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Klaus « Judas » Allofs
La semaine dernière, Klaus Allofs, alors manager du Werder Brême, a cédé aux sirènes de Wolfsburg et s’y est engagé pour quatre ans. Une décision qui a suscité pas mal de réactions outre-Rhin. Retour sur le transfert le plus rocambolesque de cette saison en Bundesliga.
Sur la page Facebook du Werder Brême, certains ont tenu à remercier Klaus Allofs pour tout ce qu’il a apporté entre 1999 et 2012 au club de la Weser. D’autres, les plus nombreux, ont clairement la haine. « Traître » , « Judas » , « Tu es parti pour l’argent » , « Dégage, et embarque Lemke (le boss) et Schaaf avec toi » sont quelques-uns des deux mille commentaires « rageux » que l’on peut lire concernant la décision prise par l’ancien attaquant de l’Olympique de Marseille. La frustration est grande, et elle est compréhensible, quelque part. En l’espace d’une semaine, ce qui n’était au départ qu’une rumeur révélée par le Welt Online s’est avérée vraie et a fini par se concrétiser. Klaus Allofs aura beau dribbler avec les médias dans un premier temps ( « Il n’y a pas de discussion avec Wolfsburg » ou encore « J’ai très bien dormi » ), les faits sont là : le 14 novembre dernier, Allofs quitte le Werder pour le VfL Wolfsburg, sans manager depuis le licenciement de Felix Magath le 25 octobre dernier. Après 13 ans au Werder, le Düsseldorfois (c’est moche comme mot) d’origine quitte son binôme de toujours, le coach Thomas Schaaf et laisse derrière lui un club qui, sous son chapeautage, a remporté un doublé Coupe-championnat en 2004, une autre Coupe en 2009 et a régulièrement joué la Ligue des champions.
Une sortie de route progressive
Pourquoi, d’un coup, a-t-il décidé de partir ? Réponse de l’intéressé : « Je pense que c’était le bon moment. […] Je ne pouvais pas partir en début de saison. […] Tout est planifié pour le reste de la saison, et ça, ils le savent au Werder. » Le sentiment du devoir accompli, donc. Si l’on y regarde d’un peu plus près, on se rend compte qu’en fait, le travail d’Allofs commençait à être critiqué. À commencer par les recrues. Johan Micoud, Diego, Mesut Özil (entre autres), c’est lui. Le top. Mehmet Ekici, Wesley, Carlos Alberto, voire Marko Arnautović, c’est lui aussi. Les flops. Depuis quelques années, le Werder galère. Avant, ça prenait pas mal de buts, mais ça en marquait des tonnes. Aujourd’hui, ça en prend toujours autant, mais ça ne marque plus. Et ça se voit. Ajoutez à cela un exercice financier très difficile suite à une non-qualification pour une Coupe d’Europe, et vous obtenez un déficit de 13,9 millions d’euros. Ça pique.
Sentant la chair fraîche, le Loup de Wolfsburg a pointé le bout de son museau, a reniflé et s’est dit que choper Santa Klaus avant l’Avent, ce serait plutôt pas mal. Et boum, une proposition débarque sur les bords de la Weser. Allofs, pourtant lié jusqu’en 2015 avec le Werder, se voit offrir un contrat jusqu’en 2016, à trois millions l’année. Soit le double de ce qu’il touchait jusque-là. Pour décider de convaincre leurs homologues du Werder, Willy Lemke en tête (qui est à peu près tout l’opposé d’un Uli Hoeness, c’est peut-être pour ça qu’ils se détestent), les dirigeants du VfL Wolfsburg proposent non pas de racheter les années de contrat d’Allofs, mais plutôt d’augmenter le contrat de sponsoring entre Volkswagen (la maison-mère) et le Werder de manière conséquente, voire de le prolonger. Comme ça, Wolfsburg-Volkswagen reste le partenaire privilégié des Werderaner, et aucun autre constructeur automobile ne peut venir proposer ses services, comme Citroën qui s’est fait rembarrer cette année. Malin.
Le fameux « hasard du calendrier »
Klaus Allofs rejoint donc le champion 2009. La tristesse règne chez le lauréat de 2004. « C’est vraiment dommage, c’est une grosse perte. Klaus Allofs a fait du bon travail toutes ces années » , ainsi Clemens Fritz, le capitaine. De l’autre côté, forcément, on se réjouit. Le comité d’accueil contient d’ailleurs d’anciens éléments du Werder. « C’est bien pour nous tous qu’il vienne ici » , s’enthousiasme Naldo. Son compatriote Diego n’y va pas par quatre chemins : « C’est l’un des meilleurs managers d’Allemagne. »
En parlant de manager, le Werder a dû s’en chercher un autre. Un temps évoquée, la piste Dietmar Beiersdorfer a très vite été abandonnée. Outre le fait qu’il soit en poste au Zénith Saint-Pétersbourg, les fans du Werder n’auraient sûrement pas apprécié un type qui a bossé pour l’ennemi qu’est le Hambourg SV. Alors Willy Lemke et ses acolytes ont fait appel à un ancien de la maison, Frank Baumann. Et le hasard du calendrier a voulu que le Werder Brême aille rendre visite à Wolfsburg, maintenant. On peut s’attendre à de jolies réactions sur Facebook.
Par Ali Farhat