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Griezmann : retour à l’envoyeur ?
En instance de départ au FC Barcelone, Antoine Griezmann pourrait bien rebondir chez son ex, à l’Atlético. Un choix qui, si il se confirme, serait un beau clin d’œil à l’histoire mais laisserait un réel regret dans l’aventure catalane du Français.
Au mois de juin, Joan Laporta réitérait sa volonté de ne pas renforcer la concurrence. Traumatisé par la vente de Luis Suárez à l’Atlético de Madrid, le président du Barça n’a cessé de se montrer ferme sur le sujet. Quelques semaines plus tard, la direction barcelonaise semble pourtant avoir fait volte-face et entamé de nouvelles discussions avec les fidèles Colchoneros. Cette fois pour Antoine Griezmann.
Option envisagée et envisageable
Le 11 juillet dernier, La Vanguardia officialisait les négociations entre le FC Barcelone et l’Atlético concernant le transfert d’Antoine Griezmann. Un choix validé par le principal intéressé, dont les velléités de départ sont passées au premier plan. Mais si l’Angleterre semblait être une destination idéale et logique, la possibilité de ce retour à Madrid s’est vite épaissie. Un choix justifié en partie par des prérogatives familiales, puisque l’entourage du joueur souhaite rester en Espagne. Et si les pourparlers entre les deux clubs n’en sont qu’à leurs prémices, les contours de la transaction sont quant à eux bien dessinés. À trois ans de la fin de son contrat, l’attaquant est ainsi suspendu aux offres de son ancienne formation, bien décidée à le rapatrier.
Malgré les réticences des supporters qui gardent en tête sa « trahison » , Diego Simeone, lui, n’a cessé de le réclamer, jouant du violon sur « l’affection et la relation filiale entretenue avec Antoine ». Afin de combler tout ce beau monde, Barcelone réclame dès lors une indemnité avoisinant les 50 millions d’euros, à laquelle s’ajouterait vraisemblablement l’arrivée de Saúl Ñíguez. En conférence de presse, Ronald Koeman a par ailleurs laissé transparaître cette option : « Je pense que l’arrivée d’un milieu de terrain polyvalent et viable offensivement nous permettrait de clôturer notre effectif la saison prochaine ». Attendu en joker, Saúl, en perte de vitesse depuis plusieurs mois à l’Atleti, viendrait ainsi grossir les rangs du milieu de terrain catalan. Un apport non-négligeable, comprenant le départ de Carles Aleñá à Getafe et dans une moindre mesure, l’échec de Miralem Pjanić.
Départ obligatoire
Débarqué au Camp Nou à l’été 2019, Griezmann a longtemps cherché son momentum, sans jamais réussir à le trouver. De prime abord, le bilan du Français est pourtant honorable : 99 matchs, 35 buts et 17 passes décisives. Au sein d’un collectif à la peine, les automatismes n’auront malheureusement jamais sauté aux yeux, malgré une fin de saison satisfaisante. Un réveil tardif pour le buteur, loin des libertés axiales dont il jouissait aux côtés d’El Cholo. Sous les ordres de Koeman, le champion du monde a en effet été trimbalé entre deux couloirs, le plus souvent à gauche, dans un 4-2-3-1 (ou le récent 3-5-2) peu propice à son épanouissement. Du positionnement sur le terrain à de supposés différends avec Lionel Messi, nombreuses auront été les interrogations liées à cette adaptation inachevée. La réalité présageait néanmoins de cette inéluctable défection. Pas aidés par un rendement décevant, les émoluments de Griezmann sont rapidement devenus un poids au sein d’un club à la gestion désastreuse, au bord du gouffre financier.
Ses 33,8 millions annuels pèsent en effet lourd dans une balance culminant à près d’un milliard d’euros de dettes. Une condition sine qua non aux exigences pécuniaires de Lionel Messi (qui a tout de même accepté une baisse de salaire étalée sur quatre ans) dont la prolongation est devenue l’enjeu majeur et assez inexplicable de l’institution. Au milieu des desiderata de La Pulga, le mercato s’est doucement mué en dommage collatéral. En effet, quatre recrues ont déjà déposé leurs bagages au centre Joan Gamper. Les signatures de Kun Agüero et de Memphis Depay, ajoutées à celles d’Emerson et Eric García, d’abord invalidées par la LFP, posent aujourd’hui une énième contrainte salariale. Devant cette concurrence sportive et économique, le mandat d’Antoine Griezmann au FC Barcelone semble donc plus précaire que jamais. Des conjonctures diverses, auxquelles s’est dernièrement greffée la pression du sponsor principal du Barça, Rakuten, en réponse à la piteuse vidéo impliquant l’attaquant et son compatriote Ousmane Dembélé.
Partir, oui ! Mais pour jouer où ?
Ce retour envisagé d’Antoine Griezmann, au sein d’une écurie qui l’a vu devenir ce joueur de classe mondiale, porte en lui une symbolique attachante. Loin d’être une régression. Dans la pratique, le puzzle s’annonce cependant compliqué. La saison dernière, l’Atlético s’est effectivement montré intraitable en Liga, comptant sur un collectif stable et une attaque fiable. Il semble alors improbable de voir le Mâconnais revenir avec un statut de titulaire en puissance car les places sont chères. Sur le front offensif, Suárez et ses 21 buts sont d’ores et déjà hors concours. Une situation partagée avec l’une des belles surprises de cette campagne sacrée : Ángel Correa. D’ordinaire utilisé en sortie de banc, l’Argentin s’est mué en une pièce maîtresse du système Simeone, ne manquant aucune des 48 rencontres disputées par les Matelassiers.
Enfin, l’ultime épine à laquelle devra faire face Griezmann dans ce curieux dossier, se nomme João Félix. Débarqué à Madrid contre la modique somme de 126 millions d’euros, palliant justement le départ du numéro 7 français, l’ancien du Benfica n’a jamais vraiment convaincu. Intermittent d’un spectacle dont il a souvent été la doublure, le Portugais de 21 ans tarde à exploiter ce talent qui ne demande qu’à exploser. Difficile cependant d’imaginer le président Enrique Cerezo renoncer au plus gros investissement de l’histoire rojiblanca et faire place à son ancien poulain désormais trentenaire. Quoi qu’il en soit, l’avenir d’Antoine Griezmann se joue à l’orée d’une saison primordiale. Le programme s’annonce chargé pour celui qu’un retour aux sources madrilènes pourrait sortir d’une longue et pénible léthargie. En attendant donc la MLS.
Par Adel Bentaha
Propos de Diego Simeone et Ronald Koeman tirés de conférences de presse.