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Où l'on discute littérature, bouquins géniaux, cire qui se gondole et pages qui se détachent.

FrenchiesRuud a écrit

Je ne pense pas le lire mais ceci m’intéresse: la nécessité de " faire exploser les continuités historiques "

Il entend quoi par cela?

Elle.

C'est une lecture qu'elle emprunte à Walter Benjamin, dans ses "Leçons sur le concept d'histoire" si je me souviens correctement. L'idée étant que les romans républicain et marxiste ont écrit une sorte de trame téléologique conduisant, pour l'un, à la République, pour l'autre, à la Révolution sociale. Tout ce qui se passe avant n'est que soubresaut et moment (raté) sur le chemin inexorable. C'est la continuité. Donc, toutes les expériences qui échouèrent, tous les acteurs qui tentèrent, sont passés sous le boisseau de l'histoire.

En introduisant de la discontinuité, on leur redonne de l'épaisseur. En délaissant les vieilles lunes et les historiographies dominantes, en les remettant dans leur contexte contemporain, on réactive ces idées, ces penseurs, ces actions oubliés.

Mais surtout, chez Michèle Riot-Sarcey, il y a du style ! Ça se lit drôlement bien, même si on ne comprend pas tout ou si on n'est pas d'accord avec tout. A cet égard, ça me rappelle un Mbembe que j'aime beaucoup plus pour le style que pour les idées. De manière générale, de toute façon, je lis avant tout pour le style.

bobbyschanno a écrit

De manière générale, de toute façon, je lis avant tout pour le style.

"Chacun se bat pour ce qui lui manque"

Un plaisancier.

Polstergeist a écrit

"Chacun se bat pour ce qui lui manque"

Un plaisancier.

Bien envoyé, Surcouf !

bobbyschanno a écrit

Bien envoyé, Surcouf !

Tiens, c'est pas toi qui parlait de Yoshimoto Nara, il y a peu ?! Y a une expo à l'Albertina.

Polstergeist a écrit

Tiens, c'est pas toi qui parlait de Yoshimoto Nara, il y a peu ?! Y a une expo à l'Albertina.

Non.

En plus, pas trop mon style.

(Je pourrais donner des remerciements, mais rien que de suivre la prescription est une démonstration suffisante, non?)

Bonobossis a écrit

(Je pourrais donner des remerciements, mais rien que de suivre la prescription est une démonstration suffisante, non?)

Oui.

(Acquiescer en peu de mots, l'intelligence de savoir ce qui va plaire... T'es la meuf idéale en fait!)

(Concomitance improbable, je me lance de la lecture des écrits de Michèle et qu'est-ce que j'y trouve en introduction?

«Penser l’histoire autrement

L’histoire s’est toujours écrite au présent, avec les outils et les interrogations du moment. Si la mondialisation a permis de renouveler les objets d’études, si l’émergence de consciences critiques est parvenue à retrouver les fragments de vie oubliés des catégories « subalternes », la relation du passé a gardé sa forme canonique dans laquelle les sujets de l’histoire sont la prérogative de ceux qui l’interprètent et l’écrivent à chaque étape de sa fabrique. En d’autres termes, hors des recherches parcellaires dont ils ont été l’objet, les esclaves, les colonisés, les femmes, les travailleurs n’ont jamais pu accéder au statut de sujets de l’histoire qui se pense et se déploie depuis le siècle des Lumières, au temps où le devenir de la liberté semblait irréversible.»

Je tournais autours de ça pas plus tard qu'hier sur le topique série...

Comment réagir? Un procès? De rage, je brûle le livre (que j'ai pas encore acheté?)

En plus elle ose dans son introduction un «dans l’écriture de l’histoire qui fait sens»...

Qui fait sens? J'ai failli m'arrêter sur ça.

Bref, je continue quand même...

Bonobossis a écrit

(Concomitance improbable, je me lance de la lecture des écrits de Michèle et qu'est-ce que j'y trouve en introduction?

«Penser l’histoire autrement

L’histoire s’est toujours écrite au présent, avec les outils et les interrogations du moment. Si la mondialisation a permis de renouveler les objets d’études, si l’émergence de consciences critiques est parvenue à retrouver les fragments de vie oubliés des catégories « subalternes », la relation du passé a gardé sa forme canonique dans laquelle les sujets de l’histoire sont la prérogative de ceux qui l’interprètent et l’écrivent à chaque étape de sa fabrique. En d’autres termes, hors des recherches parcellaires dont ils ont été l’objet, les esclaves, les colonisés, les femmes, les travailleurs n’ont jamais pu accéder au statut de sujets de l’histoire qui se pense et se déploie depuis le siècle des Lumières, au temps où le devenir de la liberté semblait irréversible.»

Je tournais autours de ça pas plus tard qu'hier sur le topique série...

Comment réagir? Un procès? De rage, je brûle le livre (que j'ai pas encore acheté?)

En plus elle ose dans son introduction un «dans l’écriture de l’histoire qui fait sens»...

Qui fait sens? J'ai failli m'arrêter sur ça.

Bref, je continue quand même...

J'ai pas compris où était le problème. C'est parce qu'elle fait référence aux subaltern studies ? C'est parce qu'elle inclut les travailleurs dans un ensemble de populations qui auraient été exclues du récit historique traditionnel ? Ou, à tout le moins, qu'elles ne l'écrivirent pas et qu'elles en furent tenues dans les marges, comme spectatrices ?

Dis que je suis pas compréhensib' aussi, vas-y, y'a un club des esprits obtus ici en plus!

Michèle, elle dit clairement ce autour de quoi je tournais sur un autre sujet.

C'est mieux ?

(Qu'est-ce qu'il faut pas faire !

Du dernier auquel j'aurais pensé pour ça en plus...)

(Puis elle use du "qui fait sens" et ça, c'est pas permis, je suis prof et je vois ça sur une copie, je la fais bouffer à son auteur !

Puis elle recommence plus loin en plus!

C'est de la provocation.)

Bonobossis a écrit

Dis que je suis pas compréhensib' aussi, vas-y, y'a un club des esprits obtus ici en plus!

Michèle, elle dit clairement ce autour de quoi je tournais sur un autre sujet.

C'est mieux ?

(Qu'est-ce qu'il faut pas faire !

Du dernier auquel j'aurais pensé pour ça en plus...)

(Puis elle use du "qui fait sens" et ça, c'est pas permis, je suis prof et je vois ça sur une copie, je la fais bouffer à son auteur !

Puis elle recommence plus loin en plus!

C'est de la provocation.)

J'avais compris. Mais en quoi ce qu'elle écrit te révolte donc tant ? Hormis de ridicules préciosités de langage.

Il est pas toujours facile à comprendre le bonobo. Huhu Ça le révolte pas il plaisante. Ca l’embête juste qu’elle dise ce qu’il pense mais d’une meilleure manière. Elle est bonne ma traduction ? :)

( je suis moi aussi encore entrain de déchiffrer le sens de certains de ses vieux messages Huhu.)

Ma première traduction du bonobo est meilleure. Bonne nuit

bobbyschanno a écrit

Et, de fait, il va falloir que j'achète la suite : https://www.editionsladecouverte.fr/l_em…travee-9782348037696

Je suis justement tombé sur une interview de Riot-Sarcey publiée pas plus tard qu'hier dans Alternatives Economiques pour évoquer notamment la sortie de son nouveau livre. Pour ceux que les bouquins conseillés par @Bobbyschanno pourraient intéresser, je vous mets un petit extrait de l'interview pour finir de vous convaincre :

"Quel est le projet de ce nouveau livre, dans lequel vous, qui êtes historienne du XIXe siècle, vous aventurez dans le XXe siècle ?

Michèle Riot-Sarcey : La tradition historiographique regarde une période antérieure dont elle connait l’issue. L’histoire écrite nous informe ainsi sur les événements survenus au XXe siècle : des catastrophes aux changements des régimes ; avec le renouvellement des recherches, nous n’ignorons plus grand chose des bouleversements engendrés par les deux guerres mondiales.

Pour ma part, je propose une histoire à rebours, à la manière de Walter Benjamin. Je regarde le XXe siècle du XIXe siècle. Qu’est devenue la liberté ? Que sont devenus les espoirs des révolutions de 1830 et 1848 qui ont embrasé l’Europe ? Ces insurrections inabouties sont restées inachevées.

Or, si nous acceptons ce regard singulier, nous prenons conscience que l’espérance des dépossédés resurgit en partie au début du XXe siècle, mais demeure invisible sur le long au XXe siècle, après avoir été confisquée, maitrisée, contrôlée, enserrée dans des discours idéologiques figés des organisations partisanes au temps de l’institutionnalisation des oppositions politiques et syndicales.

Qu’est-ce que cette démarche placée sous le signe de Walter Benjamin vous permet de saisir ?

M. R.-S. : Je travaille avec la pensée de Walter Benjamin depuis Le Réel de l’utopie . Benjamin met en cause la vision continue de l’histoire advenue, fondée sur une interprétation et une reconstruction de l’ordre défait entre présent et passé.

Quand Benjamin recommande de faire exploser les continuités, c’est pour mieux retrouver « le cristal de l’événement total » de ces mouvements en faveur de la liberté et de l’émancipation qui furent empêchés d’advenir. Elles sont là pourtant dans le souterrain des mémoires.

Sa pensée me semble extrêmement importante si nous voulons bien comprendre ce qui se passe au présent des conflits lorsqu’un événement advient, sous forme d’insurrection ; les espoirs renaissent puis s’éteignent face à la répression. Immédiatement, les interprétations des dominants l’emportent dans une reliaison réordonnée entre passé et présent.

Travailler à rebrousse-poil, selon l’expression de Benjamin, c’est faire advenir dans le présent, des mouvements occultés du passé qui subsistent dans l’ombre des mémoires des individus, attendant le moment opportun pour resurgir, dans l’esprit d’autres acteurs, à l’occasion d’une déstabilisation de l’ordre existant.

Ainsi est-il possible de saisir le sens réel des mots « démocratie » et « liberté » parfaitement définis dès le XIXe, dans le concret des luttes, au sein de collectifs auto-organisés lesquels, en se défendant, se projetaient dans l’avenir tout en rejetant les formes de dominations contre lesquelles ils luttaient."

Bonobossis a écrit

(Je valide les deux.)

Ah... T'es pas fâché, alors ?

bobbyschanno a écrit

Ah... T'es pas fâché, alors ?

Bah non...

T'en as douté?

(Sur l'autre sujet ouvert au PMU et en allant un peu plus loin que le troll, les six antithèses sont, je crois, un geste essentiels dans la compréhension du personnage historique, le reste est un ensemble d'interprétations hors temporalité -j'ai d'abord écrit «interprétentions», je viens de créer un néologisme génial et tout à fait approprié!)

Bonobossis a écrit

Bah non...

T'en as douté?

(Sur l'autre sujet ouvert au PMU et en allant un peu plus loin que le troll, les six antithèses sont, je crois, un geste essentiels dans la compréhension du personnage historique, le reste est un ensemble d'interprétations hors temporalité -j'ai d'abord écrit «interprétentions», je viens de créer un néologisme génial et tout à fait approprié!)

Vouloir chercher la pensée de Jésus dans le Nouveau Testament , c'est comme chercher celle de Socrate chez Platon...

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