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  • Un jour, un transfert
  • Épisode 39

Joey Barton à l’OM : Bad boy en quête de rédemption

Par Raphaël Brosse
7 minutes
Joey Barton à l’OM : Bad boy en quête de rédemption

Cet été pendant le mercato, So Foot revient chaque jour de la semaine sur un transfert ayant marqué son époque à sa manière. Pour ce 39e épisode, gros plan sur le passage de Joey Barton et de son gros caractère à Marseille. Désireux de redorer son blason, l’Anglais n’est resté qu’une saison sur la Canebière. Il ne lui en fallait pas plus pour se mettre le public phocéen dans la poche et se payer, un soir de PSG-OM, la tête de Zlatan Ibrahimović.

En août 2012, Twitter n’est pas encore le grand défouloir qu’il est devenu depuis. Il n’est pas non plus le réseau social privilégié des joueurs pour communiquer. C’est malgré tout bien là, sur la plateforme à l’oiseau bleu, que Joey Barton se fait particulièrement remarquer. Entre bons mots et réflexions philosophiques, le milieu anglais mène alors une grande opération séduction. Sa cible : l’Olympique de Marseille. « Il n’y a qu’à Marseille que je veux jouer », « Mon cœur est déjà au Vélodrome », « Marseille a encore gagné. Allez les Marseillais. Peut-être que je vais tous vous voir cette semaine »… On est plus proche de la drague un peu lourdingue que du subtil appel du pied. Il faut dire que la fin du mercato approche, et que le quasi-trentenaire se pose logiquement quelques questions sur son avenir. Face à Manchester City, à la fin de la saison précédente, il a asséné un coup de coude à Carlos Tévez avant de s’en prendre à Sergio Agüero, écopant de… douze matchs de suspension. Son club, les Queens Park Rangers, l’a mis à l’écart et lui a même retiré son numéro de maillot. Dans le milieu, sa réputation le précède. Expulsions causées par des mauvais gestes ou des tacles assassins, bagarres, alcoolisme, passage par la case prison, sans oublier le violent passage à tabac de son coéquipier Ousmane Dabo, qui en était ressorti défiguré… Bref, rien de très engageant, mais cela n’empêche pas l’OM de tenter le pari.

J’ai été souvent stupide, il faut que je répare les dégâts.

« L’OM n’a pas recruté un saint »

Pendant l’intersaison, le club phocéen oriente une grande partie de ses ventes vers l’Angleterre. César Azpilicueta rejoint Chelsea, Alou Diarra file à West Ham, tandis que Loïc Rémy et Stéphane Mbia signent en faveur de QPR, la formation de Barton. Au moment de discuter de la vente du Camerounais, les dirigeants londoniens font comprendre à leurs homologues phocéens que le natif de Huyton, désormais persona non grata, peut être inclus dans le deal. « L’opportunité s’est présentée, se souvient Élie Baup, entraîneur des Ciel et Blanc à l’époque. On entamait une saison de transition, et on avait besoin d’expérience pour encadrer le groupe. En plus, son salaire n’était pas démesuré. »Peu avant la fermeture du marché des transferts, l’ancien Magpie débarque donc dans le Vieux-Port. Un prêt qui doit être synonyme de nouveau départ. « J’ai été souvent stupide, concède l’intéressé lors de sa présentation à la presse. Il faut que je répare les dégâts mais, au fond, je ne suis pas méchant. En Angleterre, ils ne le savent pas. J’espère qu’en France, on va me juger équitablement. » Vincent Labrune ne demande qu’à ce que cette quête d’absolution soit suivie d’effets. « Il est venu se refaire une image, se repositionner comme footballeur, détaille le président marseillais dans les colonnes du Parisien. Il a une étiquette en Angleterre, qu’il mérite, basée sur des faits. L’OM n’a pas recruté un saint, mais pas un boulet non plus. Il a 30 ans, il est père de famille, il aspire à la rédemption, laissons-lui cette chance. »

En attendant de découvrir la Ligue 1 – sa sanction étant aussi appliquée en France, il lui reste neuf matchs de suspension à purger – Joey Barton fait connaissance avec ses nouveaux coéquipiers. Dans son style caractéristique. « C’était quelqu’un de chambreur, il branchait pas mal les autres joueurs, s’amuse Élie Baup.C’est vrai qu’il y a eu quelques accrochages à l’entraînement, après une intervention rugueuse par exemple, mais ça ne durait jamais. Joey ne s’obstinait pas pendant trois jours. Au contraire, il mettait beaucoup de liant, créait des relations avec ses partenaires. » Le coach à la casquette loue l’impact positif sur son groupe de ce « gars très généreux, engagé, toujours en train d’haranguer ses coéquipiers, qui n’avait peur de rien ». Et certainement pas de Zlatan Ibrahimović. Lors d’un huitième de finale de Coupe de France au Parc des Princes, l’international anglais (une sélection, en 2007) se retrouve à terre après un duel aérien avec le géant suédois. S’ensuit une prise de becs animée, au cours de laquelle le Phocéen se moque ouvertement de la proéminence du nez de son adversaire. « Le PSG avait toutes ses superstars et ils étaient très arrogants, je trouve, s’est remémoré le Britannique dans un entretien à L’Équipe. Même avec la presse, quand Zlatan passait devant les journalistes sans un mot ni un regard… Je m’étais dit :« OK, je m’en fous de qui tu es. Tu parles mal de tout le monde dans le pays, quelqu’un doit dire non. » Je n’accepte le mépris de personne. » Barton a beau avoir laissé les vilains gestes derrière lui, il ne réfrène cependant pas son goût prononcé pour le trashtalking.

Il allait toujours de l’avant, était très généreux dans ses efforts et ça, forcément, ça plaisait aux supporters marseillais.

Adopté par le Vél’

Avec son fort tempérament et sa combativité de chaque instant, le box-to-box venu d’outre-Manche ne laisse d’ailleurs pas le public du Vélodrome insensible. « La devise de l’OM, c’est« Droit au but », et Joey collait parfaitement à cet état d’esprit, reconnaît Baup. Il allait toujours de l’avant, était très généreux dans ses efforts et ça, forcément, ça plaisait aux supporters marseillais. Un appel dans la profondeur à gauche, un autre à droite, le repli défensif dans la foulée… Il ne s’arrêtait jamais. Bon, parfois, j’aurais aimé qu’il mette un peu plus le pied sur le ballon. Je le sortais assez souvent à partir de la 80e minute. Non pas parce qu’il était mauvais, mais parce qu’il avait tout donné. » Barton ne marque qu’une seule fois au cours de sa saison olympienne, sur un surprenant corner direct contre le Borussia Mönchengladbach, en Ligue Europa (2-2). Il se distingue surtout par sa grosse activité, dans l’entrejeu, sa qualité de passe et, forcément, son engagement dans le duel. En 33 matchs toutes compétitions confondues, le joueur formé à Manchester City n’est néanmoins expulsé qu’une seule fois, après avoir reçu deux avertissements contre Nancy (0-1). Loin d’être un boulet, le repenti anglais est donc un rouage important du collectif ciel et blanc, qui achève l’exercice à une très belle deuxième place en Ligue 1. « Avec Steve Mandanda, Benoît Cheyrou, André Ayew, André-Pierre Gignac et lui, on avait une épine dorsale de leaders. Pour faire des résultats, ça nous a vraiment servis », souligne Élie Baup.

La belle histoire ne dure qu’un an, puisque Barton n’est pas transféré définitivement à Marseille à l’issue de son prêt. Revendications salariales trop élevées, direction trop hésitante, volonté de QPR de récupérer son ex-banni ? Encore aujourd’hui, les motifs ayant conduit à cette fin d’aventure ne sont pas clairs. « Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, souffle l’ancien entraîneur phocéen. Moi, je voulais qu’il continue avec nous, surtout que la Ligue des champions nous attendait. » De retour dans le Royaume, l’expérimenté milieu de terrain renfile le maillot des Hoops, enchaîne à Burnley et connaît un très bref passage aux Glasgow Rangers, où son contrat est résilié après une vive altercation avec son entraîneur et un coéquipier. Suspendu dix-huit mois par la FA pour avoir effectué des paris sportifs, le bad boy prend sa retraite en 2018 et se reconvertit en tant qu’entraîneur. Désormais sur le banc des Bristol Rovers (League One), Joey Barton a souvent rappelé, ces dernières années, à quel point il restait attaché à l’OM et à ses supporters. « Il a aimé ce public, qui lui ressemblait. Lui dit qu’il veut revenir entraîner Marseille un jour. Pourquoi pas ? », sourit Baup. Après tout, le pari a bien été réussi la première fois.

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Par Raphaël Brosse

Propos d'Élie Baup recueillis par RB.

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