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Giovani Lo Celso, soldat d’Unai Emery
Comparé à Juan Román Riquelme depuis son arrivée à Villarreal cet hiver, Giovani Lo Celso est devenu immédiatement une pièce maîtresse du Sous-Marin jaune en Liga. Protégé d’Unai Emery, l’Argentin permet à l’équipe de retrouver son équilibre et les places européennes, en acceptant de se faire promener à tous les postes possibles. Lui, le numéro 10 nostalgique formé à Rosario Central.
Sorti samedi sous les acclamations de l’Estadio de la Ceramica après sa performance contre le Celta de Vigo, Giovani Lo Celso a été très rapidement adopté par son public. Arrivé sur le gong au dernier jour du mercato en provenance de Tottenham, le milieu de terrain argentin a apporté ce plus qui manquait à Villarreal pour remonter au classement (désormais septième et à six points de la C1). « J’arrive dans une équipe avec une bonne idée du jeu, des joueurs de qualité et un football attrayant qui fait que les gens croient au projet, et c’est pour cela que je suis là, avait lancé le principal intéressé lors de sa présentation au sein du club. J’ai pu rencontrer mes nouveaux coéquipiers, nous savons que nous avons de grandes responsabilités, mais nous allons les assumer pour finir le plus haut possible. »
Unai, comme les doigts de la main
Comme un symbole, c’est dans le stade Benito-Villamarín, où il avait brillé avec le Betis lors de la saison 2018-2019, qu’il avait fait son grand retour en Espagne. Une première réussie sous le maillot jaune, puisque cinq minutes après son entrée, il permettait à sa nouvelle équipe de faire le break face à l’ancienne, alors deuxième de Liga. La suite ? Tout juste revenu de la sélection argentine, d’où il promet à Juan Foyth et Geronimo Rulli de ramener du maté, il s’installe comme titulaire dès son deuxième match au club contre… le Real Madrid (0-0). Depuis, il n’a plus quitté le onze de départ, et Villarreal n’a perdu qu’un seul de ses sept matchs avec lui. Une place de choix qu’il doit à un homme : Unai Emery. Six ans après l’avoir arraché à l’anonymat et Rosario Central pour découvrir l’Europe et Paris (contre un chèque de 10 millions d’euros), le tacticien basque a de nouveau fait jouer ses liens pour le convaincre de squatter la côte espagnole. « Je connaissais déjà l’entraîneur de mon passage au PSG, raconte-t-il un mois après dans une interview pour Marca. Je sais comment il travaille, ce qu’il peut demander à un joueur et ce qu’il peut lui faire faire. » Et visiblement, Giovani applique plutôt bien les préceptes d’Unai.
Alors que de très nombreux clubs étaient en concurrence pour accueillir l’Argentin en prêt cet hiver, Giovani Lo Celso a fait le choix d’Unai Emery. Le jeune de 25 ans en manque de temps de jeu à Tottenham aurait d’ailleurs pu aller au Celta de Vigo, où il aurait retrouvé Eduardo Coudet, entraîneur qui l’a lancé dans le monde professionnel à Rosario. Mais le cœur, et les efforts financiers de Villarreal, l’ont fait penché en faveur du Basque, comme il l’a lui-même confirmé lors de sa présentation. « J’ai eu une conversation avec Unai Emery, car je le connaissais déjà depuis mon séjour à Paris et je savais déjà comment il travaillait et ce qu’il pouvait m’apporter », se ravit celui qui n’avait joué que neuf bouts de match dans le nord de Londres en début de saison.
Tous deux partagent cet échec : celui d’un passage raté en Angleterre. Ils partagent aussi leur réussite sévillane, au Séville FC pour coach Emery, au Betis pour celui qu’il surnomme « Gio » . Et ils connaissent bien Serge Aurier, ancien joueur du PSG qu’Emery a ramené au club cette saison alors qu’il était libre de tout contrat. « Je connais bien Gio du PSG, au Betis et à Tottenham, il a fait de grandes choses et il a beaucoup grandi, racontait tout sourire Emery après les débuts de son protégé. L’option s’est présentée à la fin du marché, et c’est une option qui nous convenait très bien. Il peut jouer à plusieurs postes, et c’est très bien pour nous. »
« Malheureusement, le rôle du numéro 10 a été perdu »
Plus que pour l’affectif, c’est surtout pour ses qualités de footballeur qu’Unai Emery est venu le chercher à nouveau. Formé comme numéro 10 en Argentine, avec un style proche de Riquelme qui lui vaut encore les comparaisons des supporters groguets cette saison, Giovani Lo Celso est le genre de footballeur polyvalent, humble serviteur prêt à dépanner partout. « Maintenant, je joue dans le dernier tiers, j’essaie de faire la dernière passe, d’être proche de Danjuma, explique-t-il pour Marca. S’il y a une chose que j’ai appris au fil des années en Europe, c’est de m’adapter aux idées des entraîneurs et à ce qu’ils me demandent. (…) Je sais que dans chaque position où je joue, je vais continuer à apprendre des choses, des ressources, je m’adapte. »
Cette abnégation lui vaut évidemment les louanges d’Unai Emery, qui en avait fait un numéro 6 par défaut au PSG et qui le place aujourd’hui comme deuxième attaquant d’un 4-4-2 en compagnie d’Arnaut Danjuma. Une place qui semble davantage convenir à l’international argentin que celle qui lui était réservée dans le double pivot des Spurs. Très important dans le jeu entre les lignes adverses, Lo Celso enchaîne les courses, les appels et les récupérations pour permettre à son coéquipier offensif de ne se focaliser que sur le but adverse. Un rôle ingrat, mais que « Gio » remplit à merveille grâce à sa détermination et son intelligence de jeu. Pourtant, l’autre natif de Rosario regrette de ne pas être né quelques années plus tôt et d’être contraint à l’exil entre pas moins de sept postes différents. « Malheureusement, le rôle du numéro 10 a été perdu, car le football européen s’est adapté à d’autres positions, se lamente le couteau suisse. Le 10 est plus un meneur de jeu, celui qui fait la dernière passe ou celui qui fait jouer l’équipe, mais il ne marque plus autant qu’avant et ne semble plus avoir autant d’importance. Benzema avait dit dans une interview que lorsqu’il n’amenait pas beaucoup de buts, il était critiqué. Et il disait que malheureusement le football d’aujourd’hui se noie dans les statistiques. » Par la force des choses, KB9 a fini par muter vers un football beaucoup plus prolifique. Lo Celso ferait bien d’en prendre exemple et d’inscrire un triplé, lui aussi, pour éliminer la Juventus ce mercredi.
Par Anna Carreau