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Giorgio Moroder : « Ma petite démo est devenue un hymne de Coupe du monde »

Propos recueillis par Anthony Mansuy
7 minutes
Giorgio Moroder : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Ma petite démo est devenue un hymne de Coupe du monde<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Côté musique, Giorgio Moroder a tout connu, de l’invention de la disco pour sa muse Donna Summer aux compositions des bandes originales de blockbusters comme Top Gun, Scarface ou Midnight Express. Mais l'un de ses plus gros coups remonte à la Coupe du monde 1990, dont il avait composé l’hymne. Et pour lequel tout s’était joué dans un jet privé, en compagnie de la femme du président de la fédé italienne.

Vous avez grandi dans les Dolomites, au nord de l’Italie, avec des parents d’origine allemande. Du coup, vous marchez plutôt pour l’Italie ou pour l’Allemagne ?L’Italie, bien sûr. Je me souviens de la finale de la Coupe du monde 1982 (remportée 3-1 par l’Italie, N.D.L.R.). Je l’ai regardée dans ma maison, en Italie. Une première mi-temps sans but. J’étais stressé, comme un fou. Après le premier but de Paolo Rossi (à la 57e), j’ai décidé de sortir de chez moi. C’était trop stressant. Le problème, c’est que je vivais dans un tout petit village, et que soudainement, j’ai entendu des cris sortir de toutes les maisons voisines. Du coup, je suis retourné chez moi en courant pour savoir ce qu’il s’était passé : « On a marqué ? » L’Italie avait marqué. Alors je suis ressorti en courant pour m’éloigner de tout ce stress. Et là, encore des cris. Rebelote : je cours à l’intérieur… et encore un but. L’Italie menait 3-0, la partie était gagnée. C’était un super match, mais je n’en ai vu que la moitié.

J’aime le beau jeu. C’est pour ça que le foot anglais ne m’a jamais intéressé.

Quelles étaient vos idoles ?Je ne m’intéressais qu’au football italien. Je ne saurais pas vous dire ce qui se passait en Espagne ou en Angleterre. Et surtout pas en France… Vous n’étiez quand même pas terribles à l’époque. (Rires.) Chez mes parents, on a eu la télévision quand j’avais une quinzaine d’années, au milieu des années 1950. Je me souviens surtout de Giovanni Rivera, Sandro Mazzola. À vrai dire, c’est surtout quand je me suis posé à Berlin puis à Munich dans les années 1970, et que je suis devenu producteur, que ma passion pour le foot a grandi. L’époque de Müller et Beckenbauer. Il y avait aussi cet Argentin complètement fou, qui se prenait des cartons jaunes sans arrêt. Comment il s’appelait déjà ? Il avait toujours les chaussettes baissées… ah voilà, je l’ai: Omar Sivori !

Votre truc, c’est les footballeurs un peu fous ? Pas forcément, j’adorais Beckenbauer aussi. Un homme typiquement allemand, très sérieux. J’aimais déjà le beau jeu, c’est pour ça d’ailleurs que le foot anglais ne m’a jamais intéressé.

Ça fait plus de trente-cinq ans que vous vivez aux États-Unis, ça ne vous a pas trop éloigné du foot ?Plus jeune, ça m’intéressait davantage. À Los Angeles, c’est plus compliqué de suivre tout ça. Mais quand je vivais à Munich ou en Italie, c’était une passion, oui. Ici, les clubs ne sont pas passionnants. Cela dit, il m’arrive de regarder les matchs des Los Angeles Galaxy. J’aimais bien l’époque où Beckham était au club.

Un autre que vous aimez, c’est Pirlo…Il est très calme, il se tient droit, il a une très bonne vue d’ensemble du terrain et de ses coéquipiers. Ce n’est pas lui qui marque les buts, qui brille le plus, mais il n’avait pas son égal pour faire briller les autres.

Ça ressemble un peu à une description du Giorgio Moroder des années 1970, ça, non ?Pas faux. À la différence que Pirlo s’est marié jeune et qu’il est fidèle. (Rires.)

Justement, un homme de plaisir comme Giorgio Moroder, ça joue à quel poste ?J’étais très bon dans les cages, parce qu’on ne va pas se mentir : j’ai toujours été paresseux. Puis je suis devenu musicien, j’ai commencé à enchaîner les tournées. Quand tu voyages, tu n’as pas trop le temps de suivre les sports.

Les hymnes pour compétitions sportives sont vraiment faciles à faire. Ça repose toujours sur les mêmes ficelles, il y a une formule prédéfinie.

Le seul lien entre le football et votre travail, c’est la fois où vous avez composé l’hymne de la Coupe du monde 1990, qui a eu lieu en Italie. Comment avez-vous décroché le job ?Si vous me le permettez, je dirais que j’ai été très malin sur ce coup-là. Un an et demi avant le début de la compétition, je me suis dit : « Giorgio, si tu veux devenir le compositeur officiel, il faut que tu t’y mettes dès aujourd’hui. » Alors j’ai appelé une bonne amie à moi, Caterina Caselli. Elle travaillait dans l’industrie de la musique. Je lui ai dit : « Caterina, ça t’intéresse si j’écris une chanson pour la Coupe du monde ? » Elle trouvait l’idée fantastique et a proposé de m’aider. Je me suis mis au boulot, j’ai enregistré une démo, puis je l’ai confiée à Caterina. Et comme en Italie, le monde est toujours plus petit qu’ailleurs, il se trouve que Caterina était bonne amie avec le président de la fédération italienne de foot. Un homme très riche, qui possédait son propre avion privé. Un jour, alors que Caterina était dans l’avion en question avec lui et son épouse, elle a fait écouter la démo à l’épouse. Elle savait que pour convaincre un homme italien, il faut d’abord se mettre sa femme dans la poche. Apparemment, elle a adoré le morceau. Elle a dit à son mari : « Il faut que tu écoutes ça, c’est génial, il faut qu’on l’utilise pour la Coupe du monde ! » Il l’a lui-même écoutée, l’a fait passer à d’autres gens de la fédération, et ma petite démo est devenue un hymne de Coupe du monde. Pas d’appel d’offres, pas de mise en concurrence, rien.

En plus de cette Coupe du monde 1990, vous avez bossé sur les bandes originales de films à succès comme Top Gun ou Scarface et composé les hymnes de trois Jeux olympiques, en 1984, 1988 et 2008. En quoi le travail sur des hymnes de compétitions sportives est-il différent de la composition d’autres titres ?
Il faut donner à ces morceaux un côté très solennel, de gros refrains, un aspect fédérateur. Quelque chose de très grand. Pour les JO de Los Angeles, j’ai simplement repris une chanson à moi qui s’appelle « Reach Out » (il se met à chanter un air menaçant, puis un gros refrain). Un paquet de chansons commencent comme ça, et ce côté très intense fonctionne toujours sur les foules. Pour les Jeux olympiques de Séoul, c’est venu tout seul. J’étais au restaurant, et d’un coup, la suite d’accords est entrée dans mon esprit. J’ai attrapé un morceau de papier et j’ai mis tout ça par écrit pour ne pas l’oublier. J’ai enregistré une démo chez moi, et le Comité international olympique m’a demandé de lui faire écouter. Ce que j’ai fait, c’est que j’ai récupéré des vidéos des jeux asiatiques qui avaient eu lieu l’année précédente. J’ai fait un petit montage de ces images sur lequel j’ai collé la chanson, et c’est comme ça que je leur ai présenté le travail. Autant dire qu’ils étaient conquis. Et pour les JO de Pékin, le leitmotiv, c’était « forever friends »… En général, faire une chanson pour les Jeux olympiques, ça ne prend que quelques semaines. Pour un film, ça prend un temps fou, c’est plus complexe, en volume et en nuances. Entre nous, c’est vraiment facile à faire, ces trucs-là. Ça repose toujours sur les mêmes ficelles, il y a une formule prédéfinie.

Vous avez rencontré Pelé lors du tirage au sort de la Coupe du monde 1990. Vous avez pu lui parler ?On a discuté après le tirage au sort, mais impossible de me souvenir ce qui s’est dit. Ce qui est drôle en revanche, c’est que pour le tirage au sort, on m’a demandé de tirer une boule. J’ai donc sorti la boule du grand vase, Pelé était debout sur la scène, à quelques mètres de moi. Je l’ai regardé, puis je la lui ai lancée. Il me l’a renvoyée de volée avec la tête… Tout ça en direct à la télévision. C’était un peu mon moment de gloire.

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