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Inter-Milan : un derby au sommet
À San Siro ce samedi (18h), l’Inter de Simone Inzaghi reçoit le Milan de Stefano Pioli pour un derby explosif. Un duel au sommet entre le leader et son dauphin qui marque un premier tournant en 2022. En cas de victoire, les Intéristes seraient lancés comme des fusées sur la route de leur propre succession.
Peu de gens se souviennent du temps où Stefano Pioli marquait à la culotte Simone Inzaghi. C’était un dimanche de novembre 1997, en Serie C1. Stefano portait la tunique de l’US Fiorenzuola et jouait aux côtés de Massimiliano Farris, comme le racontait récemment la Gazzetta dello Sport. En face, Inzaghi défendait le blason de l’US Brescello, et ce jour-là, il y avait eu 1-1. Mais Simone, l’autre avant-centre de la famille, n’avait pas marqué. Près de vingt-cinq ans plus tard, ces trois hommes se checkeront en bonne et due forme – à défaut de pouvoir s’embrasser – avant de pénétrer dans un San Siro chauffé à blanc. Sauf que cette fois, Pioli sera seul face à la doublette Inzaghi-Farris qui bosse ensemble depuis 2014. Et qui n’a pas prévu de s’arrêter de déplacer des montagnes.
Un grand défi pour Milan
Croiser la route de l’Inter sauce Inzaghi n’a pas réussi à grand monde depuis le début de la saison. Hormis sur la pelouse de la Lazio et face au Real en C1, tous les adversaires sont repartis avec une indigestion ou des maux de ventre prononcés. L’Inter ne gagne pas toujours, certes, mais l’Inter ne perd jamais. Face aux autres locomotives de la Botte, elle a souvent tenu en échec ses poursuivants : l’Atalanta (2-2, 0-0), la Juve (1-1) et même Milan (1-1). Le reste ? Seize succès sur les dix-huit autres journées disputées. C’est cette régularité qui a conforté le champion en titre sur le trône de la Serie A au fur et à mesure que les semaines s’écoulent. Mieux : avant de disputer le premier derby de la saison face aux Rossoneri au mois de novembre, l’Inter comptait sept points de retard sur un Milan en pleine bourre. C’était toujours le cas après cette rencontre sauf que, quatre mois plus tard, l’effet miroir a fonctionné. Aujourd’hui, ce sont les coéquipiers d’Olivier Giroud qui courent derrière leur cousin lévrier.
Le Français, en l’absence de Zlatan Ibrahimović, est pressenti pour débuter tout comme Theo Hernández, Pierre Kalulu et Mike Maignan. Pioli peut compter sur ses Français, mais pas sur Ante Rebić, toujours sur le carreau, et pourrait titulariser Franck Kessié au poste de numéro 10. À quatre unités de l’Inter (qui doit rattraper son match face à Bologne), le coach italien au crâne reluisant le sait : ce derby est un premier tournant qui pourrait, en cas de défaite, placer l’Inter sur la voie royale du Scudetto. « C’est un match qui a beaucoup de poids parce que c’est un derby et parce qu’il oppose deux équipes du haut du tableau, racontait Pioli en conférence de presse. L’Inter a une grande continuité (dans les résultats), tandis que nous, nous avons eu une baisse de régime, et je suis convaincu que nous n’avons pas encore donné le meilleur de nous-mêmes. Une victoire nous donnerait beaucoup de confiance, de positivité et de force et trois points importants. »
Un chemin vers le succès à dessiner pour l’Inter
Dans le camp d’en face, l’optimisme est forcément de mise. À San Siro, l’Inter n’a plus perdu depuis un an en Serie A. C’était… face au Milan, mais en 2022, l’effectif nerazzurro semble plus consistant et armé pour prolonger cette série. Au mercato d’hiver, quand le Milan est allé chercher le jeune attaquant prometteur Marko Lazetić pour quatre millions d’euros à l’Étoile rouge de Belgrade, l’Inter n’a pas lésiné sur les millions en arrachant à un concurrent direct les services de Robin Gosens (environ 20 barres, en provenance de l’Atalanta) ou encore de Felipe Caicedo qu’Inzaghi connaît par cœur. Un recrutement qui illustre bien le monde qui sépare deux clubs qui ne jouent pas économiquement dans la même cour.
Quand Milan est condamné à faire des paris sur l’avenir et miser sur de jeunes joueurs prometteurs entourés de cadre expérimentés, son rival a les moyens de se renforcer pour se doter d’une équipe de premier plan immédiatement. Cela tombe bien, le calendrier de l’actuel leader est aussi corsé qu’un rhum arrangé : en onze jours, l’Inter va affronter Milan, la Roma en Coupe d’Italie, Naples au Maradona et enfin Liverpool à San Siro pour son huitième de finale aller de Ligue des champions. Autrement dit, c’est dans ce premier sprint que l’on va pouvoir observer de quel bois est faite cette Inter. Alors, quoi de mieux qu’un Inter-Milan pour commencer ? Pour Simone Inzaghi, au diable l’excitation et place à la prudence. Il réfute l’idée d’une quelconque incidence définitive sur la suite du championnat après ce choc fratricide. Car un derby reste un derby : « Il n’y a jamais de favori, même quand les classements des deux équipes sont divers. Alors, dans ce cas présent où les deux équipes sont très fortes et bien organisées, c’est peut-être encore plus le cas. » Prudente, pas sûr que son équipe le sera lorsque le soleil commencera à se coucher à deux pas du Duomo et que Simone Inzaghi saluera Stefano Pioli devant les caméras du monde entier. Peut-être qu’à ce moment-là d’ailleurs, Simone et Stefano repenseront à ce Fiorenzuola-Brescello.
Par Andrea Chazy