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Hasta la vista, Berri
Dernière de Ligue 2 après sept journées, la Berrichonne est dans le dur et ne cesse de prendre des portes dans la tronche. Pire, les Castelroussins n’ont toujours pas marqué le moindre but en 630 minutes de championnat et peinent à finir les rencontres à onze. Ainsi va la vie.
Et en plus, ils gueulent. Sale ambiance lundi soir dernier, à Lens, où la Berrichonne et le Racing avaient décidé de se livrer un sale match. Simple : pendant 90 minutes, on a vu 28 mecs se mettre sur la tronche – 36 fautes ont été sifflées, quand même – sans trop savoir où ils allaient, ni pourquoi ils étaient là. Pas simple à regarder, donc, et le public du soir ne s’en est pas caché. Pourtant, l’enjeu était de taille : Lens restait sur quatre matchs sans victoire, Châteauroux était en quête de tout et notamment d’un but. Oui, marquer un but, rien qu’un but, ce petit truc que la Berrichonne n’a toujours pas réussi à faire depuis le début de saison en championnat et qui semble être aussi bien caché qu’un poignard dans une épreuve d’orientation organisée sur une île fidjienne. Alors, alors ? Alors, la Berrichonne cherche encore et est repartie de Bollaert avec une nouvelle défaite (1-0), son quatrième carton rouge de la saison et une bonne dose de doutes supplémentaires dans les chaussettes.
Après la rencontre, le coach castelroussin, Nicolas Usaï, qui refuse de quitter son poste – et qui ne doit absolument pas le faire au risque de définitivement faire exploser le navire –, a alors ouvert son cœur : « Je ne suis pas là pour contester les décisions, mais c’est frustrant. On s’attendait à être bousculé plus que cela. C’est une période difficile, très difficile. On a bien répondu au défi, mais même si on gardait l’espoir de revenir, « marquer », ça devient un mot tabou… On a du mal à se projeter, à se créer des occasions. On n’en a eu qu’une en première période. La suite ? On fait preuve de caractère, ou on s’en va. Et comme je n’ai pas l’intention de partir, je vais faire preuve de courage et d’abnégation. » On avoue avoir eu envie de le prendre dans nos bras. Parce qu’on se dit, lorsqu’on est supporter de la Berrichonne, que la chose va bien finir par tourner un jour. Parce qu’on avait aussi besoin d’un peu de réconfort. Parce que merde, le foot ne peut pas être aussi violent. Si ?
« On nous trouve nuls »
Si, il peut, bien sûr qu’il peut et il peut même l’être encore un peu plus. Vendredi soir face à Grenoble, si la Berrichonne ne trouve pas le chemin des filets avant la 49e minute de jeu, elle deviendra alors la seule équipe, depuis la création de la poule unique en 1993-1994, à être restée muette aussi longtemps sur un début de championnat de D2 et dépassera le Nancy de l’an passé, qui avait au moins eu le plaisir, histoire de décompresser, de s’offrir une victoire au premier tour de la Coupe de la Ligue face au Red Star. Châteauroux n’a pas eu cette chance et a été battu à Niort (3-1) mi-août. Dans ce contexte, l’heure est à la collecte des signes d’espoir, et Olivier Saragaglia, l’adjoint de Nicolas Usaï, a parlé cette semaine dans la Nouvelle République d’une situation « intéressante » . Pourquoi ? « Parce qu’on est derniers, on n’ira pas plus bas. Beaucoup de monde nous critique, on nous trouve nuls. Moi, ça me donne une envie folle de relever le défi. C’est passionnant de vivre ça. Je préférerais un challenge dans le haut de tableau, mais en fait, ça me booste presque autant. » Eh beh.
Être supporter de Châteauroux, c’est ça
Tout le monde aimerait ça, Olivier, mais il y a bien longtemps que la Berrichonne ne sourit plus et qu’on se doutait que la saison post-remontée (9e en 2017-2018 grâce notamment à un Saïd Benrahma proche des étoiles) n’était qu’un leurre. Être supporter de Châteauroux, ce n’est pas ça. Être supporter de Châteauroux, c’est galérer, tenter de convaincre ses proches de l’utilité d’un déplacement à Gaston-Petit le vendredi soir et accepter de découvrir de drôle de choses. Cette saison, une enceinte a par exemple été installée au-dessus de la tribune présidentielle du stade castelroussin et crache des bruits de faux supporters afin de créer une ambiance artificielle. De drôle de choses, on disait. Mais c’est le deal, et ainsi va la vie. On choisit sa femme, pas forcément son club. Le problème, c’est que cette nouvelle saison poisseuse ressemble aussi à un nouveau boomerang et qu’elle intervient pile au moment où Luzenac vient de remporter une importante bataille juridique devant la deuxième chambre de la cour administrative d’appel de Bordeaux. Vous vous souvenez, les gars ? Oui, le même Luzenac qui avait été interdit de monter en Ligue 2 et qui nous avait permis de rester une année de plus au bord du fossé, alors que l’on venait de terminer 18e du championnat. Sacré karma, hein ? Eh ouais, être supporter de Châteauroux, c’est aussi ça : vivre avec le fait qu’un jour, la Ligue nous a filé un coup de main et a bouché la route à un petit club ariégeois. Merci Michel, au passage, mais on savait que tout ça finirait bien par nous revenir dans les dents. Voilà donc la Berrichonne de nouveau enfermée dans une lutte pour ne pas gicler d’un championnat qu’elle incarne pourtant mieux que personne et ses supporters encore coincés dans leur routine. La vie qu’ils ont décidé de mener : celle qui consiste à rêver de voir des filets trembler, juste une fois. Le record n’est plus qu’à 49 minutes.
Par Maxime Brigand