- Serie A
- J4
- Inter-Juventus
L’Inter déjà à la bourre
Outsider plutôt coté dans la course au titre, le club milanais vit un début de saison très délicato et une défaite face à la Juve pourrait mettre Frank de Boer sur la sellette. Le temps lui est déjà compté.
« Inter, mais tu n’as pas honte ? » titrait la Gazzetta dello Sport vendredi, au lendemain de la défaite contre l’Hapoël Beer-Sheva pour le compte de la 1re journée de la Ligue Europa. Le journal rose n’y est pas allé de main morte, d’autant qu’il y a à peine un mois, son rédacteur en chef s’était présenté à la Pinetina afin de remettre un maillot de l’Inter à Frank de Boer, floqué numéro 10 et Gazzetta. Un cliché qui avait également finit en une. Or, quarante jours ont passé, et ce changement de coach plus ou moins improvisé n’a porté aucun fruit. Vu le timing douteux, des difficultés étaient à prévoir, mais pas à ce point-là.
Oggi in edicola: esclusivo #DeBoer « Cara Juve all’Inter non fai paura » #Rio2016 VIV-iani l’Italia azzurri promossi pic.twitter.com/XyxT6hvPU9
— LaGazzettadelloSport (@Gazzetta_it) 16 août 2016
De Boer trop tendre ?
Cesare Prandelli et Fabio Capello. Les noms du possible successeur du technicien néerlandais commencent déjà à circuler dans la presse. Plus d’un mois après son arrivée, l’alibi du temps commence tout doucement à s’étioler, surtout suite aux erreurs de coaching assez flagrantes. Contre le Chievo, lors de la première journée, De Boer choisit un 3-5-2 que les joueurs n’avaient jamais bossé durant l’été. Résultat, une défaite sans coup férir 2-0 face une équipe de briscards guidée de main de maître par l’expérimenté Rolando Maran. Retour au 4-3-3 ou 4-2-3-1 pour un nul contre le modeste Palerme à domicile et une première victoire à Pescara arrivée à la dernière minute. Handanović, encore lui, et la barre transversale avaient maintenu l’Inter en vie face au pimpant Pescara d’Oddo. Le sens du but d’Icardi a fait le reste.
En quatre matchs, il est le seul Nerazzurro à avoir planté, justifiant tout à fait les prétentions de sa femme et agent Wanda quant à une augmentation de salaire immédiate. Le coaching de l’ancien ajacide est un mix de confusion et d’improvisation. À Pescara, il effectue trois changements d’un seul coup, en Coupe d’Europe, il aligne une formation blindée de seconds ou troisièmes choix. Sur le banc, il brille par son silence, et ses quelques remarques ne semblent pas arriver à destination de joueurs visiblement pas très enclins à franchir la barrière de la langue. Voulu par Erick Thohir, qui a bien pris soin d’insérer une clause d’1,5 million d’euros en cas de licenciement, le Néerlandais – quatre titres nationaux sur le banc des Lanciers – est en train de passer d’audacieux coup de poker à grosse erreur de casting.
Une qualité de jeu indigne de son effectif
Et pourtant, sur le papier, les Nerazzurri ont peut-être l’effectif le plus alléchant de la Serie A après celui de la Juventus. Arrivés en juin, les Chinois de Suning ont déjà fait parler leur puissance financière en alignant un chèque de 100 millions pour recruter le milieu portugais João Mario (40), l’attaquant brésilien Gabigol (30) et l’ailier italien Candreva (22). Surtout, ils n’ont pas eu besoin de sacrifier un gros morceau, préférant, fair-play financier oblige, présenter une liste amputée pour disputer la Ligue Europa. Un joueur comme Brozović, qui ne manquait pas de prétendants, est finalement resté et verra par ailleurs son salaire être doublé, tout comme le capitaine Icardi. Si on y ajoute Eder, Jovetić, Palacio et Perišić, la force de frappe devient alors impressionnante. C’est la moins onéreuse des recrues qui est censée la driver, cet Éver Banega arrivé gratuitement en provenance de Valence et dont le vrai poste est au centre des débats. « Trequartista » derrière un attaquant ? Playmaker devant la défense ? L’avenir du jeu de l’Inter est entre ses mains.
Justement, en misant sur un mec étroitement lié à un club mondialement reconnu et imité dans les quatre coins du globe pour son style de jeu, le board interista pensait régler le point noir de la gestion Mancini. Néanmoins, pour le moment, c’est le flou total avec une prestation franchement inquiétante jeudi dernier face à des Israéliens qui auraient pu alourdir le 2-0 final. Aucun liant entre les différents secteurs, trames de jeu inexistantes, tout repose sur les intuitions des individualités les plus douées en manque d’inspiration depuis le début de saison et totalement déboussolées. Un constat qui vaut également quand les titulaires sont alignés en championnat. Le temps presse. Déjà. Et il faudrait un miracle pour que la rencontre de ce dimanche ne tourne pas au cauchemar, un peu comme celui qui avait failli permettre d’éliminer la Juve en Coupe d’Italie l’hiver dernier (défaite 3-0 à l’aller, victoire 3-0 au retour et séance des tirs au but fatale). Car s’il y a bien un truc qui ne change pas à l’Inter, c’est qu’elle est capable du pire comme du meilleur.
Par Valentin Pauluzzi