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Ils ont marqué le foot espagnol, de 70 à 61

Par Antoine Donnarieix, Ruben Curiel et Robin Delorme
Ils ont marqué le foot espagnol, de 70 à 61

Chaque mois, jusqu'à l'Euro, Sofoot.com retracera les 100 joueurs qui ont marqué le football italien, espagnol, allemand, anglais et français. On continue avec l'Espagne, et les joueurs classés de la 70e à la 61e place.

70. Alberto Górriz

Bixio Górriz se veut la définition même de l’amour du maillot. Natif d’Irun, à quelques mètres de la frontière française, ce Basque pur souche a articulé sa carrière autour d’un seul fanion, celui de la Real Sociedad. Une liquette txuri-urdin dont il a écrit le plus beau pan d’histoire avec deux Liga consécutives remportées en 1981 et 1982 par une équipe composée exclusivement, ou presque, de canteranos. Mieux, avec ses quelque 599 apparitions, il est le joueur le plus capé de l’histoire de San Sebastián devant les mythiques Arconada, Zamora et Kortabarria. Cette carrière réussie, il y met fin en 1993, après douze petites capes avec la Roja et une participation au Mondial italien de 90. Aujourd’hui encore, tout Anoeta se souvient de ce central à la relance soyeuse et au cœur pur. RD

69. Ángel Arocha

Les légendes ne meurent jamais, et Ángel Arocha Guillén fait bien partie de cette catégorie. Issu de l’île canarienne de Tenerife, le garçon est recruté pour ses talents de buteur par le Barça de l’époque. L’objectif ? Succéder de la meilleure des façons possibles au mythe blaugrana Paulino Alcántara. Recruté à l’été 1927, Arocha ne tarde pas à donner raison à son nouvel acquéreur : le Barça remporte la Coupe d’Espagne en 1928, puis la première Liga de l’histoire à la saison 1928/1929. Aimé des supporters et grand défenseur du barcelonismo, Arocha détient des statistiques exceptionnelles chez les Culés, avec 215 buts inscrits en 207 matchs toutes compétitions confondues. Arocha part du Barça pour l’Atlético de Madrid en 1933, puis pense mettre fin à sa carrière trois ans plus tard, se marier avec sa femme argentine et vivre avec elle à Buenos Aires. Engagé par l’armée franquiste pour la guerre civile alors qu’il préparait son départ depuis Tenerife, Arocha s’oblige à vivre comme un soldat lambda dans l’armée et oublie les privilèges. Huit mois avant la fin de la guerre, l’ancien footballeur meurt à Balaguer, dans un bombardement avec quatre autres hommes. RIP. AD

68. Antonio Puerta

Au bout de la nuit sévillane du 27 avril 2006, Antonio Puerta apparaît. Son pied gauche vient débloquer, à la centième minute, une rencontre promise aux tirs au but. Le latéral espagnol qualifie le FC Séville pour la finale de la Coupe UEFA et élimine Schalke 04. Une compétition que le club remporte, en écrasant Middlesbrough (4-0). Quatre ans plus tard, une statue qui représente le joueur est inaugurée au centre d’entraînement du club. « Ton pied gauche nous a offert un rêve qui a changé nos vies, à l’origine des étapes les plus glorieuses du club. Merci Antonio » , peut-on lire sur une plaque. Antonio José Puerta Pérez, joueur du cru sévillan, est mort le 28 août 2007, à 22 ans. Trois jours plus tôt, le latéral fait un arrêt cardiaque sur le terrain, lors d’une rencontre contre Getafe. Dans le vestiaire, il s’évanouit à cinq reprises. Il meurt à l’hôpital, de dysplasie ectodermique. Il laisse une compagne enceinte, et un pays en deuil. Le numéro 16 de Puerta est retiré, avant d’être réattribué à Luismi, milieu formé au club qui a échappé à la mort sur le terrain. Depuis, le Sánchez Pizjuán rend souvent hommage à Antonio Puerta, le « pied gauche de diamant » parti trop tôt. RC

67. Michel

Non, Michel n’est pas que l’entraîneur de ce pâle Olympique de Marseille dans cette saison 2015-2016. Loin de là, d’ailleurs. Car avant d’avoir entraîné, Michel était un footballeur très doué dans son art. Redoutable centreur, José Miguel González Martín del Campo (oui, c’est long) fait partie des cinq membres de la fameuse Quinta Del Buitre issue de la Castilla du Real Madrid de 1983/1984, sacrée championne de deuxième division. Le milieu offensif droit de métier participe à cet exploit unique en Espagne, puis intègre l’équipe première dans la foulée pour la quitter… en 1996. Parmi ses plus grandes victoires, Michel et son Real remportent les deux premières éditions de la Coupe UEFA en 1985 et 1986, mais aussi cinq championnats consécutifs entre 1986 et 1990, un record toujours d’actualité. Côté provocation, Michel s’était aussi fait sanctionner par l’UEFA de 3000 euros d’amende pour avoir déconcentré Carlos Valderrama en plein match. Comment ? Par un malaxage des bijoux de famille… Un vrai adepte du toucher de balle(s). AD

66. Rafael Gordillo

Les chaussettes basses, aux chevilles, sans protège-tibias, Rafael Gordillo a arpenté les couloirs gauches de toutes les pelouses d’Espagne. Idole du Betis Séville, il est l’exemple parfait du joueur espagnol qui marque l’histoire en amassant les trophées. Le latéral gauche a débuté au Betis en 1976. Neuf ans plus tard, il rejoint le Real Madrid où il côtoie la légendaire Quinta del Buitre. Avec la Maison-Blanche, il gagne dix titres (une Coupe de l’UEFA en 1986, 5 Ligas, une Copa del Rey et 3 Supercoupes d’Espagne). International à 75 reprises, il est l’un des précurseurs du rôle de latéral très offensif. À l’été 92, « El Gordo » retourne au Bétis, alors en deuxième division. Un amoureux du club bético, qui refuse l’entrée dans sa demeure à son petit-fils, qui ose se ramener avec un maillot du FC Séville. Deux saisons plus tard, après une montée et une qualification pour la Coupe UEFA, il retourne dans son club formateur, à Écija. Aujourd’hui, Gordillo est président de la Fondation Bétis. Un homme toujours très à gauche. RC

65. Iván Helguera

« C’est un honneur de faire partie de ce classement. Choisir mon meilleur souvenir, c’est très compliqué. D’abord parce que j’ai pu jouer au Real Madrid, et donc gagner énormément de titres. Mais ce qui me reste en tête, c’est l’état d’esprit dans lequel j’entrais sur le terrain. J’ai toujours été heureux de le faire. Évidemment, il y a eu des moments compliqués en club, et en sélection. Mais c’était mon rêve de jouer à Madrid, un rêve de gosse. Je ne sais pas quel titre est le plus important, mais j’accorde énormément d’importance aux Liga qu’on a remportées. Si on regarde aujourd’hui, on se rend compte du niveau de ce championnat. Ça fait longtemps que le Real ne l’a pas gagné. Même si je suis parti en claquant la porte de ce club, j’ai énormément de bons souvenirs. C’était un traitement injuste, mais je me suis toujours battu pour le Real. Avec la sélection, je n’ai rien gagné. Mais bon, si l’arbitre de ce foutu match(quart de finale de la Coupe du monde 2002 contre la Corée du Sud, ndlr)ne nous avait pas volé, on serait peut-être allés loin. Cette photo où j’attrape l’arbitre pour protester montre toute la déception qu’on a vécue ce jour-là. Ça, c’est sans aucun doute mon pire souvenir. Cette génération n’a peut-être pas gagné, mais on a posé les bases d’un futur glorieux pour laRoja. J’ai décidé de finir ma carrière à Valence, parce que j’avais beaucoup de problèmes avec les dirigeants madrilènes. On m’a enlevé mon numéro, on m’a mis sur le banc, mais j’ai lutté pour ma dernière année à Madrid. Mais ils m’ont rendu la vie insupportable. Je suis allé à Valence et j’ai gagné la Coupe du Roi, un des titres qui me manquaient. Une fin heureuse. » Propos recueillis par RC

64. Jesús María Pereda

Avant Fernando Torres, buteur décisif contre l’Allemagne en 2008, il y a eu Jesús María Pereda, plus communément appelé Chus. D’abord nomade de Liga – il a évolué, pèle-mêle, au Real, à Séville, à Valladolid, à Sabadell… -, il a posé ses valises dans la cité de Gaudi en 1961 pour ne la quitter qu’en 1969. Huit années durant lesquelles il s’est mué en dynamiteur d’un Barça pas vraiment flamboyant et d’une Roja plus furia que gagnante. Un statut de loser qu’il enlève à jamais de la sélection espagnole en 1964, grâce à son pion en finale de l’Euro à domicile face à l’URSS. Pourtant, il passe à la postérité du football d’outre-Pyrénées grâce à son après-carrière, passée dans la peau d’un formateur de la Fédération. Lors de son décès en 2011, Guardiola dira même de lui qu’il est « le premier entraîneur à donner de l’importance à la formation espagnole » . Tout Chus. RD

63. Eusebio Sacristán

Le grand frère de Josep Guardiola, rien que ça. Au sein du FC Barcelone dans les années 90, l’actuel coach de la Real Sociedad était un milieu de terrain central doté d’une intelligence de jeu rare, ce que Johan Cruyff avait tout de suite détecté. Tête pensante de sa Dream Team et véritable bras droit du Hollandais volant, Use empoche quatre championnats consécutifs de 1991 à 1994. Il remporte aussi la Ligue des champions avec le Barça en 1992, où il obtient la faute qui mène au but de Ronald Koeman sur coup franc. « Cruyff, c’était une personne clé dans ma carrière, expliquait l’intéressé à Radio Marca. Tous les joueurs qui sont passés par ce Barça étaient marqués par cet homme. Détenir un leader dans une équipe, c’est essentiel. Et Johan était un excellent leader, il donnait des idées de jeu offensif à ses joueurs, un contrôle du ballon. Je comprenais tout cela. » Troisième joueur avec le plus grand nombre de matchs joués en Liga (543), Eusébio sentait trop bien le football pour ne pas terminer entraîneur. Les Txuri-Urdin sont entre de bonnes mains. AD

Vidéo

62. Miguel Muñoz

« Je n’aime pas voir les gens souffrir, et Miguel Muñoz souffre depuis longtemps. Je n’ai pas d’autres solutions que d’accepter sa démission. Il laisse ici un souvenir impérissable. » Avant Florentino Pérez, Santiago Bernabéu, président du Real Madrid pendant 35 ans, était aussi un collectionneur d’entraîneurs. C’est en ces termes que celui qui a laissé son nom au stade de la Casa Blanca a dit adieu à un mythe. Muñoz, milieu de terrain et capitaine du Real qui a soulevé les deux premières Coupes d’Europe (la première face au Stade de Reims en 1956, au Parc des Princes), du club est devenu entraîneur en 1958. S’il a écrit l’histoire sur le terrain, c’est sur le banc qu’il est devenu une légende. Quatorze ans à la tête de l’équipe, pour quatorze trophées. Il est le premier à avoir gagné la C1 en tant que joueur et entraîneur. Viré du Real devant le mécontentement constant du stade madrilène, Miguel Muñoz devient sélectionneur de l’Espagne en 1982. Pendant six ans, et ce, malgré un groupe talentueux (la Quinta del Buitre, par exemple), le natif de la capitale ibérique ne gagne aucun trophée avec sa patrie. Le 16 juillet 1990, la légende du Real Madrid s’en va. RC

61. Francisco Buyo

Un homme de poigne doublé d’un bon comédien quand il le faut. Voilà le portrait plutôt ambigu de l’un des meilleurs gardiens passés sous le maillot du Real Madrid. En équipe nationale, Paco Buyo aura connu une carrière assez terne, avec 7 capes à son actif. Second derrière Luis Arconada, puis à nouveau doublure d’Andoni Zubizarreta, le Chat de Betanzos se sera bien rattrapé chez les Blancos : six championnats d’Espagne glanés entre 1987 et 1997, deux Coupes du Roi et deux Trophées Zamora. Portier durant la dernière moitié de la génération de la Quinta Del Buitre, Buyo reflétait à merveille ce Real à la fois compact, provocateur et guerrier. Le meilleur exemple de son style sur la pelouse, c’étaient ses duels toujours très attendus avec la star du voisin de l’Atlético de Madrid, le buteur Paulo Futre. Dans la fin des années 80, une tension naît entre les deux hommes, enflamme chaque derby de Madrid et, par la même occasion, toute la péninsule ibérique. Buyo-Futre, c’était une page à la fois tumultueuse et divertissante du football espagnol de l’époque. AD

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