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  • Attentats de Paris

L. Morosini : « Avec les Français, nous sommes tous frères »

Propos recueillis par Eric Marinelli
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L. Morosini : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Avec les Français, nous sommes tous frères<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

À tout juste 20 ans, Leonardo Morosini réalise le meilleur début de saison de sa jeune carrière avec déjà 4 buts inscrits en 10 apparitions en Serie B. Mais le milieu de terrain offensif italien de Brescia s’est surtout fait remarquer ce week-end en embrassant le drapeau français après avoir marqué contre Trapani. Un hommage émouvant qui méritait bien quelques questions à un garçon avec la tête bien faite.

Je voudrais d’abord te remercier pour ton geste. Beau et émouvant. Comment as-tu justement eu cette idée d’embrasser le drapeau de la France après ton but ?

La Marseillaise a été jouée avant notre match. C’est à ce moment-là que m’est venue à l’esprit l’idée de prendre le drapeau de la France si jamais je marquais. J’ai dit à un de mes coéquipiers de le garder sur le banc et j’ai ensuite eu la chance de marquer et de fêter mon but de cette façon. C’était bien préparé. Je ne sais pas pourquoi, mais j’étais convaincu que j’allais marquer. Et l’unique façon dont je voulais entre guillemets fêter mon but était celle-là. Je n’aurais pas réussi à fêter ce but de la même manière que les autres.

Tu semblais très ému. Tu as un rapport particulier avec la France ?

Particulier, non. J’ai juste étudié le français, et c’est une langue que j’aime beaucoup. J’ai aussi appris quelques bases de la culture française et elle me plaît aussi énormément. La France est une nation qui m’attire beaucoup. Mais j’étais surtout ému par rapport à ce qui est arrivé à Paris. Ça a touché tout le monde, y compris moi d’une façon particulière.

Tu t’es senti très concerné par ce qui est arrivé ?

Oui, absolument. Aussi parce que la France est un pays voisin pour nous. Même au niveau sportif, on se retrouve, on s’affronte souvent. Avec les Français, nous sommes tous frères.

J’imagine que tu as reçu beaucoup de messages depuis dimanche ? Tu te doutais que ton geste allait être autant repris ?

Honnêtement je ne m’y attendais pas, je pensais faire un geste normal. Je ne pensais pas être le seul à le faire d’ailleurs. Je pensais que d’autres le feraient aussi dans d’autres matchs, mais au contraire, j’ai été le seul. J’ai vraiment reçu énormément de messages. Également de la part de Français sur Facebook notamment. Ils m’ont remercié et c’était vraiment beau.

Quelle a été ta réaction quand tu as appris les tristes événements qui avaient eu lieu à Paris ?

J’ai su dès vendredi soir, ça a été une nouvelle vraiment choquante. J’ai vu les premières vidéos qu’on retransmettait et on en a ensuite parlé chez moi, avec ma mère surtout. On a eu la même réaction qu’un peu tout le monde. Ce qui est arrivé est une folie. C’est dans ces moments-là qu’on s’en rend compte de la futilité de nos problèmes quotidiens. Certains ont des problèmes bien plus graves. Après deux guerres mondiales, tant de violence, tant d’histoires, on pense pouvoir vivre tranquille en 2015, mais ce n’est malheureusement pas le cas.

Est-ce que vous en avez aussi parlé entre coéquipiers ?

Oui, on en a aussi beaucoup parlé, notamment lors du rassemblement d’avant-match, samedi. On a aussi des coéquipiers musulmans, et ils ont évidemment aussi été très choqués par ce qui s’est passé. D’autant plus que cela fait du tort à leur religion. Mais ceux qui ont fait ça sont des fous, ils tuent au nom de Dieu, mais ce sont des fous, ça n’a rien à voir avec la religion.

Ça n’a pas été trop difficile de se concentrer sur le football dimanche ?

Oui un peu. Lors des dix premières minutes, les tifosi n’ont pas chanté. Ils ont fait dix minutes de silence. L’atmosphère était vraiment différente, du coup.

Il y avait de la peur ?

Il y avait une sensation très étrange lors des dix premières minutes, aussi bien sur le terrain qu’en tribunes. Mais ensuite, c’est devenu un match normal. Je ne dirais pas que c’était de la peur, c’était juste… une sensation étrange.

Tu étais plus motivé que d’habitude pour rendre hommage à la France, d’une certaine façon ?

Oui, ça oui. Comme je t’ai dit, j’étais convaincu que j’allais marquer. Je le voulais vraiment pour pouvoir le dédier aux Français. Pour pouvoir faire ce geste, envoyer un message d’une certaine manière. Je me répète, mais ce qui est arrivé m’a vraiment beaucoup touché.

En plus tu as mis un sacré but !

(rires) Oui, c’est vrai, c’était un très beau but.

Est-ce que tu penses qu’il faut quand même continuer à jouer au foot dans ces moments-là ? Buffon par exemple a dit que le sport devait continuer, tu es d’accord avec lui ?

Oui, je suis d’accord. Selon moi, arrêter de jouer serait une victoire pour eux. J’ai vu aussi ce que David Luiz et Cavani ont dit. Que s’ils n’avaient pas de contrat, ils ne reviendraient pas à Paris. Mais selon moi, ils se trompent. Ils doivent rentrer pour envoyer un message et pour montrer que même devant ces choses-là, nous n’avons pas peur. Eux qui sont des personnages publics prolongent l’injustice (en disant qu’ils ne voudraient pas revenir, ndlr).

Donc tu penses que le football a un rôle à jouer dans ces moments-là ?

Oui, très certainement. Les joueurs de football sont très idéalisés, ce sont presque des héros, même si ce sont pourtant des personnes tout à fait normales. Donc selon moi, ils ont beaucoup de poids et d’influence.

Parlons tout de même un peu de football. Tu fais un sacré début de saison en plus.

Oui j’ai déjà marqué quatre fois cette année. Vraiment un très bon début de saison. Je ne m’y attendais pas, moi non plus. L’année dernière, j’ai pas mal joué, mais pas avec les mêmes résultats. Cette année, j’ai un peu plus d’expérience et ça se passe bien. Aussi parce que l’équipe est humble et déterminée.

Quel est l’objectif de Brescia cette saison justement ?

Nous avons une équipe très jeune. L’objectif qu’on s’est fixé est de se sauver. Mais le championnat est un peu bizarre et tout peut arriver. Avec ce format de play-offs, on ne sait jamais. Monter en Serie A serait évidemment un rêve.

Tu es aussi passé par les équipes de jeunes de l’Inter.

Oui, petit, j’ai joué à l’Inter. D’ailleurs, je suis tifoso du club depuis toujours.

Alors le Scudetto, c’est pour cette saison pour l’Inter ?

Eh (rires). Tout peut arriver, c’est une belle équipe. Le championnat est plus équilibré cette saison. Est-ce que je regarde encore les matchs ? Quand j’étais petit, je n’en ratais pas un seul, mais maintenant que je suis dans le monde du football, non. Quand je ne joue pas, je ne regarde rien. À part l’Inter de temps en temps quand même.

Pour finir, qu’est-ce que je peux te souhaiter pour la suite de la saison ?

Disons d’être bon avec Brescia et d’inscrire le plus de buts possible. Et pourquoi pas d’être repéré par certaines équipes françaises (rires).
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