ce retard s’est pourtant transformé en force, grâce à un coup de bluff du Croate : « Je l’admets, quand j’ai vu mes joueurs attendre dix minutes sans bouger, je me suis un peu énervé. Je l’ai fait un peu exprès, pour les réveiller. »
« Tu veux quoi toi ? (…) Me touche pas ! »Le gros coup de sang d’Igor Tudor avant #OMSCP #UCL pic.twitter.com/SvN6h7GQVD
— CANAL+ Foot (@CanalplusFoot) October 4, 2022
Un coup de gueule calculé par Tudor, pour sortir les siens de la torpeur. Résultat : après l’ouverture du score, l’OM a affiché un esprit de rébellion qu’on ne lui connaissait pas encore sur la scène européenne cette saison. Certes, les faits de jeu ont bien aidé les Phocéens dans leur tâche, mais avant même les boulettes d’Adán et Israel, les Olympiens avaient repris le contrôle des évènements, et se montraient conquérants, incisifs dans les duels et entreprenants. À Tottenham, l’OM avait fait preuve d’intensité jusqu’aux trente derniers mètres adverses. Cette fois, les Marseillais ont dicté leur loi sur tout le terrain et tenu la distance. Secoués en début de seconde période, ils ont fait preuve de maîtrise et enfoncé le clou le moment venu. Vu le scénario de la rencontre, cela peut paraître évident. Mais mine de rien, avec quatre buts inscrits, l’OM fait déjà deux fois mieux qu’en 2020-2021, surtout que l’on parle de deux penaltys de Payet. Et le tout sans l’aide de son public. Ne reste plus qu’à reproduire telle performance à Lisbonne puis Francfort, avant de recevoir Tottenham. Quoi qu’il en soit, avec cette prestation, l’OM a dissipé les nuages qui entouraient ses soirées européennes, comme l’a reconnu Igor Tudor : « C’est une belle victoire qui manquait depuis un certain temps en Ligue des champions, elle nous donne du courage, de la confiance. »
Par Adrien Hémard-Dohain, au Vélodrome