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Francesco Caputo (Sassuolo), nouveau vieux buteur d’Italie
Buteur dès sa première cape avec l'Italie qu'il découvre à 33 ans, Francesco Caputo apprécie cette nouvelle aventure, mais a pris une certaine distance sur la trajectoire de sa carrière. Avec, notamment, le regret de ne pas avoir connu le plus haut niveau plus tôt. Pourtant, l'histoire est belle.
Il est de ceux qui s’adaptent à chaque situation. Dans un club donné, dans un vestiaire, devant les cages, partout. Par ses célébrations, par exemple. Lorsque tout va bien et qu’il plante, celui qui a créé sa propre bière à Altamura (dans les Pouilles) avec deux associés aime à rappeler son goût pour le houblon en mimant le geste d’engloutissement d’une pinte. Quand les conditions se font plus tristes, avec un coronavirus qui fait trembler tout son pays, Francesco Caputo célèbre en revanche son but en délivrant un message de soutien. « Tout ira bien, #Restez à la maison », était-il écrit sur sa feuille brandie aux caméras le 9 mars 2020 contre Brescia, avant le confinement.
Sassuolo striker @CiccioCaputo scores and holds up a sign that reads ‘Stay safe at home, everything will be fine’ ?❤️ pic.twitter.com/i1L3hy8Tzr
— 433 (@433) March 9, 2020
Alors, pour fêter sa première sélection avec l’Italie, l’attaquant a encore une fois décidé de faire les choses bien. Devant la Moldavie, l’avant-centre titularisé d’entrée a donc remercié Roberto Mancini en signant le break à la 23e minute. En toute simplicité : belle ouverture de Cristiano Biraghi, contrôle du droit vers l’avant et frappe de près du même pied pour remporter son face-à-face contre Alexei Coșelev. La Nazionale l’emporte finalement 6-0, aussi facilement que Rafael Nadal devant Novak Djokovic, et son nouveau renfort vient de parfaitement s’intégrer. Mais…
Content, mais frustré, ou frustré, mais content ?
Mais voilà : au sortir de ce baptême, Caputo a du mal à apprécier comme il se doit ses débuts avec sa nation. « Commencer comme ça, avec une réalisation d’entrée et après un si long voyage, me procure beaucoup de joie. Je suis très content de ce que j’ai réussi, et j’espère continuer sur ce chemin », kiffe-t-il, face à la presse. Avant d’émettre une certaine forme de regret, lui qui a déjà atteint les 33 balais : « Peut-être que je n’ai pas tiré le meilleur de moi-même durant toutes ces années, et peut-être que je suis resté trop longtemps à Bari. Je suis un grand fan de Bari, mais j’ai beaucoup progressé depuis que j’en suis parti. »
Des expériences courtes (Toritto, Altamura, AS Noicattaro) pour découvrir le football, une fidélité à Bari de 2008 à 2015 (entrecoupée de deux prêts à Salernitana et Sienne, quand même) pour apprendre à dompter la Serie B (sans compter un mini-passage en Serie A), un décollage au Virtus Entella pour confirmer son statut confirmé en deuxième division durant deux ans (80 matchs, 35 caramels), un rebond à Empoli pour s’offrir le championnat en passant à l’échelon supérieur (79 parties, 42 goals), et un transfert de 7,5 millions d’euros à Sassuolo pour mettre tout le monde d’accord dans l’élite à 32 berges (21 bonbons, quatrième total le plus sucré de la Botte derrière Romelu Lukaku, Cristiano Ronaldo et Ciro Immobile) : tel est le curriculum vitæ, plutôt linéaire, mais un poil lent, du garçon. Qui, effectivement, aurait peut-être pu percer en Serie A avant la trentaine.
La rigueur italienne, l’opportunité Empoli
Reste que tout n’est pas toujours aussi facile que ce que l’on peut imaginer. Surtout que s’il représentait un élément affirmé de Serie B, Caputo n’a pas immédiatement été monstrueux. « Il savait marquer des buts, mais il n’était pas au-dessus du lot. Tu voyais qu’il était intelligent, qu’il travaillait pour l’équipe. De là à deviner qu’il intègre un jour la sélection, non, se souvient Gaël Genevier, milieu d’AlbinoLeffe (Serie C) qui l’a fréquenté à Sienne. Il était arrivé pour remplacer Immobile qui venait de partir, Antonio Conte l’avait déjà eu sous ses ordres et l’avait réclamé. »
Pour son ancien partenaire, le meilleur strikerde Serie B cru 2017-2018 a en fait eu un peu de chance dans sa trajectoire : « Son parcours est celui d’un très bon joueur de Serie B, qui a eu l’opportunité de monter en Serie A avec Empoli. Il a donc pu découvrir la première division, chose qu’il aurait difficilement pu faire autrement, car je ne pense pas qu’un club de Serie A serait venu le chercher. » Avis partagé par Pedro Kamata, lui aussi ex-coéquipier à Sienne et à Bari : « En Italie, on cherche l’expérience ! On ne tente pas des paris comme ça, on préfère prendre des valeurs sûres qui colleront quoi qu’il arrive leur dizaine ou quinzaine de buts plutôt que des jeunes sans réelle carte de visite. »
Chemin incontournable pour arriver au sommet
Finalement, passer autant de temps dans les limbes de la Botte aurait au contraire été hyper bénéfique à Caputo. Soumis à une exigence extrême et un contexte où les opportunités demeurent rares pour les jeunes, le Francesco d’avant s’est forgé un QI footballistique au fur et à mesure du temps tout en améliorant encore ses qualités naturelles. « Par exemple, il était barré par Paulo Vitor Barreto à Bari. Il était là pour apprendre, donc, remet Kamata. Et puis, quand tu as Conte sur le banc, tu te la fermes et tu pédales ! Ce n’est pas le coach qui sort de je ne sais où, alors tu respectes, quoi. »
Selon Genevier, ce long apprentissage a ensuite permis au monsieur de cocher toutes les cases pour se frotter au plus haut niveau : « Lorsqu’il évoluait en Serie B, il n’était pas encore aussi mature et n’était sûrement pas encore prêt pour le top du top. À l’époque, un Thiago Silva milanais l’aurait dévoré parce qu’il n’était pas mûr pour affronter des mecs comme ça. Mentalement comme physiquement, ce n’était pas le même joueur. Pour briller, il avait sans doute besoin de toutes ces années dans l’ombre. » Quant à savoir si sa suspension d’un an pour l’affaire du Calciopoli l’a fait grandir, c’est une autre histoire…
Par Florian Cadu
Propos de GG et de PK recueillis par FC