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Italie : Balotelli, des bas et débats

Par Adrien Candau
4 minutes
Italie : Balotelli, des bas et débats

Privée d'attaquant de pointe d'envergure depuis de nombreuses années, l'Italie de Roberto Mancini a décidé de remettre Mario Balotelli sur le devant de la scène. Un choix aussi audacieux que controversé.

Vendredi 7 septembre, face à la Pologne, il n’a pas existé. Il est même sorti peu après l’heure de jeu, sous quelques sifflets du stade Renato Dall’Ara de Bologne. Forcément, Mario Balotelli tirait une tronche des mauvais jours et, à la fin d’un match où l’Italie arrachait le nul, Roberto Mancini avait bien dû concéder que rien n’avait fonctionné pour son numéro neuf : « Son niveau physique est un problème actuellement. Je vais devoir lui parler énormément et il doit s’améliorer énormément. » Un souci à régler, un de plus, pour une Italie dont le problème de l’attaquant de pointe ressemble plus que jamais à une équation aux trop multiples inconnues.

Neuf brouillé

Illustration concrète du phénomène : les douze derniers buts marqués par la Nazionale l’ont été par douze joueurs différents. La Squadra Azzurra n’est clairement plus d’attaque, et Roberto Mancini s’est donc décidé à avancer de nouveaux pions sur son grand échiquier tactique. Peu après sa nomination au poste de sélectionneur, il avait dégainé d’entrée, en annonçant un retour de Balotelli en sélection : « Il est sûr que nous allons lui parler et probablement nous allons l’appeler… C’est un joueur que nous voudrions revoir au niveau qu’il a eu à l’Euro 2012. »

Problème : si Mancini finit son éloge au conditionnel, c’est bien parce que Balotelli n’est plus tout à fait ce joueur-là, celui qui était déjà controversé au pays six ans plus tôt en raison de l’irrégularité chronique de ses performances. Le Balotelli version 2018 présente a priori encore un peu moins de garanties. Il n’évolue plus à Manchester City ou à l’AC Milan et n’a plus la marge de progression que certains lui prêtaient encore il y a quelques années. L’attaquant phare de l’équipe d’Italie, le choix numéro un de Mancini, joue désormais à la pointe d’un OGC Nice sans doute appelé à jouer les seconds rôles cette année en Ligue 1.

« Trop de trains sont passés pour lui… »

Un choix forcément chahuté de l’autre côté des Alpes. Après la performance fantomatique de l’attaquant face à la Pologne, l’ex-international italien Stefano Fiore a mené frontalement la charge : « Balotelli, c’est un pari supplémentaire pour Mancini, même si je pense que trop de trains sont passés pour lui. C’est un très bon joueur, mais il n’a pas été capable d’exploiter son talent et les opportunités qu’il a eues. Pour moi, il ne mériterait même pas une place de titulaire. » Arrigo Sacchi ne s’est pas privé pour enfoncer le clou : « Beaucoup de journalistes ont raison de poser des questions sur lui. Le football est un sport d’équipe. On doit prendre des joueurs qui ont de l’intelligence, ça vaut plus que le talent balle au pied… »

Suffisant pour s’imaginer une ligne invisible, qui divise déjà Mancini, Balotelli et leurs détracteurs. Quand le sélectionneur de la Nazionale semble vouloir parier sur les fulgurances de Super Mario, dont le talent brut n’a sans doute pas d’équivalent actuellement en Italie, d’autres avancent la nécessité de redonner une chance à d’autres profils moins virtuoses balle au pied, mais mieux intégrés au collectif. À ce titre, l’entrée d’Andrea Belotti, le buteur du Torino, qui a déclenché un pressing furieux sur la défense polonaise vendredi, a été remarquée : « Quand Belotti est arrivé, l’équipe a tout de suite eu un tempo différent et on a vu le résultat, avançait l’ex-international azzurro Marco Tardelli après la rencontre. Il a un très grand esprit de sacrifice, c’est quelque chose que Balotelli ne possède malheureusement pas. »

Le casse-tête n’en reste pas moins complexe pour Mancini, alors que l’attaquant du Toro manque encore de références au très haut niveau et que l’autre alternative crédible à Balotelli, Ciro Immobile, létal en club du côté de la Lazio, n’a jamais su s’élever au niveau des exigences de la sélection (32 capes, 7 buts). Ce lundi à Lisbonne, Mancini pourrait bien laisser Balotelli, sorti à l’heure de jeu face à la Pologne, au repos. « Contre le Portugal, il y aura des changements » , a-il annoncé. Une opportunité pour les autres avants-centres de la Nazionale, qui devront montrer qu’ils en ont suffisamment dans le ventre pour rebattre les cartes devant. Faute de mieux, Mancio continuera sans doute sur le même cap. En filant les clefs de la proue du navire italien à Super Mario.

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Par Adrien Candau

Tous propos issus de la Gazzetta dello sport, Rai Sport et RMC Sport Network.

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