- Euro 2016
- 8es
- Suisse-Pologne
Haris Seferović peut-il sauver la Nati ?
Dans ce premier tour, la Suisse a bien eu du mal à marquer. Seuls Schär, défenseur central, et Admir Mehmedi ont réussi à marquer. Une fois chacun. Un cache-misère qui accentue les ratés de Haris Seferović, passé expert ès cagades devant le but et risée des commentateurs. Peut-il être le grand buteur qui changera le destin de la Nati ?
« L’attaquant de pointe n’est pas l’unique responsable. Il faut que les joueurs qui viennent de l’arrière soient en mesure de créer le surnombre. » Vladimir Petković a essayé de dédouaner Seferović après le premier match contre l’Albanie, mais face à la France, la sanction est tombée : place à Embolo en pointe de la formation suisse. Le problème de Seferović, c’est son manque de réussite chronique quand il n’a plus qu’à conclure. C’était le même problème toute la saison avec Francfort, un calvaire passé à deux doigts de la descente. Contre l’Albanie, puis la Roumanie, alors que la Suisse peinait et aurait grandement profité d’un petit but en plus, Seferović a continué ses vendanges des seize mètres. Aujourd’hui, pas de doute : Haris Seferović est en crise. Le but se refuse à lui. Après le premier match de la compète, il le dit : « Si c’est devenu chaud [le match], c’est de ma faute. J’ai eu suffisamment d’occasions pour le 2-0, voire le 3-0. (sic) » C’est le moins qu’on puisse dire, et pire encore lors du deuxième match face à la Roumanie.
Du nouveau Frei…
Pourtant, Seferović est un joueur plein de promesses. Encore jeune, il est issu d’une génération potentiellement dorée de la Nati : celle qui a été championne du monde U17 en 2009. À l’époque, il marque la compétition de son talent. Cinq buts inscrits, le but de la finale qui donne le titre. Seferović est alors récupéré par la Fiorentina et trimbalé de club en club, avant d’être revendu à la Real Sociedad. C’est là qu’on le découvre au plus haut niveau. En barrages de la Ligue des champions, il claque une frappe instantanée face à l’Olympique lyonnais, imparable. La France hallucine devant ce jeune Suisse fougueux et impétueux. On le présente alors comme le nouvel Alex Frei. La suite de sa saison en Espagne est un échec qui le relègue sur le banc. Son statut d’espoir suisse perdure un peu, avec un transfert à Francfort où il doit confirmer, mais devient à terme difficile à défendre. À son arrivée, avec Thomas Schaaf pour le guider, il s’en sort bien avec une activité dans le jeu plaisante et un certain réalisme, en atteignant la dizaine de pions en bout de course. Mais cette saison, Francfort coule au classement et lui ne parvient à marquer que quatre pauvres buts en plus de trente matchs. « Pour moi, ce n’est pas un buteur » , le démonte publiquement Armin Veh à la fin de la phase aller. Un scud qui tape fort. Sa crise de confiance actuelle vient de là, et la confiance de Kovač n’a pas encore tout arrangé. En club comme en sélection, Seferović n’a décidément plus le bon dernier geste, alors qu’il fait tout (plutôt) bien avant et se procure les occasions. Sauf quand on ne l’attend plus, comme au match du maintien entre Francfort et Nuremberg.
Au nouveau Zlatan ?
Alors le huitième de cet Euro tombe à point nommé. Il n’y a plus de reculoir. « Je vais et je dois marquer un but » , se dit Seferović, qui ne désespère donc toujours pas. Si, dans l’impact et dans le jeu, il est présent, il va bien finir par retrouver le mojo du buteur. Encore après l’Albanie, conscient du problème, il admet « travailler dur là-dessus, pour être plus efficace devant le but » . Des promesses répétées depuis le camp d’entraînement de la Suisse, deux jours avant le huitième contre la Pologne, où il aura probablement sa chance comme titulaire. « Je vais très bien. Je ne suis pas le seul attaquant à ne pas encore avoir marqué. Il ne manque pas grand-chose. Je reste positif. » Il sait qu’il a un avantage certain par rapport aux autres dans cet Euro, du haut de ses 24 ans. Il y a une concurrence très médiocre dans l’équipe suisse. Ce n’est plus le temps de Chapuisat, ou de Frei. Il n’y a bien que Derdiyok, auteur d’une saison satisfaisante en Turquie, pour le menacer vaguement. Embolo est encore bien tendre, le match face à la France l’a prouvé. Seferović est le nouveau buteur placé en tête de gondole. Celui qui se doit d’être décisif – mais qui l’a été trop sporadiquement, de l’OL au maintien arraché pour Francfort. Au point qu’en Suisse, le journal Le Matin le compare carrément à Zlatan Ibrahimović… sans croire que cela soit réaliste, façon « Djourou vous rappelle-t-il Thiago Silva ? » Espérons surtout pour la Nati que Seferović soit meilleur que le Suédois, et qu’il marque son premier but de la compétition contre la Pologne.
Par Côme Tessier