- Disparition de Gérard Houllier
Jean-Marc Pilorget : « Gérard Houllier savait parler aux gens »
Joueur le plus capé de l’histoire du Paris Saint-Germain (435 matchs), Jean-Marc Pilorget a joué sous les ordres de Gérard Houllier entre 1985 et 1987. L’ancien défenseur revient sur ces deux saisons marquées par le premier titre de champion de France du club parisien en 1986.
« Quand Gérard Houllier est arrivé au PSG, c’était un peu l’inconnu. Mais connaissant Francis Borelli et son flair légendaire, on n’était pas forcément surpris. Le titre de champion ? C’est un ensemble. Gérard a réussi à composer un groupe fabuleux. L’effectif avait été chamboulé. L’amalgame n’était pas simple à trouver, mais lui, il a réussi à nous souder. Comment a-t-il réussi ? En nous donnant de la confiance individuellement.
Un an et demi avant son arrivée, j’avais eu un grave accident de voiture. Il y avait encore beaucoup d’incertitudes sur mes capacités de rejouer à mon meilleur niveau. Dès le premier jour, Gérard m’a dit : « Cela fait 18 mois que tu ne joues pas ; moi ,je te connais en tant que joueur et je vais te faire confiance. Et tu vas commencer la saison. » » Quand on n’a pas joué pendant 18 mois, qu’on est encore plein de doutes et que votre nouveau coach vous dit cela, cela vous donne une confiance terrible ! Résultat : j’ai fait les 38 matchs l’année du titre ! (En étant même 46 fois titulaire sur 47, avec les 9 matchs de Coupe de France, N.D.L.R.)
L’échec de la deuxième saison ? C’est complexe. Avec le recul, je pense que nous, les joueurs, ne nous sommes pas remis en question de la bonne manière. Et peut-être que lui aussi, Gérard, n’a pas su évoluer comme il aurait dû évoluer. On est restés sur nos acquis. Il y avait davantage de problèmes au sein du groupe. Avec Gérard, on a eu parfois des relations conflictuelles, ce qui fait le charme des relations… Et au bout d’un même moment, c’était devenu difficile de travailler ensemble, alors je suis parti à Cannes.
Sa singularité en tant qu’entraîneur ? Gérard n’a pas été un grand footballeur, il me semble que c’était rare à cette époque-là pour un entraîneur. Un jour, Vahid Halilhodžić s’entraînait à tirer les coups francs, et puis Gérard pète un câble : « Putain, Vahid, applique-toi ! » Et là, Vahid se tourne vers Gérard et lui dit (Pilorget prend l’accent des Balkans, N.D.L.R.) : « Bah, vas-y, montre-moi comment tu fais ! » C’était drôle parce que Gérard n’allait pas montrer à Vahid comment on tire un coup franc. Tout au long de sa carrière, il a fallu qu’il se fasse accepter comme boss autrement. Il savait parler aux gens, motiver les gens. »
Propos recueillis par Florian Lefèvre