- Angleterre
- Disparition d'Emiliano Sala
« Je ne pense pas qu’ils soient encore vivants »
Quinze heures après la disparition de l'avion de tourisme qui transportait Emiliano Sala et (au moins) le pilote de l'appareil, les recherches continuent. John Fitzgerald, chef des opérations de recherche de Channel Airline Airsearch, une des unités actuellement sur place avec deux hélicoptères, est pessimiste.
Où en sont les recherches ?On a été appelés hier à 20h30 (la perte du signal radar date de 20h23, N.D.L.R.) et les recherches ont duré jusqu’à minuit passé. Puis on a fait une pause avant de reprendre jusqu’à deux heures du matin. Ce matin, on a recommencé les recherches à 8h à peu près.
On dit que le temps n’était pas si mauvais hier soir…
Il faisait surtout très froid. Dans la première partie des recherches hier soir, la visibilité était bonne, mais on a dû faire face à des pluies verglaçantes qui sont tombées aux alentours de 23h30. Au fur et à mesure des recherches, le plafond nuageux est redescendu et on a dû arrêter les recherches, on n’y voyait plus rien. Et les conditions étaient tout simplement trop mauvaises pour les bateaux de sauvetage.
Et depuis ce matin, quelles sont les conditions ?Ce matin, la mer est très calme, on a un très beau ciel bleu, une visibilité parfaite. On peut parfaitement voir les côtes depuis le ciel, et surtout, la surface de l’eau est lisse, c’est très important. Le vent souffle à une cinquantaine de kilomètres par heure.
En vous basant sur votre expérience, quelles sont les chances de retrouver des survivants après une nuit dans l’eau ?S’ils sont réellement dans l’eau, alors je vous dirais aucune. Je suis allé nager l’autre jour et j’ai tenu trois minutes. Il fait excessivement froid dans ces eaux, une personne immergée ne survivrait probablement pas plus d’une heure à moins d’avoir des protections.
On parle de quelle température ?Je ne veux pas vous dire de bêtises, mais l’eau de la Manche tourne aux alentours de dix ou onze degrés.
Y a-t-il une quelconque chance qu’ils aient atterri sur une bande de terre ?Je vois difficilement comment ils auraient pu faire autre chose qu’amerrir, ou en tout cas toucher l’eau. Les radars ont perdu leur trace au nord-ouest d’Alderney, à vingt-quatre kilomètres au nord de l’île de Guernesey. Ensuite avec leur hauteur (ils volaient à 2300 pieds, N.D.L.R.), ils ont pu parcourir entre trois et quatre kilomètres supplémentaires dans la direction dans laquelle ils se dirigeaient. S’ils avaient atterri quelque part de surveillé, le trafic aérien en aurait été informé.
C’est le genre de cas qui arrive souvent ?Ça arrive occasionnellement, mais pas de telle manière. Parfois, ce sont des avions qui n’ont tout simplement plus d’essence et qui tombent en mer avant les côtes, mais je ne pense pas que c’est ce qui est arrivé dans le cas présent. Je ne comprends vraiment pas comment un avion a pu disparaître des radars. Il y a dû avoir un problème technique ou mécanique. L’avion dans lequel ils avaient embarqué, un Piper PA-46 Malibu, est un très bon avion, mais il a dû arriver quelque chose de catastrophique, il n’y a aucune raison pour que cet avion ait rencontré un problème.
Emiliano Sala: Fears Cardiff player on crashed Piper Malibu plane near Alderney. #EmilianoSala.https://t.co/L2gN9yPke5 pic.twitter.com/1VxDNA3Jvm
— PLANES OF LEGEND (@PlanesOfLegend) 22 janvier 2019
Quels sont les scénarios possibles ?C’est très compliqué de répondre à cette question, parce qu’il n’y avait pas de contact radio entre l’appareil et une quelconque tour de contrôle au moment de l’accident. Ils ont juste… disparu.
La zone de recherche est-elle grande ?C’est plutôt une grande zone, parce que la marée y est très forte. Nous avons commencé les recherches environ dix kilomètres au nord d’Alderney et maintenant nous recherchons au sud de l’île. Il y a deux hélicoptères de garde-côtes anglais qui travaillent depuis ce matin, deux bateaux de sauveteurs, un avion et aussi les bateaux de pêcheurs actuellement sur place.
Dans les cas de crashs en pleine mer, on retrouve rarement les corps…Ce que nous recherchons en premier, c’est la carcasse de l’appareil. Si l’avion s’est effectivement écrasé en mer, mais qu’il est resté en une seule pièce, alors il faut être attentif aux traces d’huile qui remontent à la surface. S’il s’est brisé en vol – ce qui n’est pas à exclure, pour une raison ou pour une autre –, alors on va retrouver des débris à la surface. Mais un avion de cette taille qui s’écrase entier sur l’eau coule en deux ou trois minutes.
Personnellement, pensez-vous qu’on peut encore retrouver les passagers qui étaient à bord ?(Silence) Si l’avion s’est brisé en vol et qu’ils ne sont plus dans l’avion, alors on va peut-être les retrouver, mais je ne sais simplement pas quand. Cela pourrait être aujourd’hui ou dans deux, trois semaines. Parfois, portés par les courants, on retrouve les corps sur les plages de Brighton (à environ 75km au sud de Londres, N.D.L.R.). Cela peut paraître horrible, mais c’est là que se dirigent les flux de marée.
Quand vous dites les corps, vous excluez de les retrouver vivants ?Oh oui. Absolument. Personnellement, et je ne parle que pour moi, je ne pense pas qu’il y ait la moindre chance qu’ils soient encore vivants à l’heure actuelle.
Propos recueillis par Théo Denmat