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Igor Djoman : « Mon coach est le Guy Roux bulgare »

Propos recueillis par Lhadi Messaouden
Igor Djoman : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Mon coach est le Guy Roux bulgare<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Après avoir tenté de s'imposer en France dans son club formateur, Igor Djoman a pris la direction de la Bulgarie en 2012. Joueur du PFK Beroe Stara Zagora, l'ex-Guingampais profite de la première division bulgare pour avoir du temps de jeu et découvrir une nouvelle culture. Même s'il ne compte pas faire toute sa vie là-bas.

Avant d’évoquer ton parcours d’expatrié, on va revenir sur ton aventure française. T’as passé six années à Guingamp avant de te retrouver en National au Poiré-sur-Vie. Que s’est-il passé ?

Pour être précis, j’ai été formé à Guingamp. J’étais dans le groupe pro et j’essayais d’y faire mon trou. Malheureusement, je me suis fais les croisés et j’ai eu du mal à revenir. À mon retour, j’ai disputé quelques rencontres, mais je n’ai jamais réussi à m’imposer aux yeux du coach. Après, l’équipe a été reléguée en National et j’ai eu envie de changer d’air. J’ai grandi à Guingamp. Mon désir était de quitter le cocon familial, de découvrir une nouvelle ville, une nouvelle équipe. J’ai eu des contacts à l’étranger, mais rien de concret. Finalement, le coach du Poiré-sur-Vie m’a contacté. Il m’a expliqué qu’il me suivait depuis quelque temps et il m’a proposé de rejoindre le club. J’ai accepté sa proposition. Je suis resté un an là-bas. Ce fut une très belle expérience qui m’a permis d’avoir un temps de jeu conséquent.

Et tu as ensuite pris la direction de la Bulgarie. Comment est-ce arrivé ?

C’est un agent, Wahid Bouchenaffa, qui m’a contacté. Il m’a appelé et m’a présenté le projet d’un club bulgare, en l’occurrence le Beroe Stara Zagora. Au début, je n’étais pas très emballé par l’idée. Mais j’ai changé d’avis, j’ai pris l’avion pour la Bulgarie et je ne regrette pas mon choix ! Dès la première année, j’ai remporté la Coupe de Bulgarie et la Supercoupe. Je ne pouvais pas rêver mieux comme début d’aventure. Ensuite, j’ai eu l’opportunité de disputer deux rencontres européennes contre le Macabi Tel-Aviv. Certes, ce n’était que la Ligue Europa, mais si j’étais resté en France je n’aurais pas pu vivre cette expérience. J’ai eu de la chance, car je suis tombé dans un club sérieux. Les conditions de vie et d’entraînement sont parfaites, on nous met dans les meilleures dispositions. Après, le niveau du championnat n’est pas très élevé. C’est un mix entre le National et la Ligue 2, mais c’est déjà pas mal. Je vois cette expérience comme un tremplin dans ma carrière.
Notre coach a instauré un couvre-feu pour l’ensemble de l’effectif

Ta famille ou tes amis t’ont accompagné ?

Non, j’y suis allé tout seul. Ma copine travaillait en France. C’était trop compliqué pour elle de venir s’installer, donc elle fait des aller-retour pour me voir. Je suis souvent resté seul ici, mais j’ai toujours eu mes proches au téléphone. Je ne suis pas à plaindre. Je fais le métier que j’aime et ce dernier me permet de bien vivre ma vie. Aujourd’hui, on est plusieurs Français dans le club, ce qui facilite la vie. La saison précédente, on était cinq. On formait une petite bande et on passait beaucoup de temps ensemble. Il y en a deux qui nous ont quittés lors du mercato, donc on ne sera plus que trois la saison prochaine. Mais ça ira, surtout qu’on a Junior Mapuku, aka « le Djibril Cissé de Stara Zagora » . Même coupe de cheveux et même gimmick.

T’as appris le bulgare ?

Quand t’arrives dans un nouveau pays, apprendre la langue est la première chose à faire. Et c’est ce que j’ai fait. J’ai mis environ six mois à apprendre les bases du bulgare. Cela m’a permis de vite m’adapter dans mon nouveau club. Après deux ans ici, je parle la langue couramment. C’est venu tout seul. J’ai aussi appris à lire les lettres cyrilliques.

Il ressemble à quoi, ton quotidien ?

Une journée type démarre, évidemment, avec l’entraînement du matin. Avec les autres joueurs du club, on a pris l’habitude d’aller manger tous ensemble à midi. Cela permet au groupe de se retrouver ailleurs que sur le terrain. C’est le genre de moment qui permet de tisser des liens. Le reste du temps, je fais la sieste. Je dors beaucoup même. Quand j’ai le temps et que mes proches sont là, je vais sur la côte de la mer Noire. C’est un bon moyen de décompresser.

Tu fais des rencontres ? Elles sont comment les femmes en Bulgarie ?

Je me balade en ville, mais pas plus que ça. Faut dire que notre coach est un peu un Guy Roux bulgare. Il est très strict avec nous. Il a instauré un couvre-feu pour l’ensemble de l’effectif. C’est un peu dur, mais il fait ça pour notre bien. Avec lui, on progresse énormément et on se concentre vraiment sur notre travail. Les résultats en attestent. Il faut aussi dire que la ville, Stara Zagora, n’est pas très excitante. C’est une ville moyenne. Il n’y a pas beaucoup de tentations pour un footballeur. Pour ce qui est des femmes bulgares, c’est compliqué pour moi d’en parler plus parce que je suis en couple. En revanche, je peux te dire que les Bulgares sont très jolies.
Je touche un bon salaire et j’ai des primes de matchs très intéressantes

Et la bouffe ?

Ils ont des spécialités un peu particulières. Les Bulgares raffolent du fromage. Je ne vais pas te mentir, je ne suis pas un grand fan. Je continue de me nourrir à la française avec beaucoup de viande et de pâtes. Après, quand j’accueille du monde, je fais un effort et je cuisine des plats bulgares. Par exemple, il y a cette boisson que tous les Bulgares adorent. Ils la prennent en entrée. C’est un mélange de lait, d’eau et de concombre. J’ai essayé une fois, je ne m’y aventurerais plus.

Sur le plan financier, tu t’y retrouves ?

Je n’ai pas à me plaindre. Je touche un bon salaire et j’ai des primes de matchs très intéressantes. Et comme je t’expliquais avant, mon club est très sérieux. On est toujours payé en fin de mois. Y a d’autres clubs où ce n’est pas le cas, hein… Je m’estime donc heureux.

Tu as l’impression d’avoir progressé, d’avoir appris en jouant à l’étranger ?

J’ai fait deux saisons à plus de trente matchs. Sur ce point, il y a eu une véritable progression. J’ai pu disputer des rencontres contre de bonnes équipes et j’ai accumulé pas mal d’expérience. Maintenant, j’aspire à découvrir un autre championnat, un autre club. Je rêve d’Angleterre, comme tous les joueurs du monde, mais je prendrai ce que l’on me donnera. En revanche, je n’envisage pas de retourner en France. Je continue de suivre le championnat et Guingamp, mais rentrer au pays ne fait pas partie de mes objectifs.
Au LOSC, l’exigence fait la force

Propos recueillis par Lhadi Messaouden

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