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Ils n’ont pas tué McKennie
Passé d’indésirable lors de l’arrivée de Max Allegri à la tête de la Juve, à moteur offensif de Bianconeri endormis, Weston McKennie est passé d’un siège éjectable à un canapé soyeux. Il doit encore transformer l’essai et prouver qu’il est indispensable dans les gros matchs, comme ce mardi soir face à Villarreal.
À l’été 2021, alors que la Juventus en manque de sous cherche coûte que coûte à renforcer son effectif, Weston McKennie devient la monnaie d’échange de tous les potentiels transferts. Après seulement une saison sous la tunique de la Vieille Dame, le jeune Américain n’est alors plus le bienvenu dans la Juve d’Allegri, qui souhaite davantage former une armée qu’une équipe de football. Et son hygiène de vie d’adolescent ne vient pas l’aider. À trois jours de la fin du mercato estival, les Bianconeri, n’ayant réussi qu’à recruter Manuel Locatelli, se voient contraints de le conserver, et Max change alors son fusil d’épaule : « Il ne doit pas partir. Il a des buts dans les jambes, il doit travailler et s’améliorer. » Le Texan, qui vient de fêter ses 23 ans, se voit offrir un sursis de six mois.
Une bêtise formatrice
Allegri lui fixe un objectif : 10 buts dans la saison. Weston débute pourtant par une suspension pour accumulation de cartons jaunes puis 45 minutes face au promu Empoli. Puis il s’envole direction les USA pour les matchs de qualification à la Coupe du monde. Enfin, en ce qui le concerne, un seul match. Le milieu de terrain est retourné à l’envoyeur pour avoir enfreint le protocole sanitaire de la sélection américaine après seulement une rencontre, recommençant une bêtise qu’il avait déjà faite cinq mois auparavant en organisant une fête clandestine chez lui. Gregg Berhalter, sélectionneur américain, plaide l’erreur de jeunesse, mais assure avoir discuté « les yeux dans les yeux » avec Weston. Et lui laisse une chance d’être déjà de retour lors du prochain rassemblement.
« Ce n’était pas un bon début de saison pour moi, a admis McKennie dans une interview avec The Athletic. Les deux premiers mois ont été terribles, surtout après une bonne année. Il y avait beaucoup d’attentes et beaucoup de pression. J’ai certainement beaucoup appris de cette expérience en équipe nationale. Immédiatement après, j’ai baissé la tête et pensé à travailler. » Trimballé entre cinq postes au milieu et en attaque, le gamin formé à Dallas apprend et trouve enfin grâce aux yeux d’Allegri, qui valorise ses qualités sans ballon. Une compétence plutôt rare chez les Juventini cette saison. « Il a beaucoup progressé depuis le début de l’année et a grandi avec toute l’équipe. Il bouge beaucoup sur le terrain, c’est un joueur hyper offensif », salue l’entraîneur. Fin octobre, après un retour réussi en sélection, Weston plante deux buts anecdotiques en deux matchs consécutifs et gagne ce qui lui manquait jusque-là : la confiance.
Faire durer la magie
L’ancien titulaire de Schalke 04 devient presque indiscutable dans le onze bianconeri et accumule 4 buts en 27 apparitions, presque à mi-chemin de l’objectif saisonnier. « McKennie joue parce qu’en ce moment, il est plus en forme que n’importe qui d’autre », a déclaré Allegri, qui pour une fois s’est laissé aller à des compliments. « Il est devenu plus ordonné », a appuyé l’entraîneur, qui, en matière de discipline, tant sur le plan tactique qu’en dehors du terrain, sait de quoi il parle. Après un premier déclic à l’automne, McKennie passe un nouveau cap en janvier et inscrit à nouveau deux buts coup sur coup. « Il est probablement dans la meilleure forme de sa vie et joue à un très, très haut niveau », s’extasie le sélectionneur américain après avoir vu le Turinois ouvrir le score par -20 degrés face au Honduras.
Même s’il marche sur l’eau depuis début 2022, ce grand amateur de Harry Potter – en atteste sa célébration fétiche – sait que la magie ne dure qu’un temps, et qu’il n’est jamais à l’abri d’un coup de balai à la moindre contre-perf’. À l’hiver, les sirènes de Tottenham se sont finalement rabattues sur son coéquipier Dejan Kulusevski, alors que Fabio Paratici, ancien directeur sportif de la Juve, a pris la tête de Tottenham l’été dernier. « Pour l’instant, je suis heureux, je vais bien et j’espère continuer, dit-il prudemment dans une interview pour DAZN Italia. Mais on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve. » Il serait donc bienvenu qu’il transforme l’essai ce mardi soir face à Villarreal pour s’installer définitivement chez la Vieille Dame, alors que la Juventus est bloquée à la porte des quarts de finale de Ligue des champions depuis deux éditions et presque trois ans.
Par Anna Carreau
